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Ces immigrants canadiens-français à peine blanc

Québec Amérique XXIe

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10 réponses à ce sujet

#1 Julien Hoquet

Julien Hoquet

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  • Une phrase ::Je regarde un ciel étoilé et je me sens une grande humilité.

Posté 20 octobre 2021 - 09:07

Article paru dans le Devoir du 20 octobre. Écrit par Sarah R. Champagne.

 

« À demi sauvages», «d’une blancheur discutable», «hardi» et avec «l’attrait des bois qui leur coule dans le sang depuis des générations», ou même «primitifs»: les registres de compagnies forestières et du gouvernement américain décrivent en ces termes les Canadiens français qui migraient entre 1840 et 1955. À travers ces documents et des écrits philosophiques ou anthropologiques, le chercheur Jason Newton démontre comment l’on justifiait l’exploitation de ces immigrants en leur attribuant des caractéristiques intrinsèques raciales.

Au tournant du XXe siècle, environ un million de Canadiens français ont pris la route des États-Unis, en quête d’un meilleur avenir. Ces migrations se sont poursuivies jusqu’à tout récemment, parfois de manière plus saisonnière, pour occuper des emplois mieux payés.

Ces immigrants venus principalement de la province du Québec étaient alors vus comme «racialement particulièrement adaptés» au travail de bûcheron, dit M.Newton en entrevue. Historien spécialiste de l’industrie forestière, il achève présentement un postdoctorat à l’Université de Caroline du Nord à Charlotte. Ces aptitudes que l’on croyait «innées» ont servi à légitimer le recours à cette main-d’œuvre dès le XIXe siècle.

 

 

Aujourd’hui, la «blancheur» des Canadiens français qui partaient bûcher dans les forêts du Nord-Est nous paraît incontestable… et évidente à l’œil nu. «On se dit qu’on sait reconnaître une personne blanche quand on la voit», dit M. Newton. À l’instar des immigrants irlandais, italiens et juifs, les bûcherons du Québec se situaient néanmoins à l’époque entre les «Blancs et les non-Blancs», écrit-il dans un article publié dans la revue universitaire Labour/Le Travail.Perçus historiquement — et souvent à tort — comme des individus «au sang plus mélangé» à celui des Premières Nations et comme des habitués des contrées reculées, les Canadiens français ont été décrits comme ayant le «teint basané» dans la littérature américaine du XIXe siècle.

 

Les écrits d’Henry David Thoreau, surtout Walden, publié en 1854, laissent déjà entrevoir le stéréotype du Canadien français fort et à l’endurance de fer, aux dépens d’une intelligence évoluée.

D’autre part, on s’appuyait parfois sur les impératifs de la colonisation du Québec pour expliquer cette inclinaison particulière, la nécessité de défricher des terres et de vivre dans la nature les ayant rendus «à demi sauvages». Leur dévotion profonde au catholicisme les garde en outre dans «l’innocence» et la «déférence»: bref, ils sont faits pour être gouvernés plutôt que pour se gouverner eux-mêmes.

Une «science» faite de préjugés

Cette idée que les Canadiens français n’avaient pas d’aptitude pour se diriger eux-mêmes a persisté au cours des développements intellectuels subséquents, explique Jason Newton au bout du fil. Les braves hommes venus du Nord avaient la force et la familiarité avec la forêt nécessaires à la grande entreprise de «civiliser le monde sauvage», mais pas l’indépendance d’esprit pour «être en position d’autorité». Ils étaient donc inférieurs, selon la pensée raciale du temps.

Le développement des «sciences de la race», y compris de l’eugénisme au début du XXe siècle, continue en effet d’appuyer cette vision. «Il faut comprendre qu’avec la révolution industrielle, les préjugés anciens se transforment en préjugés modernes», décrit l’historien Martin Pâquet. Spécialiste de la diaspora canadienne-française et professeur à l’Université Laval, il confirme qu’une «échelle» de la blancheur persiste même à l’intérieur des groupes caucasiens. «Et au regard des gens de l’époque, elle est vue comme objective, car fondée sur une observation de la nature», dit-il.

