Jeunesse enfuie
Nous jouions au cerceau, vous jouiez à la guerre ;
Où donc passa l’époque où nous étions gamins ?
Tous courions les pieds nus, empruntant les chemins
Qui mènent au présent, d’autrefois en naguère...
Corsaire ou Président, princesse ou découvreur,
Nous avions désiré d’inénarrables vies ;
Un quotidien banal les a pourtant ravies
Sous nos yeux agrandis par cette amère horreur.
Nos destriers fougueux se calment, s’apprivoisent ;
Ayant perdu l’élan, les jours sont ralentis ;
Dans les replis du cœur, nos regrets sont blottis ;
Autrefois trépidants, les longs jours s’embourgeoisent.
Tandis qu’à reculons se perd notre jeunesse
Malgré nos souvenirs têtus et insistants,
Nos rêves ne sont plus que de trop brefs instants,
Lumignons colorés d’une ultime allégresse.
20 septembre 2016
inspiré par le poème « La fuite de l’enfance »,
d’Emile Nelligan, « Rimbaud du Québec ».