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Autoportrait contemporain d'une Cendrillon au rancart

Posté par chevalier dupin, 30 octobre 2008 · 537 visite(s)

mes contes à se réveiller couché
Hier, j'avertissais de par les rues combien j'étais fière.
Aujourd'hui seule en mon abri sans lumière, je conte,
Moi l'ex-vamp sculpturale, combien de mon abandon, j'ai honte.
Ici, par la grâce des fluides que l'on m'injecte épisodiquement, je me déroute ;
Là, je me confesse à plat ; en retour de manivelle, je me dégoûte.
Mon destin m'a garée en épi du bon sens ;
La fatalité m'a égarée en dépit de ma réserve nécessaire ;
En dépit de la richesse, en dépit de ma bonne essence.
Esclave de mes transports, sans broncher toujours,
J'ai déroulé le tapis du temps, ses lignes blanches sous mes noires lignes.
Si autrefois aux brusques sollicitations, je démarrais au quart de tour,
Jamais ce ne fut d'humeur maligne.
J'ai été poliment fille de contact ;
Je suis femme à présent, sans le moindre tact.

Désespérement, je voudrais ouvrir ma cage pour de nouveau, à l'inconnu me dévoiler.
Je lui exposerais mon tableau d'abord : mon étoile d'intérieur :
Synthétique expression du Dieu artisan d'un jour ;
Ma peau, mon cuir si j'ose dire, ne trompe ou n'a trompé
Personne, pas plus que ne trompe le carré de mes poignées d'amour.
Clinquant sac d'os selon mes pires adorateurs,
C'est une autre esquisse à la brosse,
Que je dois peindre de ma citrouille, de mon carrosse.
Les humoristes clament que comme l'autruche je me singularise ;
Autruche qui porte la figure d'une Cléopâtre enrhumée !
Je suis oiselle championne à la course sans pouvoir voler,
Et ai un joli nez mais, de l'énormité sous l'emprise !
Personnellement, je revendique cette nasale proéminence,
Comme l'héritage de bourbonne éminence.

D'autres hurlent que je vis de cyranostensible obole.
Ils rient sous cape de ma péninsule,
Et affirment y avoir joué en couple comme dans un fauteuil à bascule.
Ils répètent encore que si mon principal appendice n'est en trompette,
L'on ne manque pas d'entendre ses pistons sous les flonflons de la fête !
D'aucuns véhiculent l'information que ma bouche est une gondole,
Que j'ai l'hilarité d'une baleine, que Fanon des ourses c'est moi ;
Que mon sourire, comme un coup de trique est sec ;
Que l'on n'a jamais fait mieux depuis les calandres grecques...
Cependant, j'ai gardé cette voix qui tantôt ronronne, tantôt feule ;
Voix que j'éprouvais à la puissance de mon coffre, telle une diva.
Ainsi, je faisais taire les quolibets, vils dénis de ma belle gueule ;
Mais parfois cela ne suffisait, alors je braquais les feux de mon regard.
Ma transparence intellectuelle, se promenait sur la foule en brouillard,
Qui sous son acuité s'échouait sur les brisants de ma vitesse.

Mon âme se pare d'une baie que le hasard balaye au gré da sa tristesse,
Tandis que le chaud soleil y reflète la joie de ses étincelles.
Mon crâne, à quelque chose de divin se balance ;
Et les cheveux du voyage resplendissent à son ciel.
Ma nuque est le tain sans glace de mon sixième sens.
Quant à mes oreilles qui de droite et de gauche pavillonnent,
Leur charme rétro renvoie la beauté qui papillonne.
Mimant les ouies des poissons avec l'eau, mes bras entrouverts ,
Laissent passagèrement entrer les chauffards courants d'air.
Mes jambes célères et racées, au galbe arrondi se font siffler au tournant.
Eprises d'action leur sport ne cesse qu'aux tambours, à leurs roulements.
Le reste de ma silhouette se gonfle de l'envie de la découverte ;
Les ailes prêtant leur nom à mes flancs d'opérette.

Ma seule tare : j'y viens sur le tard.
A l'instar du pétomane : j'ai des gaz, aussi des bouffées de chaleur.
On m'a donné un tuyau pour m'en débarrasser mais c'était un tuyau percé !
C'est là un grand malheur,
Car rien que pour ça, sur une voie de garage on m'a conduite, remisée !
Maintenant voilà : je n'ai pas de route de secours, la roue tourne et tranche comme la faux.
C'est sûr : au loto minéralogique de ma vie je viens de tirer le dernier numéro.
Je n'ai même plus de mobile pour tuer le temps.
Dire que je répondais au doux prénom de Simone au départ
Et à celui de Martine, (titine en sobriquet), à l'arrivée !
Je ne suis plus qu'une voiture anonyme et handicapée.
Pour me sauver, on me promet la fée hydrogène ou la fée électricité !
Pourquoi pas l'égarement d'une pompe et vair le carburant !
Qu'elles viennent donc ! Je leur donnerais un pourboire au charme princier !

En attendant, sous les nénuphars de ma nuit qui dure,
La fleur de Lotus que je fus, la mort endure !






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