Débris de vers (sonnet)
La Seine doucement frémit le long des quais,
Sous les arches du pont où passe la jeunesse ;
Elle brise mon rêve au parfum de tendresse,
Me sépare de toi, l’amour que j’évoquais.
Lorsque tombe la nuit, l’ombre comme un laquais
Surveille les pontons qu’un clapotis caresse,
Tandis que sous la voûte aux arcs pleins de noblesse,
Assis au pied d’un mur, seul, je soliloquais.
Silencieusement le flot court vers la berge
Entraînant avec lui les barques qu’il immerge,
Et mêle tous les mots des manuscrits pervers.
Si tu reviens un jour sur le pont Notre Dame,
Ne cherche pas mes mots dans le creux d’une lame,
Il ne restera rien que des débris de vers.