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Les fantasmes, les souvenirs et les odeurs…(Version août 2003)

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#1 Victorugueux

Victorugueux

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Posté 12 juin 2013 - 10:18

Les fantasmes, les souvenirs et les odeurs…(Version août 2003)

 

La bonne odeur du pain qu’a pétri la main du boulanger,

l’odeur du café que l’on a versé dans la tasse aux petits matins,

le goût sucré de la mie de pain longuement mastiquée,

le goût de noisette et le goût du beurre frais,

La blancheur du yaourt dans la cuillère que l’on avale

et l’odeur âcre de l’ozone dans les petits matins de l’hiver…

 

Le souvenir encore tiède du lit défait,

 l’odeur de cette femme que j’aime et l’odeur de l’homme.

Une odeur de cul, l’odeur du sexe et du phallus,

après cette intense jouissance, le goût de sa salive dans ma bouche

et ses seins que j’ai pétris, ballochés et chamaillés.

Mon sexe durcit par l’envie de recommencer encore et encore.

L’odeur encore chaude du plaisir partagé,

les draps froissés par le mouvement chaotique de la passion…

 

Le souvenir ensoleillé d’un bel et bon été,

 l’odeur de l’herbe dans la campagne brûlante,

 l’odeur du foin fraîchement coupé et la senteur des fleurs,

l’odeur des foins séchés dans la grange où nous nous cachions.

L’odeur des arbres par cette lumineuse journée,

cette odeur insistante du magnolia dans le jardin des souvenirs.

L’odeur de la Terre humide par les soirs d’orages

et l’odeur des roses durant le temps d'un début d’automne.

L’odeur de l’automne, cette odeur de feuilles mortes qui se décomposent,

l’odeur de la mort, cette odeur de novembre.

 

L’odeur du premier et du onze novembre.

La Toussaint et l’Armistice de 1918,

une odeur de charogne, une odeur d’encens brûlé.

L’odeur de la tranchée, l’odeur de la messe de souvenir des morts,

l’odeur des poilus. Tous ceux qui puent ensembles et pour toujours,

ce mélange d’odeurs de pieds, de sueurs et de Terreur froide,

avec cette odeur de merde dans la boue de la tranchée.

Une odeur de tous ceux qui chient dans leurs culottes,

l’odeur des gaz, de la poudre et des morts qui pourrissent,

cette odeur, celle de la chair martyre, de la chair à canons,

l’odeur affreuse de la souffrance…

 

L’odeur des femmes dans la maison close,

cette odeur de moisissures qui est aussi l’odeur

de toutes ces femmes emprisonnée.

De femmes trop soumise, trop dépendantes et qui se fanent.

L’odeur des mères maquerelles, une odeur d’un parfum de quatre sous.

L’odeur des huîtres, celles que consomment les clients.

L’odeur de la môme Crevette, cette odeur de la servitude

qui est une odeur de la lassitude ou l’odeur des solitudes.

Hélas ! Ce ne sont qu’odeurs de pisse et des parfums éventés,

l’odeur des putains qui s’étiolent…

 

L’odeur des enfants, une odeur sucrée de barbe à papa

et le goût des caramels mous qui collent aux dents.

L’odeur des pétards qui explosent dans la bouse de vache,

l’odeur des feux de Bengale.

L’odeur du bal du quatorze juillet et l’odeur des premières cigarettes,

celles qui font tousser, une odeur de tabac brûlé

qui vous fait oublier toutes les bonnes odeurs.

L’odeur merveilleuse du premier désir,

ce goût et cette odeur du premier baiser que nous osons donner.

L’odeur évanescente des premiers matins de notre enfance.

L’odeur de la confiture qui cuit dans les marmites,

toutes ces odeurs qui fondent notre enfance…

 

L’odeur du nazi ou celle du camarade prolétaire ?

Hélas ! Dans les années trente le choix était pénible !

Je ne sais pas ce que j’aurais choisi.

Me serais-je peut-être suicidé comme Maïakowski ?

Mais cela je ne le saurais peut être jamais.

Peut-être de même aussi j’ignorerais cette odeur surréaliste

qu’est l’odeur du con d’Irène Maïaskovsakaïa,

cette superbe russe n'est hélas qu'un agent du parti

et une membre actif de la police secrète : la Guépéou…

 

L’odeur du con d’Irène, c’est aussi cette odeur de la soumission au parti.

Les plus belles femmes russes se donnaient pour la gloire du parti,

elles étaient complètement subornées par le parti.

Ce parti qui a pourtant l’odeur de la sueur du prolétaire

mais le con d’Irène Maïaskovsakaïa n’a que l’odeur d’un parti désincarné.

C’est une odeur qui reste proche des fantasmes érotiques

 d’intellectuels qui ne disent rien de la réalité sordide de cette époque,

un rêve surréel, une réalité hors de nos vies communes

mais moi je me demande : Quelle était l’odeur de Staline ?

