Elle marchait sur ses silences, glissait sur l'épaisseur glacée de ses absences, que la pointe d'un rire parfois fissurait.
Un oiseau noir guidait ses pas, dessinait de la pointe d'une aile la carte de ce désert de givre, lui montrait le chemin qui la conduirait peut être à l'homme citadelle.
Il faudrait pour le prendre user de sortilèges, allumer des brasiers dans ses yeux, inventer des mots nouveaux qu'il laisserait couler en lui telles des rivières de miel.
Il faudrait caresser son cœur dans le sens de la confiance, le porter entre ses mains comme un jeune chat apeuré jusqu'à ce qu'il ronronne de plaisir, pattes de velours, toutes griffes rentrées.
Des ombres tournoyaient au dessus de leurs têtes, prêtes à fondre sur la première empreinte de bonheur.
L'écho de leur peur, assourdissant, emplissait l'espace d'ondes tremblotantes qui ricochaient sur les montagnes blanches, se fracassant sur les parois des âmes, balles perdues de souffrances appartenant au passé.
Demain semblait suspendu dans le vide, accroché à un pont de singe instable, au dessus de chutes de larmes.
Dans le ciel, l'oiseau traçait des cercles magiques.