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Vivien

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#320865 Mon ombre s'allonge, je n'ai pas attendu le soir (...)

Posté par Vivien - 16 juin 2016 - 12:59

Mon ombre s'allonge, je n'ai pas attendu le soir
Pour me fondre parmi vous -
Mon ombre coule entre les clous
Comme un songe versé
De l'urne d'un dieu paresseux.
Il ne me dérange point de passer à côté
Du bruit des fêtes
A l'écart des cris et des soupirs
De l'humaine destinée.
Ne cherchez pas mon nom.
Ni un quelconque symbole.
J'ignore ce qui vous rend concrets
Si gonflés, si pleins de vous-mêmes;
Je ne connais de l'outre que son vide.
Tout le vin en a déjà été tiré.
 
A moi les voies de traverse, les interstices,
Les voeux pieux prononcés dans la ville en silence,
A moi l'ombre du boulevard, à deux pas du métropolitain,
Abandonné, traversé de toute part.
A moi de la nuit le calme souverain.
Devant lui je ferme les yeux
Et dépose cette pensée en offrande.



#316958 Silence radio

Posté par Vivien - 10 mars 2016 - 09:09

Tu ne penses plus avec elle, ta voix intérieure; tu la perds, cette voix mortelle, incapable, dérisoire, mais à tout prendre, ta seule voix au monde. Peu à peu, de jour en jour, tu la laisses s'éteindre, faute de savoir qu'elle s'éteint. Déjà, tu n'ouvres plus les yeux comme avant, et le monde devient dur, froid, mécanique; le monde devient ce que tes maîtres veulent qu'il soit pour toi. Déjà, tu ne lèves plus la tête fièrement pour la baigner dans le ciel. Tu as su, pourtant, jadis, que le ciel était ta véritable patrie, ton berceau naturel. Que la terre n'était que l'un de ses reflets. Ils t'ont trompé, comme ils se sont trompés eux-même, pour commencer. Il n'existe pas d'avenir à une terre qui ne reflète rien : c'est un miroir posé face contre le sol. Tes regards voudraient toujours bondir au-delà de ce mur quotidien, dressé tout autour de ta vie pour parquer idées et sentiments élevés, pour atteindre des cimes qui ne restent inaccessibles que tant qu'on ne les révère plus. Cimes d'où s'échappaient les chants et les louanges à la Création, que l'on confond maintenant avec les souffrances des fous dans les asiles, que l'on étouffe sous des tas de paperasses. Mais ta voix intérieure n'est jamais très loin, qui te murmure : je suis plus qu'une statistique. Qui te crie : JE NE SUIS PAS UN NUMERO. Ecoute-là. Au moins un peu, le matin, tous les jours. Elle te dit qu'il est encore là l'homme qui tend à adorer le ciel, qui s'incline devant le mystère de sa nuit comme un mendiant devant la bonne aumône. Qu'il ne s'agisse que de cela, c'est déjà un bien grand lot à emporter avec soi dans la mort future. "Rage, enrage contre la mort de la lumière", t'enjoins le poète. On peut mourir, on se doit de mourir, mais pas sans s'être battu, pas sans avoir honoré la terre de sa présence inquiète. Alors le beau, le grand, le vrai silence pourra nous reprendre, l'universel silence, et nous serons une voix féconde dans ce silence.



#314561 Faulkner

Posté par Vivien - 21 janvier 2016 - 04:51

Attention Alexis, ce commentaire ressemble vraiment beaucoup à du denis_h. Vos esprits sont dangereusement proches d'une fusion virtuelle




#313790 Sous influence (trois poèmes)

Posté par Vivien - 11 janvier 2016 - 04:57

L'ombre de Moriarty !




#311345 Au début de toute question

Posté par Vivien - 22 novembre 2015 - 02:37

Au début de toute question il y a un lien

Coupé à l'intérieur de la coupure il y a
Tout un monde de possibles qui tourne
Follement sur lui-même sans s'arrêter tant 
Que la question reste posée - un kaléidoscope
D'analogies poétiques, insensées
Touchant perpétuellement "à côté".
 
Dans le silence là où les pages ne
Tournent plus là où les visages ne
Se connaissent plus un embryon 
De vie hésite à déchirer son enveloppe
Pour hurler enfin un nom à la face
Du ciel tandis que des îles de sens
Se détachent sur l'océan informe
Du langage et chacune de ces îles
Est comme frappée par la foudre
L'esprit d'une liqueur trop forte
Brouillant toutes les cartes, effaçant
Chaque point, chaque capitale.
 
