Poèmes de Loup-de-lune

j'aime les cimetières
d'un profond amour de vivant esseulé
 
je prends soin des tombes
que personne ne visite plus désormais
et qui timidement
reflètent ma présence débonnaire
 
cette gerbe de mes jardins
je la proclame mon partage
et ma rencontre
au-delà des fleurs qui fanent
 
et ce lumignon de mes incen...

quel dieu glacé
me tend les bras
de toute son impuissance d'étoiles
au bout des doigts ?

ces ombres
démesurées
de l'homme
que sur le quai maussade
rayonne
l'or fauve
du soir

aurore insue
rafale de lumières
safranées
écrin d'ambres
et de vermeils
renversé
profusément
sur les chemins
en puissance de neige

dans ton message
à l'encre bleu tutélaire
cette étymologie
de l'ange

j'aime
par les nuits
glacées
et crépitantes
chausser la vaste terre
qu'épouse la neige
couleur de lune

c'est un pas
si régulier
sur la glace de la nuit
 
 
un pas ni lent
ni célère
qui fait bruire sa voie
 
 
il couvre
l'airain du campanile
où se rassérènent les vieillards
 
 
il confère
à l'atermoiement ultime
cette acuité du briser
 
 
épars...

semailles d'oiseaux
dans le sillon du ciel
 
et cette céréale solaire
pour l'appétit du vrai

silhouette de fille bleue
au-delà du tempérament des venelles
 
son chant fouaille le retard
au-delà de l'aile vaste des primes neiges
 
et puis le silence de la solution
versé par l'aiguière sans lèvres
 
la lune dans la fonte du bleu
décoche la flèche qui l'arque
 
la plaie brille profusém...

le vin vaste et safrané
dans la coupe
que violettent les montagnes
 
qui l'a bu d'un trait sûr
pour que le chagrin noir comme un ciel
pétille soudain d'étoiles ?