Le regard racial est aussi fondé sur une langue, une religion et une condition socio économique différentes, ajoute-t-il: «Vous êtes pauvres et vous venez d’ailleurs.»

C’est une époque où le capitalisme et l’industrie forestière se développent rapidement, note pour sa part le chercheur américain. «On va vouloir embaucher ces travailleurs qui savent manipuler le monde naturel plus efficacement, selon nos suppositions. On veut faire plus d’argent, essentiellement.»

«L’instinct», ou «l’affinité» des Canadiens français pour la vie dans les bois profonds, peut donc être mis à contribution, ne manquent pas de noter les entreprises forestières. Le succès de plusieurs d’entre elles est directement attribuable à cette main-d’œuvre corvéable, qui accepte d’être payée moins cher, qu’on peut «laisser à elle-même et qui construira son propre camp», dit avec ironie M. Newton.

Tensions

«Le système capitaliste a besoin d’une main-d’œuvre qui lui permet d’augmenter sa marge de profit», ajoute à son tour Martin Pâquet. C’est donc pratique de considérer les Canadiens plus doués pour ce type d’activités, puisqu’ils sont moins payés, remarque-t-il. Cette mise en compétition alimente le sentiment «racial et raciste», dit-il. Des tensions apparaissent.

«On se dit qu’ils sont différents de nous, qu’ils ne sont pas nos compagnons égaux de travail. Donc, qu’ils sont nos compétiteurs et qu’ils volent nos emplois», résume Jason Newton.

L’importante diaspora du Maine a d’ailleurs été la cible de l’organisation suprémaciste du Ku Klux Klan durant les années 1920, lors de sa deuxième résurgence.

En réponse à des tensions entre travailleurs américains et canadiens, Washington formalise aussi ce système d’immigration temporaire dans les années1930,sous un programme de «bonded labo», selon l’expression en anglais. Chaque travailleur est alors «lié» exclusivement à une entreprise, au sens où un travailleur reçoit un permis qui porte le nom de son employeur et les dates limitées de son contrat.

Enfin, l’histoire se répète aujourd’hui à certains égards avec d’autres immigrants, croient les deux chercheurs. Le phénomène des travailleurs étrangers temporaires venant du Mexique ou du Guatemala dans l’agriculture au Québec s’inscrit aussi dans un modèle où ils acceptent d’être moins payés que les Québécois.

On se dit qu’ils sont différents de nous, qu’ils ne sont pas nos compagnons égaux de travail. Donc, qu’ils sont nos compétiteurs et qu’ils volent nos emplois.
Jason Newton

Comme les Québécois au XIXe et au XXe siècle, ces hommes ou parfois ces familles quittent leur pays d’origine après s’être endettés ou avoir perdu leur propre accès à la terre. On leur attribue des qualités culturelles» ou «ethniques», par exemple en faisant référence à leur capacité à mieux supporter la chaleur ou encore à travailler plus vite que les citoyens nés au Canada, dit M.Newton.

Enfin, tous ces constats peuvent nous «aider à remettre en question nos propres présupposés sur la race aujourd’hui. Les catégories que nous appelons «races» aujourd’hui sont construites socialement et sont susceptibles de changer puisqu’elles ont changé auparavant», dit-il.

Encore faut-il garder cette mémoire que nous sommes nous-mêmes des immigrants-émigrants, conclut le professeur Pâquet. «Il y a une certaine mémoire familiale de ces événements. Mais le fait de partir a souvent été assimilé à une forme d’échec. On se disait: “C’est pas des vrais.” Alors, on a peut-être eu tendance à taire ces éléments.»

 

 

Tu me reconnaitras

J'aurai le aquette

J'aurai pris du ventre

Comme un beignet

De Tim Hotons

Et je bégayerai

Comme un bedeau

Je porterai

Un pantalon rayé

À pattes d'éléphant

Des bretelles

Rouges canayennes

Pour mordre dans la langue

Et une chemise

Fleurs de lys bleues

Avec un nœud pépillon

À pois blancs

Tu me reconnaîtras

J'aurai le aquette

Et sous la peau du castor

Je te parlerai

Du Canada

Et tu me croiras

Et ce sera émouvant

De t'écorcher à vif

En te laissant croire

Que le Canada c'est le paradis

Alors, tu sauras tout sur moi

Et tu ne me reconnaîtras plus

Car je ne bégayerai plus

Et je n'aurai plus le aquette

Je serai nu et sauvage



#2 Hattie

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Posté 21 octobre 2021 - 04:17

Le poème, ce poème ( de vous ?) parle bien plus, bien mieux, plus près... que le trop long discours qui le précède.

