Il neige sur la rue Notre-Dame
L'époque exsude les jours anciens
Parfums d'autrefois qui ne reviendront plus
Fulgurance des beautés en noir et blanc du 19e
Spectres des patriarches déchus de leurs identités
Vastes chapeaux de femme, foulards chrétiens
Dans la mémoire collective des visages anonymes
À Saint Irénée, en notre enfance
Près de la rue Atwater
Les serments sont tombés en poussières
Comme un bégaiement insaisissable
Un masque trop longtemps porté au nom du père
Au brouillard de notre histoire irracontable, méprisable
Cette insuffisance d'être qui nous aura bâillonnés dans le silence des peuples
Dans ce monde invraisemblable, ce monde en changement perpétuel
Nos corps figés dans la glace, raides comme des cadavres éjectables
À Sainte-Cunégonde-les-Neiges
Les enfants, filigranes des reliques électroniques
Se dépouilleront des mânes allégoriques
Pour s'assimiler aux zombies virtuels et stériles
Sur ces écrans qui leur serviront d'écrin minable
Ils auront l'humeur de leur génération invivable
Pour en finir avec notre désintégration programmée
Et ce désir inexcusable de se perpétuer semblable
À jamais et toujours pareil à soi-même
À Sainte-Cunégonde-les-Neiges
Trempé dans l'albumine de la rue St-Jacques
Cherchant d'où venait le chant du coq
La nuit a tout avalé
De cette photo noir et blanc
Je ne me souviens plus
En m'en allant parmi les morts
J'ai trébuché quelques fois
Sur les pièges acrimonieux
Je le confesse...