" Chimères confinées ", d'après Gérard de Nerval
Te rappelles-tu le goût de ces printemps anciens,
Et de tes dix-neuf ans, la jouvence éternelle ?
Reverras-tu demain Jonas parmi les siens,
Et ce chant des Sirènes, sais-tu que c’était Elle ?
Des routes de la soie où jadis tu erras
Où le Dragon chinois s’ensommeille et paresse
Te souviens-tu des fruits qu’en ton cœur tu serras
Et du bleu des glycines dont tu faisais la tresse ?
Mais Naples s’est figée dans sa toile enrayée
Et sur la vielle Europe, insalubre et mort-née
Le Vésuve a versé sa décharge virale.
La crue du Styx emporte le flot des confinés
Et Cerbère s’est lassé de ses ouailles avinés...
– Du ciel éteint surgit l’aurore boréale.