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Gabriel Monfort

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#239380 Ma testostérone a de la mémoire

Posté par Gabriel Monfort - 20 septembre 2013 - 03:15

Retour aux sources de l’incendie, bienheureux pyromane…

 

Allons voir la terre d'Abraham.
C'est encore plus beau qu'on le dit.
Y a des Van Gogh à Amsterdam
Qui ressemblent à des incendies.
On goût'ra les harengs crus
Et on boira du vin d'Moselle.
J'te racont'rai l'succès qu'j'ai eu
Un jour en jouant Sganarelle.

P.Perret

 

J'aime la poésie des sens et de leur scansion. Au fond, aussi loin que remonte ma mémoire, j'ai toujours su que l'expérience écrite dans les livres pouvats devenir mienne. Jusqu'au jour où j'ai commencé à avoir des souvenirs. Là j'ai compris pourquoi, avant, je savais pourquoi on les lisait, et maintenant je sais pourquoi on les écrit...




#239378 Le cercueil

Posté par Gabriel Monfort - 20 septembre 2013 - 02:53

Au delà de l'approche herméneutique, j'aime aussi cette poésie pour sa musique, entêtante comme une question, lancinante comme une réponse.




#239373 Sous le ciel des Éboulements

Posté par Gabriel Monfort - 20 septembre 2013 - 02:28

On ne peut qu'admirer la tenue littéraire et l'amour de la langue qui affleure chaque vers. Et puis cet exotisme du cousinage lointain d'un arpent de neige arraché au sol commun et qui réveille une petite musique intérieure qui nous chante "je me souviens".




#239372 Dans la nuit cimmérienne...

Posté par Gabriel Monfort - 20 septembre 2013 - 02:13

Hither came Conan, the Cimmerian,

black-haired, sullen-eyed,

sword in hand, a thief, a reaver, a slayer,

with gigantic melancholies and gigantic mirth,

to tread the jeweled thrones of the Earth

under his sandalled feet

 

R.E. Howard

 

C'est peu dire si j'apprécie la poésie des âges farouches, on retrouve là un souffle qui n'est pas sans rappeler Leconte de Lisle. Le lyrisme n'est plus à la mode, les milieux universitaires qui règnent en despotes sur les destinées de la poésie le méprise. Il est de bon ton d'apprécier la chaleur rectiligne des radiateurs plutôt que la flamboyance des feux de bois. Je vous remercie pour cette poésie de coureur des bois, de trappeur et d'archer, de guerrier et de magicien.




#239280 Ma testostérone a de la mémoire

Posté par Gabriel Monfort - 19 septembre 2013 - 09:02

Ma testostérone a de la mémoire
elle se souvient
des chants d'hormones
que moissonne le printemps
 
Elle se souvient
des soies de Chine et du Japon
des ocres d'Afrique
et des turbans
l'échancrure d'un tissu
la goutte de sueur
l'exotisme d'une épice dont le souvenir ravive
des odeurs plus intimes
des vins de soleil, des cuissons mijotant
 
 
J'aime les blés tendres
J'aime les blés mûrs
J'aime la terre meuble
 
Et le carrelage
où les jambes des femmes se mirent
dont on rêve le flou quand s'estompe l'image
de leur passage luisant,
les premières langueurs quand vient le vent
pollen des désirs,
achevant d'accomplir la propagation sublime
 
 
 J'ai pour cibles tes amours naissantes aux vagues de l'ennui
J'ai pour crible le tamis des mosaïques où ton regard se perd
J'ai pour bible l'index de ta table des matières
 
Je suis voyeur, aussi
voyant à l'occasion
voyou de circonstance
et je n'ai pas de scrupules à te prendre la main 
pour t'entraîner là où les regards se font feux
de tous bois
 
 
***



#239164 Ecrire

Posté par Gabriel Monfort - 17 septembre 2013 - 08:51

Ecrire?

Les mots seuls en trains de nuits
celui qui dit en garde-barrière
celui qui lit en garde malade
celui qui vit patiente

Tout devient poésie de l'impossible
écrire en transgression
du dépassement de soi immobile
mouvement perpétuel de l'horloge de l'espace

Arquer le désir pour déchirer les possibles
vouloir une liberté autre que la mort
n'y a t il pas d'autre objet que soi ?

Le Soi impossible
le toi impossible
le vous impossible
aussi

Car ici les mots ne disent pas

ils ne font qu'être ressentis
en prison, nés

en tisonnier
Lecteur cannibale
lecteur rêvé
lecteur entité
lecteur entêté

Invité à un festin
dont il ne partage rien
que le fumet
excitant la mémoire de ses papilles

Caressant les impossible
dans la tiédeur obscène
du regard qui boit
et qui croit...




#239055 Heptanèse

Posté par Gabriel Monfort - 16 septembre 2013 - 01:49

J'ai descendu le fleuve qui sépare nos deux pays

J'ai glissé sur l'onde et sur le fil de l'arpège

d'un avé verum

 

Sur les rives, la sauge oublieuse du temps

Se mariait à l'ombre des roseaux penchés

bordant le silence

 

De plumes blanches et de pétale de rose

J'ai vu le cortège des enfants couronnés

que l'on a pas eu

 

Sur la table de grès les verres de cristal

Brisés, ensanglantés, des cépages vermeils

que l'on a pas bu

 

Le marbre d'une alcôve aux draps de toile bleue

De misaine tendus, calfeutré de dentelle

fait feu de fuseaux

 

D'un village englouti j'entends sonner la cloche

Dont le bronze sonore a rendu compte à Dieu

du deuil des possibles

 

Mais c'est ton corps tremblant qui est mon port d'attache

C'est ton souffle haletant qui guérit les regrets

les rendant vivants

 

C'est ton sourire allié dans la course des ans

C'est ton cri qui s'inscrit dans l'étreinte fugace

de deux colibris

 

Car je ferai souvent, en rêve, en pleurs, en rires

Sans trêve au sang nouveau, le voyage en Cythère

au son des cithares

 

Quand je ne pourrai plus, que nos os seront vieux

On brûlera mon corps dans un drakkar de feu

descendant vers toi

 

Sur ce fleuve éclatant, miroitant de lueurs

J'embraserai le Ciel, dans un dernier reproche

un dernier défi...