C’est étrange
Comme on ressemble à ce qu’on aime
Voyez ceux-là qui se promènent
Dans la rue
On peut deviner ce qu’ils aiment
Par ce qu'ils évoquent
Ces demoiselles languissantes
Avec leurs regards équivoques
Ne ressemblent-elles pas à un Picasso
Ne reviennent-elles pas d'Avignon?
Celui-là, avec tout ce merveilleux
Qui lui pleure des yeux
Vous savez bien
Qu’il est amoureux
Il aime l'amour
Ces polissons qui jouent dans le parc
Ne personnifient-ils pas une fugue de Bach?
La musique est folle de ses enfants
Celui-ci qui mendie sur le trottoir
Avec ses cheveux verts
Et sa peau cloutée
Doit être envoûté
De musique punk
Et cette foule qui se dandine
Aux cadences imaginaires
Ne se métamorphose-t-elle pas
En un ballet urbain qu'elle chérit?
Quant à celui-là
Le regard gris, la ride funèbre
Ombre sombre dans la foule cool
N’aime-t-il que la mort et sa rigidité?
Oui on ressemble toujours
À ceux qu’on aime
Mon amour
Car je suis toi davantage
Jour après jour