Aller au contenu





Le Cheval et l'Âne : Et sans âne que faire

Posté par chevalier dupin, 28 janvier 2009 · 2 502 visite(s)

mes suites impossibles de Jean de la Fontaine



Méprisant la charge et l'Âne qui la portait,
Monsieur Cheval, craignant d'en être solidaire,
Laissa ployer son cousin aux longues oreilles,
Jusqu'à s'écrouler sans un espoir de réveil.
Lors, par dessus son dédain, dut-il endosser
Tout le poids de la mort et son bât de misère !

Ce tort équestre ayant eu sa notoriété,
Le meurtrier malgré lui s'en trouva gêné.
Bien qu'il ne cessât jamais de battre sa coulpe,
Au moindre pet de travers, l'on montrait sa croupe !
Le déshonneur s'obstinant à le harnacher,
Rien ni personne ne voulaient le chevaucher.
Il lui paru juste de s'en plaindre au Seigneur.
Rapportant chaque moquerie qu'il essuyait,
Implorait-il, las qui n'était sourd, créateur.
Fut-il sensible à ce grand galop de prières,
Ou le destin se piqua-t-il d'heureux hasard ?
Qu'importe donc, lorsqu'aujourd'hui, dieu combien fier,
De sa neuve condition, à son lent voyage,
Aux côtés de noire jument qui tout partage,
Calmé enfin, pur sang tire son corbillard !

Dame chance mise aux fers de quatre sabots
Peut bien chanter qu'en l'occurrence pour ce sot
Simple pénitence ne sera sot métier !