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Le Torrent et la Rivière : Conte de la même eau

Posté par chevalier dupin, 28 janvier 2009 · 623 visite(s)

mes suites impossibles de Jean de la Fontaine
Pour les gentilshommes marcheurs et parieurs,
Au nombre de deux, quittant la ville sur l'heure,
Afin d'échanger le bruit de la multitude,
Contre le calme rural de la solitude,
Point de halte jusqu'à la croisée des chemins !
Là, le premier du couple, toujours un peu urbain,
De son confrère mobilise l'attention,
Lisant sur une croix, cette triste inscription :
- Ci-gît fuyard d'abord épargné par l'eau vive,
Puis noyé en un fleuve à l'allure poussive !
"Mon cher, voilà l'endroit rêvé pour s'établir
Autant pour nous que de s'y défier à loisir.
Je vous propose de fonder votre entreprise,
Hardiment près des excès des fontes des neiges,
Quand moi, ennemi de la plus petite crise,
Au bord du lac d'en face, je ferais mon siège !
Prenons rendez-vous pour dans un an, jour pour jour,
Prospérité y désignera son amour !"
Ainsi tenté, le gaillard ami en second
Serra la main du concurrent, ancien luron,
Avant d'aller prestement bâtir sa maison.
Le temps passe ; à la fois fort court et fort long.
Le terme du délai, arrive cependant.
Se reforme, le duo de compétiteurs,
Au milieu exact de leur rencontre antérieure.
L'un est grassement radieux et ventripotent,
L'autre moribond a la face boursouflée
Par les ravages de moustiques affamés.
"Assieds-toi sur cette pierre", lui dit le bon.
"Tu pourras t'y reposer et voir mon moulin.
Regarde comme à aubes, sa roue tourne bien !"
Le nouveau meunier tant s'en réjouit qu'il jubile,
Alors que pêcheur en eaux dormantes meurs las !

De fraîche histoire en cours, suit enfin ce dicton :
Où par la force, l'intelligence s'emploie,
Encore la stagnation la laisse débile !