Image après qu'on la fixe trop
Longuement devient mirage
Fumée de pipe, songe bleu
Ou ocre lumière du soleil
L'être dissous répond pour
Nous du lien qui se dénoue
Il prolonge le chant du monde
Renversé à nos pieds flaque
Où se mire l'Aimé qu'attisent
Plus que n'assèchent les années.



#310893 La rêveuse

Posté par Vivien - 12 novembre 2015 - 10:32

La rêveuse est un souffle qui vacille

Sur les joues creuses du souvenir

De son amour de vingt ans parti

Conquérir d'autres coeurs le sien

Est resté là-bas dans les draps

Pris par une étreinte plus forte

QUe le baiser de la mort qui vient

Maintenant se déposer sur ses lèvres

Absente à tous elle se livrera

Sans y penser sans sentir

Ce qui part là et ne reviendra

Plus son corps s'est vidé de

Toute sa colère tout son regret

De toute sa fièvre et sa folie ne reste

Rien d'autre à boire pour la Faucheuse

Qu'un philtre amer et brillant comme

Une lune d'avril montant sur la Terre

Perçant au vif le secret de ses enfants.




#310788 Un livre se referme

Posté par Vivien - 11 novembre 2015 - 05:00

Un livre se referme sur son lecteur

Comme la porte d’une prison

Pleine de plaintes de crimes et d'extases

Etouffés un rayon de soleil les chasse

Vers un dehors lointain le lecteur

S’assied sur son lit et reprend le compte

Des jours, des mois, des années perdus

Ici sans plus vraiment savoir où est

 Cet 'Ici' ni ce qui a été perdu

Dans sa geôle d'air et de pierre

Traversée par le vent et les rires

De petits diables invisibles le lecteur

Dit pour lui-même une vieille prière

Puis sa tête replonge en avant 

Vers la bouche d’une femme aimée

Qui lui murmure

Ce que le livre a manqué




#310531 un toast

Posté par Vivien - 06 novembre 2015 - 01:53

A l'indécrottable solitude du genre humain 

Je lève mon verre
A travers champs et bosquets en noir et blanc
A bicyclette je déchiffre les mêmes rêves
La même peur qui ne dit pas son nom
Que dans ma ville
L'abandon
Je trinque sec avec lui
Il trinque sec avec moi
Il me remplit
Quel camarade plus tenace cette vie me donnerait ?
A travers champs et bosquets
A travers les rues de ma ville
A travers moi
Comme notre joie éclate quand nous roulons
Tous deux ivres vers le lendemain !
Ce grand corps mêlé, le soleil l'atteindra toujours
Le soleil dans mon coeur 
Par delà les bornes du siècle qui le contient
Ce grand corps céleste, cet univers
Laissant passer juste assez de lumière
Pour que mes mots puissent le voir dans le noir




#309646 Different you

Posté par Vivien - 15 octobre 2015 - 03:45

Sur un tenant, tu aimes mon doux sourire

Ce qu’il touche porte le sceau de l’enfance

Et tu peux rire librement à quelques-uns de mes mots

Nous tirons dans le noir la barbe du soleil

Et nos doigts, comme des petites couleuvres

Creusent le chemin d’une rivière unique

Au creux de notre dos

 

C’est bon, c’est si bon

La petite étoile qui s’allume

Et devient la plus brillante petite étoile de l’univers

 

 

Mais une fois quitté l’abri de ce lit

Je me tiens avec peine sur mes côtés

Sur un tenant solitaire, déchiré par les éclairs

D’un sale langage de viscères

A trop parcourir les feuillets du vent

Mes lèvres ont perdu le goût subtil des choses

Hors du lit, je vis dans cette tempête

Qui confond les ventres et les cœurs

Et la lumière avec une blessure ouverte

 

La petite étoile éteinte qui vient se réchauffer

La nuit au bout de tes seins

Est reprise sous la coupe du noir total le lendemain

Le noir n’est qu’une illusion d’optique

Mais c’est la plus puissante des illusions de l’univers

 

 

Ne prends pas froid

Prends simplement garde à mon corps transparent

Si tu veux retrouver la faible voix du monde

Qui perce dans l’œil de la tempête




#309644 Courir ne pas

Posté par Vivien - 15 octobre 2015 - 01:38

Courir ne pas

S’arrêter Reprendre le fil

De ses pensées

Pendu au bout l’hameçon du rêve

Quelle prise d’air ou de terre

Jetant un œil l’œil intérieur

Pour s’éclairer creusant

Un nouveau passage avec ses griffes

Se trouant toujours retrouvant

Ici et là le visage d’une idée

L’inclinant l’embrassant l’étreignant

Avant de la laisser reposer immobile

Et repartant à fond de train

Par les galeries brutes de l’être

Modelant pour la millième fois

Ses parois, voûtes et rivages

Sans tapage extérieur en secret

Des hommes et des dieux

Préparant la demeure l’ultime demeure

Un point au milieu du vide

En son exact milieu une ouverture

D’où s’écoulera un chant à soi

Une petite chanson naïve quelques mots

D’amour comme un mantra

Offert à la nuit sans fin qui se réveille

« Courir ne pas

S’arrêter Reprendre le fil

De ses pensées… »




