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Les deux mulets : Echange de fardeau

Posté par chevalier dupin, 28 janvier 2009 · 483 visite(s)

mes suites impossibles de Jean de la Fontaine
De deux bêtes de somme,
Compagnons de chemin ;
L'un ployait humblement sous un faix de céréales,
Tandis que son pair, du royaume,
Transportait fièrement un trésor fiscal.
Faisant son effet, l'appât du gain,
Mena de vils assaillants à dépouiller,
L'ongulé richement chargé,
Lui ôtant la vie et des honneurs le goût.
Bien qu'inférieur, de sociale condition,
Son égal de nature, eût un destin plus doux,
Se félicitant du peu de risque de sa mission.
Toute médaille à son revers, ce fabliau : son verso.
Sous des auspices pervers ; de bât, deux pareils animaux,
Vont appréhender semblable commencement,
pour connaître enfin, sort fort différent !

Averti du complot, contre lui qui se trame,
Un mulet, souverainement porteur de fonds,
A son frère de voyage, propose suivante occasion :
Il donnera le dizième du contenu de ses sacoches,
Aux meilleurs et aux plus démunis de ses proches,
S'il consent, dusse-t-il en rendre l'âme,
A le protéger des attaques de toute engeance.
Sous le joug d'une impossible paternité,
Le factotum du meunier, saisit cette chance,
Comme s'agissant de divine miséricorde,
Pour embellir sa destinée.
D'une clairière, la tragédie fait office.
Il tombe sous les coups d'une méchante horde,
Son compère tirant salut, de son dévoué service.

La richesse n'évite quelques déboires,
Mais elle s'affranchit sûrement du désespoir
Qui, solidement s'attache à la pauvreté.
Celui qui n'a possession de rien,
De sa vie, fait son seul bien.
Son sacrifice en guise d'héritage,
Pousse au paroxysme, la générosité.
Qui d'autre n'ayant que sa monnaie,
A offrir en facile partage,
Est immanquablement débiteur d'autrui.
Dès lors, jusqu'au jugement dernier,
De cette maudite faiblesse, il doit souffrir !
Nous appartient-il cependant, de choisir
En modeste juge,
S'il nous faudra payer le même prix
Ou trouver digne subterfuge ?