J'ai aimé une sauvagesse
Une Innue inouïe
Au sang Sioux
Aux marmenteaux Cheyenne
Et au futaie Montagnais
Cette enfant du vent du nord
Je l'ai aimée, elle m'a aimé
Que voulez-vous?
Elle allait manger mon cœur
Ce cœur pur que m'avait Dieu donné
L'hiver elle me taquinait
Mais je savais les prières
Pour la convertir au printemps
Comme dans mes rêves de missionnaire
Bien avant qu'elle m'abénaquise
Avant l'aurore de Tadoussac
Alors qu'elle m'abéquait l' imaginaire
Avec ses légendes d'Apaches
Ses brumes appalachiennes
Ses doigts de rivières ensorcelées
Et son chant de Comanches
Mal amenché à son vieux Manitou
Et de poésie en forêt
Portée par les chouettes de la nuit
Elle m'a tout enseigné
Et au matin elle s'est enfuit
Au fond de son tipi mystique
Et elle alluma le feu
Avec l’idéal de cet amour
Je voyais fondre ses glaces
En eau fraîche sur ses joues ou étaient-ce ses larmes?
C'est là, voyez-vous? De guerre lasse
Qu'elle me dévoila enfin son corps cuivré
Habillé d'un tatou, l'image d'un totem prophétique
Qui m'unissait à elle, mon éternelle poïétique
Oui! J'ai aimé ses caresses de squaw
Et je les aime encore, en fait, je les aimerai toujours
Alors, quand la nuit turlutte
Je turlutte avec elle
Et quand neige la neige
C'est elle que j'aime aimer
La sauvagesse de mes plus tendres tendresses
Ma légende, ma louve louvoyeuse
Ma berceuse incestueuse, mon Nouveau-Monde
Ces cris boréals au fond de tes yeux
Ces forêts crépusculaires, pleurantes
Sans te comprendre, je les aimais déjà
Jésuite au cœur grégeois
Mes ongles furent arrachés
Et mon corps écorché, brûlé dans une marmite
Avec les Saints-Martyrs-Canadiens
Et c'est là, qu'elle a mangé mon cœur
J'aimerai toujours cette huronne
Qui au-de-là de sa bouche gloutonne
M'a donné un cœur d' Amérique