 

 

Parfois, on parle de l'efficacité d'un poème, dans ma lecture, en voici un exemple.



#3 Julien Hoquet

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Posté 21 octobre 2021 - 05:25

Effectivement Hattie le poème est de mon cru. Merci de votre commentaire mais c'est tout de même ahurissant cette affirmation pseudo-scientifique au sujet de la 'race' canadienne-française. 



#4 Hattie

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Posté 21 octobre 2021 - 05:45

Ahurissantes et dangereuses, en effet, toutes ces affirmations _ qui plus est pseudo-scientifiques... _ à propos d'une ' race'  quelconque. Toujours revendiquer qu'il n'existe qu'une seule ' race ' : ' la race ' / le genre humain. Et différentes origines géographiques, ethniques. Tellement enrichissantes. Les replis identitaires et communautaristes, _ et l'exclusion de ' l'étranger ' allant avec... me paraissent le danger premier de l'humanité.



#5 M. de Saint-Michel

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Posté 22 octobre 2021 - 12:30

Vouloir claquemurer un individu dans sa "race", c'est l'extraire à l'Humanité...

#6 Victorugueux

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Posté 22 octobre 2021 - 01:41

 Je me dis en lisant Julien Hoquet 

Qu'il vit dans un monde pro-américain

Et qui n'est pas toujours très tendre

Envers tous les gens qui vivent au Canada

Les idées sociales, ce n'est pas leur monde



#7 Julien Hoquet

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Posté 22 octobre 2021 - 05:52

Effectivement, je vis dans un monde américain mais si vous me croyez pro-américain vous me comprenez bien mal. J'aime bien les canadiens mais je n'aime pas que le Québec soit canadien. Pour ce qui est des idées sociales, je pense que le Québec est tapissé de lois sociales et c'est très bien ainsi. Merci M. Victorugueux pour votre commentaire.

 

'' Je me dis en lisant Julien Hoquet 

Qu'il vit dans un monde pro-américain

Et qui n'est pas toujours très tendre

Envers tous les gens qui vivent au Canada

Les idées sociales, ce n'est pas leur monde '' Victorugueux

 


#8 Victorugueux

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Posté 22 octobre 2021 - 06:14

dans mon passé j'écoutais des gens comme Charlebois

Et quelques chanteurs anglophones comme Léonard Cohen

je n'ai jamais été attiré par le hard rock, ce n'est pas mon monde



#9 Julien Hoquet

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Posté 22 octobre 2021 - 07:05

dans mon passé j'écoutais des gens comme Charlebois

Et quelques chanteurs anglophones comme Léonard Cohen

je n'ai jamais été attiré par le hard rock, ce n'est pas mon monde

Vous saviez que Cohen était québécois?

 

Je ne comprends pas votre référence au hard rock. Ça vient faire quoi ici?



#10 M. de Saint-Michel

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Posté 23 octobre 2021 - 11:54

Effectivement, je vis dans un monde américain mais si vous me croyez pro-américain vous me comprenez bien mal. J'aime bien les canadiens mais je n'aime pas que le Québec soit canadien. Pour ce qui est des idées sociales, je pense que le Québec est tapissé de lois sociales et c'est très bien ainsi. Merci M. Victorugueux pour votre commentaire.
 

'' Je me dis en lisant Julien Hoquet 
Qu'il vit dans un monde pro-américain
Et qui n'est pas toujours très tendre
Envers tous les gens qui vivent au Canada
Les idées sociales, ce n'est pas leur monde '' Victorugueux

"Vive le Québec libre!" comme disait quelqu'un...

#11 Julien Hoquet

Julien Hoquet

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Posté 23 octobre 2021 - 01:14

"Vive le Québec libre!" comme disait quelqu'un...

Vous m'avez compris.