Ce brave petit père du peuple, le guide de la révolution bolchevique,

celui-ci était aussi un buveur de sang, celui des prolétaires,

de tous ceux-là qui n’avaient pas la perspicacité de lui plaire…

 

N’ai-je jamais su si le nazisme était ce fantasme :

une absence d’odeur pour Adolf Hitler ?

Le führer n’a-t-il jamais senti cette odeur du sang et de la sueur ?

N’a-t-il rêvé du surhomme que dans un monde inodore,

sans sueurs, ni attractions sexuelles ?

Pour moi ! Le nazisme était ce fantasme d’absence des odeurs,

un fantasme désincarné de pureté de la race

et la saveur d’une conception, celle d’un homme aryen parfait…

Dans ce monde qui se veut parfait,

 il y a aussi l’odeur de l’indicible,

celle du wagon où les humains sont entassés,

cette odeur évanescente de la nuit et du brouillard.

L’odeur des camps d’extermination nazis est définie par la nuit et le brouillard.

L’odeur jalouse du juif que les nazis haïssent

et l’odeur incantatoire de ce nègre qui a peur.

Ce sont des odeurs si particulières que respirent les nez aryens.

En Europe occupée l’odeur de la collaboration,

celle des bons pères de familles qui ne sentent rien et ne voient rien.

L’odeur de ces fantasmes, cette odeur des horreurs et cette odeur de l’honneur…

 

 

L’odeur des pieds qui est aussi odeur de Poètes.

Dans la rue celles-ci sont des odeurs d’humains trop humains

et celles-là sont celles de tous les hommes libres et vivants.

L’odeur de ces humains tellement humains

et l’odeur florissante des printemps.

Les effluves des fleurs qui nous étourdissent et nous émoustillent.

L’odeur de la joie et de la liberté de s’aimer,

l’odeur de la permanence de la femme,

l’odeur de ces enfants qui ne demande qu’à naître.

Tout ce qui fait l’honneur, la joie et le charme de nos vies.

 

Oui ! La vie possède une odeur et vivre n’est pas un fantasme !

 

Quelle est l’odeur de la Télévision ? Rien ! Néant !

Ce qui est pire que la mort !

 

La Télé n’a pas d’odeurs donc la Télé n’existe pas !

 

L’odeur des souterrains, le métro dans la capitale,

un parfum de synthèse pour masquer l’odeur des humains, les S.D.F.

Cette odeur de pieds et de crasse, d’hommes bien humains.

L’odeur de la mort et l’odeur des gens biens vivants…

Le goût du terroir et le sang de la Terre

ou parfois l’odeur terrible de la souffrance.

Cette odeur du sang impur que verse le citoyen de france.

L’odeur triste de la guerre et l’odeur de la pureté.

 

L’odeur de la pureté ethnique,

 c’est aussi cette odeur de poudre et de napalm

ou encore le goût de cet alcool fort.

Le goût de gin, le goût de vodka,

le goût de l’eau douce et le goût des pommes de Terre sans le feu,

l’odeur de l’essence absente, un goût du vide…

L’odeur du gas-oil et le bruit des blindés…

L’odeur de la sueur, l’honneur de soi-même.

Cette peur de l’autre et l’odeur des souvenirs,

l’odeur des fleurs au mois de mai.

L’odeur de la femme Bosniaque et l’odeur de cet enfant qui sera Serbe,

l’odeur de l’hiver, l’odeur de l’ozone, l’odeur du vide…

Et toujours l’odeur de la vie.

 

Cette odeur de femme humée,

cette odeur que possèdent toutes les petites filles

qu’elles soient Tutsis, Afghanes, Algériennes, Palestiniennes

ou même pourquoi pas des petites filles du peuple d'Israël !

L’odeur et la peur de l’homme que l’on égorge aux noms de dieu.

L’odeur et le goût du sang, ces odeurs de la vie…

 

Non ! Je le dis et je le crois nos vies ne sont pas des fantasmes !

Non ! La vie n’est pas un opéra !

La vie n’est pas un concept ou une belle et vaine abstraction lyrique…

 

L’odeur de tous les saints qui sont morts dans l’amour de Dieu

et l’odeur de ces seins tétés dans nos tendres enfances.

L’odeur de toutes ses bonnes choses que nous ne pouvons oublier.

 

L’odeur du pain que nous rompons en commun et le goût des vins forts,

l’ivresse des alcools cet alcool pur et si dur qui vous désintègre.

Les odeurs aimées et l’odeur inodore,

Le nez de la belle Cléopâtre et les senteurs fortes de l’orient.

L’odeur puissante de Jules César et la puissance de la femme.

Cette odeur des fantasmes et l’odeur jamais oubliée des souvenirs…

L’ardeur de la vie et l’ardeur du passé…

 

Victorugueux Morsang sur/orge 1995, Paris 2000 et 2003

 

Texte remanié le 6 avril 2000 et en août 2003





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