C'est Madame Joseph.
Elle porte son bérêt.
Elle habite en haut
Elle est habillée avec du papier journal
Entourée de France Dimanche
Comme le sol de sa pièce unique
Ca sent l'encre et le charbon.
Son poele incendiera son gourbi.
Il fait trop chaud.
La fonte rougeoie
Elle craint le froid.
Sa robe de chambre est laineuse
Elle dort dedans se protégeant des savons.
Elle sent le sirop le gaz et les fruits secs
On voit dans ses moustaches un peu de salive sèche
Ses yeux sont comme ceux des poissons morts
Elle mange sans ses dents les biscuits apportés
Trempés dans du vin rouge.
Et fait des compliments.
Et se penchant vers moi les os cassés
Me fait des sourires béants
Sa bouche fait des grimaces
Et son visage descend.
Ses chausons frottent le lino
Faisant un bruit de rabots
Tandis qu'elle va
Montrant les pages sépia
D'osés journaux
Dont elle fut jadis femme légère
Une vedette peu voilée
Avec des tatouages.
Effrayant un peu ma tatie aidante
Qui serre ma main s'échappant
Avec un faible au revoir.
On redescend les escaliers démolis
J'ai dix ans.