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Le baudet
La peste sévissait dans le monde vivant :
Les faibles étaient morts, on cherchait des esclaves.
Les riches voyageurs recelaient, dans leurs caves,
Les survivants du mal qui brodaient leur argent.
Les députés inquiets s'approchaient des ministres,
De la cour et du roi. Tout leur fut demandé :
Qui propageait la mort, qui détenait la clé ?
L'on réclama des lois contre ces maux sinistres.
Puis la haine montant plus vite que l'éclair,
On élut un congrès. La puissance animale
Allait éradiquer la maladie fatale
Et raccourcir celui qui empoisonnait l'air.
Un baudet ignorant la chose politique
Indiqua, par erreur, qu'il avait, le matin,
Bu le lait d'une ânesse en le croyant fort sain,
Puis qu'un doux réconfort chassa sa peur critique.
On ne lui laissa pas le temps de s'expliquer
Davantage : Il fallait qu'un implacable geste
Épurât à jamais le ciel. On fit, du reste,
À l'ânesse, aussitôt, subir le grand bûcher.
Depuis ce triste jour, le ciel s'emplit d'étoiles.
Ce sont tous les baudets et les pauvres ânesses
Que l'on a inventés quand la peste progresse.
Un sage, s'il y pense, est recouvert d'un voile.
MMXIII ©M.KISSINE – ISBN 9782919390144
La peste sévissait dans le monde vivant :
Les faibles étaient morts, on cherchait des esclaves.
Les riches voyageurs recelaient, dans leurs caves,
Les survivants du mal qui brodaient leur argent.
Les députés inquiets s'approchaient des ministres,
De la cour et du roi. Tout leur fut demandé :
Qui propageait la mort, qui détenait la clé ?
L'on réclama des lois contre ces maux sinistres.
Puis la haine montant plus vite que l'éclair,
On élut un congrès. La puissance animale
Allait éradiquer la maladie fatale
Et raccourcir celui qui empoisonnait l'air.
Un baudet ignorant la chose politique
Indiqua, par erreur, qu'il avait, le matin,
Bu le lait d'une ânesse en le croyant fort sain,
Puis qu'un doux réconfort chassa sa peur critique.
On ne lui laissa pas le temps de s'expliquer
Davantage : Il fallait qu'un implacable geste
Épurât à jamais le ciel. On fit, du reste,
À l'ânesse, aussitôt, subir le grand bûcher.
Depuis ce triste jour, le ciel s'emplit d'étoiles.
Ce sont tous les baudets et les pauvres ânesses
Que l'on a inventés quand la peste progresse.
Un sage, s'il y pense, est recouvert d'un voile.
MMXIII ©M.KISSINE – ISBN 9782919390144
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