#308726 Bitume

Posté par Vivien - 29 septembre 2015 - 03:21

Le bitume brouille nos pas, il engloutit
La circulation de nos désirs morts-nés
Éteint les incendies de nos chapelles
Quand sonne la minuit ce souffle
Si caractéristique de nos frères il
L'étouffe, éponge leurs éclats de rire
Avec les klaxons et la voix des bars
De son fin voile de pluie - du rouge au vert
Il fait basculer la colère en longues traînées
D'Ensor ou de Turner - il est la larme
Qui sèche très lentement des mille nuits
Que nous avons passé à braver le ventre de la ville
Il est ce ventre retourné et criblé des mille visages
Dont le soleil a fini par refuser l'aumône
Ces visages qui ont été ou seront les nôtres
Bien que nous passions devant eux
Impérieux, ayant tout oublié de l'argent
Froid lancé vers eux par la lune.

Une source coure dans la bitume.
Selon ton imagination une forme
Morte ou pleine d'amour en sort
Si tu t'arrêtes assez longtemps.
Des pas d'enfants résonnent entre les gouttes
Jouant là où tes peurs s'ébrouent.
Tu as grandi, démesurément. Mais le bitume
Est encore plus grand que toi. Il coule
Partout dans la ville depuis que tu as brisé
Le sceau de ses rêves.




#308332 Improvisations

Posté par Vivien - 21 septembre 2015 - 07:04

J'aime beaucoup ces trois dernières impros, tu te rapproches du conte avec une simplicité surprenante et une pointe d'humeur bien à toi. J'espère que tu vas continuer sur cette voie !




#304344 Vers pour les mains

Posté par Vivien - 07 juillet 2015 - 02:52

Car tu m’invites à jouir sans coup

Férir, à m’allonger à plat ventre

Contre le vent de mes tourments et

Oublieux de tout cela qui me

Précédât (angoisses peines ou peurs)

Tête collée contre ta tête à

Toi, main perdue sur ta peau nue, é-

Treindre une teinte inédite de

Ce qui se nomme la vie ou l’a-

Mour, vocable que je n’ai jamais

Su apprendre, et pourtant présent à

L’œil de qui nous regarderait là ?




#303749 Vers pour les mains

Posté par Vivien - 27 juin 2015 - 12:41

En toute conscience avec les êtres qui me

Précèdent – Ramassé ramassis d’ordures

A la bordure de l’air qui prend pour soi

Chaque largeur chaque pointure d’un geste

Négligé tel un coup de stylet lancé dans

Le vide. Accusateur à force d’heures passées

En compagnie de tous leurs poils dressés en

Ligne – Afin de les peigner enfin quelle

Main faudra-t-il ? Existera-t-il fou pour

Se glisser en cette obscure forêt de pins

Plantés en guetteurs inutiles – fou ayant

Espoir d’en sortir ? Si tel être foule un jour

Les lignes de cette contrée que ces vers

En toute conscience lui soient envoyés.




#303060 Vers pour les mains

Posté par Vivien - 16 juin 2015 - 02:14

Merci beaucoup pour ton commentaire élogieux Pigloo. J'ai repensé depuis pas mal à ton image de mains cripsées, ramassée sur le rebord d'une page, libres aussi. Ca me plait beaucoup.
Voici le dernier petit poème en date de la série (je ne les poste pas tous, pour conserver une certaine frâicheur)

 

Vers pour les mains prisaient-il

N’importe quel petit poisson lové

Dans les recoins du corail ou bien

La sirène affalée sur son banc de sable

Blanc ? L’un ou l’autre tapi pêchant

En dilettante au bord de l’océan sans

Canne filet perche ou la moindre

Envie de déplanter les pieds de leur

Poste de plancton. Arriverait alors le

Soir et ses cargaisons pleines d’étoiles

Fraîches – A jeter sur leur visage comme

Rappel d’un rêve plus ancien même que

L’écume léchant la peau de leurs chevilles

A la fin d’une page couverte de lettres

Salées où circule le souvenir d’un

Dieu marin.