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Depuis : La maison

Posté par Sinziana, dans Textes 13 juillet 2018 · 395 visite(s)

 
Lorsqu'on s'est rencontrées au moment du désastre, il y a eu un accord tacite entre nous.
J'allais t'aider à sortir de terre, tu m'offrirais ton toit.
Tu t'es élevée seule tant bien que mal, je venais rarement surveiller l'avancement des travaux, encombrée que j'étais de marmots et de deuil.
 
Puis, un beau jour d'été, fraîche et neuve comme une jeune mariée, tu nous a ouvert les bras.
A nous, aux enfants, à la grand-mère, au lapin et au petit chat qui nous attendait dans le bosquet fleuri.
 
Les années ont passé, la tribu s'est agrandie. Un jour de printemps tes murs ont tressailli au cri d'un nouveau-né, suivi d'un autre, quelques hivers plus tard.
On s'est un peu plus serrés, il y avait de la place.
La grand-mère est partie, discrètement, ses années devenues trop lourdes à porter.
 
Aujourd'hui, tu souris en voyant nos vies mal rangées comme nos chambres, les bousculades, les fous rires, les portes qui claquent, les larmes qui coulent,
les bougies soufflées, les grandes tablées, les câlins sur le canapé.
 
Tu veilles sur nos nuits, sur les enfants qui grandissent, qui un jour te quitteront, pour mieux revenir en coup de vent donner à maman une lessive, un repas à préparer.
 
Ils reviendront car tu es leurs racines, la maison de leur enfance, la bâtisse échafaudée en rêve par le grand-père, l'héritage de celui qui s'est cassé la figure à tes pieds,
par excès de zèle. Un moment d'inattention.
 
 
Sinziana Ionesco
 
A mon Père Eugéne (1/11/1951-26/09/2004), In memoriam.
 
 
 



Source : La maison



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