L'Etang miroite les rayons d'un soleil de mars.
Sur ses vaguelettes, des étincelles éparses
Eblouissent de mille feux de diamants
Tels, dans la nuit, des étoiles du firmament.
Ses flots ondulent, réguliers et, paresseusement
Folâtrent avec la brise, se moquent du temps:
Leur destin est éternel. Nulle joie, nul malheur,
Rien ne les trouble en leur monotone langueur.
De ses rives assoupies que légers clapotis,
De loin en loin et inlassablement repris,
Jamais n'éveillent, partent de paisibles rouleaux
Conquérir le large et mourir dans les roseaux.
Nous venons, Etang solitaire, Havre de bonheur,
Te confier nos rêves, abriter nos deux coeurs
Près de tes ondes apaisantes et qui rassurent,
Loin d'un monde hostile, à l'ombre de tes verdures.
Un cruel Destin, longtemps à nos Voeux contraire,
Impitoyable, sans compter et sans complaire,
Des années nous sépare et nous vole les jours,
Sourd à nos soupirs, insensible à nos Amours.
Nous voici, sous ton regard impénétrable
Mais plein d'Azur, refuge incomparable,
Riche de biens des souvenirs d'autres coeurs meurtris.
Nous t'apportons, enfin, nos corps, nos coeurs unis.
Qu'il est doux d'aimer, comme il est doux d'être aimé.
Nos deux regards se rencontrent, se confondent et
Vers un même horizon se perdent à l'infini,
Dans un passé de joie mais, de rêves inassouvis.
Nos sens vibrent et s'emplissent de mirages.
Nos mains enlacées s'étreignent et nos visages
S'illuminent d'un bien fol espoir : que demain
Nous soit, encor et toujours, d'un Avenir certain.
Les palmiers frémissent au souffle de la brise.
Le bois d'encens danse et mollement se grise.
Au loin, des oies battent leurs ailes vigoureuses,
Des chevreaux poussent leurs plaintes langoureuses.
Pâle, l'Astre du jour décline à l'horizon
Et sur l'herbe ployant s'étend en doux frisson.
La mer, les monts, le ciel, sous ses traits vaporeux,
S'estompent dans la brume, tels rideaux poudreux.
Temps inexorable ! Faut-il quitter ces lieux ?
A peine retrouvés, déjà faut-il des adieux ?
Pourquoi donc nos Joies ne doivent durer qu'un temps ?
Est-ce là, des Heureux, un juste châtiment ?
L'Etang miroite le ciel d'une nuit de mars.
Sur ses vaguelettes, des étoiles éparses
Renvoient, tard dans la nuit, aux confins des cieux,
Nos Bonheurs retrouvés... dans le royaume des dieux.
Souvenirs... Souvenirs ! Fitiavana 2014