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Alfred

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Hors-ligne Dernière activité : juil. 17 2021 07:30

#390643 Entretien exclusif avec Casimir Kubiak !

Posté par Alfred - 13 juillet 2021 - 06:23

Rien de plus difficile que d’obtenir un entretien avec Casimir Kubiak, le plus non-célèbre des poètes anthropologues. C’est après une longue série de supplications, d’une infinité de détournements, d’insultes et d’excuses qu’il a enfin décidé de nous accorder un entretien pour la non-publication de son recueil, un non recueil non-écrit destiné à la non-publication. Nous voilà chez lui, il est en robe de chambre dans son non-lieu d’habitation. L’homme a changé depuis notre dernière rencontre. Mais diantre ! Qu’est ce qu’il est toujours aussi laid ! Il n’a jamais eu l’air particulièrement vif mais là il a encore plus une tête de con. Sans parler de l’odeur...

 

Alfred : C’est un immense plaisir de vous revoir mr. Kubiak. Comment allez-vous depuis la dernière fois ?

 

C.K. : Ça va plutôt pas mal. J’ai non-vécu le confinement et je n’ai d’ailleurs aucun avis à donner là-dessus. Arrêtez de me filmer sinon j’arrête tout de suite l’entretien ! Salopard ! Cochon !

 

A : Ok je coupe la caméra ! Non, ne vous levez pas ! Vous êtes encore plus laid debout ! Mais je vois que vous êtes toujours aussi aimable… Pourquoi on ne vous voit plus sur internet ?

 

C.K. : Je suis devenu conscient qu’imaginer que ma pensée puisse ne que frotter numériquement, par la proximité d’un nom de domaine, la main d’Amazon me révulse. Le succès d’Internet se fait sur le commerce et la pornographie, qui ne sont d’ailleurs qu’une seule et même chose. Me projeter à travers la création de petits tocards californiens, ou même de petits bourgeois français qui sortent d’écoles de commerce avec leur cul crasseux qu’ils font laver par le sous-prolétariat me fait vomir. C’est ce même sous-prolétariat qui lave leur cul dégueulasse et qui les nourrit à vélos, à travers leurs applications de demeurés tout-puissants. Cette saloperie de bourgeois bouffie par l’orgueil. Et c’est une obésité qui n’a même pas la beauté du ventre rond du satrape, vu que ces crétins font aussi du vélo ! Et pourtant ils sont tout aussi cruels et sadiques que les satrapes ! Et ce qui est atroce, c’est qu’ils n’ont même pas l'honnêteté du tyran qui se sait tyran et qui pointe du doigt à son esclave le siège où celui-ci doit s’asseoir.

 

A : Vous êtes toujours aussi violent et catégorique ! Vous pensez qu’il n’y a rien à sauver d’Internet ?

 

C.K. : Ce n’est pas à moi de juger ce qui est à sauver ou non. Je m’en tamponne, je m’en balek. Je ne pense pas que la fin du monde va arriver, elle est déjà arrivée. Et elle ne pourra toujours qu’être en cours, la fin du monde en cours n’ayant pas de finalité. Internet et le numérique ont en revanche accéléré la temporalité de la cadence de cette non-fin du monde en cours.

 

A : La fin du monde en cours n’a pas de finalité ? Vous vous êtes mis à lire de la philosophie ? Pourtant, quand on vous voit et quand on vous écoute, on doute largement que vous soyez capable de comprendre quelque chose…

 

C.K. : C’est vrai. Quand je me regarde, je ne vois rien. C’est ce qui me désespère d’autant plus car je dois tout de même me rattacher à l’espèce humaine. Si je suis ce que je suis et que je suis humain, je perds un espoir que je n’ai même pas.

 

A : Hum… Parlons de votre non-recueil destiné à la non-publication. Ou en êtes-vous ?

 

C.K. (il soupire) : Bah… Je suis un écrivain post-moderne, un écrivain fragmentaire. C’est le nom moderne qu’en littérature contemporaine on donne à la paresse. Mais j’ai le mérite d’éviter les écueils des lieux communs contemporains d’où qu’ils viennent. Vous savez, c’est mon honnêteté qui fait ma force. Un homme honnête peut être une parfaite ordure mais il ne s’arrête pas, c’est une force. Disons qu’avec de la discipline j’aurai pu être un de ces grands hommes dont on parle dans les livres d’histoire : Einstein, Darwin, Newton... Et c’est évidemment l’absence de discipline qui m’a sauvé d’être un grand homme. En fin de compte, c’est une véritable grâce. Mais disons que je travaille sur un non-texte d’une extrême non-importance.

 

A : Très bien… Que pensez-vous de la poésie contemporaine ?

 

C.K. : Beaucoup de mal, très peu de bien. La quantité de déchets de la poésie contemporaine est comparable à la quantité de déchets de la poésie de n’importe quelle époque. Et je pense cela de l’art tout court. En ce qui concerne la vérité de l’art je ne pense pas en termes d’époque. C’est une question qui n’a pas lieu, c’est un non-lieu. Il est vrai qu’il est agréable et extrêmement facile de se moquer par exemple de la FIAC ou d’un grand nombre de revues contemporaines de poésie, c’est une véritable jouissance mais cela doit rester un passe-temps. Car bon Dieu ! Comme c’est bon de cracher de temps en temps ! Mais comme toute jouissance elle a sa gueule de bois et ses regrets, et comme tout passe-temps c’est un passe-temps vain. Et la vérité se soucie peu de ce qui est vain car elle ne passe pas et qu’elle n’est pas un passe-temps. La vérité est en somme insensible à la plaisanterie en son nom.

 

A : Vous pouvez arrêter de lâcher des caisses s’il vous plaît ? Ou genre juste vous laver les dents, là ? Enfin bon… Vous estimez que la critique n’a pas de sens ?

 

C.K. : Je n’ai jamais dis cela. Il faut distinguer la critique de la recherche de la vérité. La critique c’est un système par rapport à un autre. La jouissance esthétique de la critique, par exemple comme acte dandy si vous voulez, c’est de montrer la bêtise d’un système en lui montrant son reflet. Edgar Poe illustre ça parfaitement dans je ne sais plus quelle nouvelle. Mais je ne suis pas un dandy car je ne suis pas un être singulier, et rechercher à ne plus être singulier honnêtement, complètement, c’est s’intéresser à la vérité. C’est être le criminel, le héros, l’ordure et le saint. Les mystiques savent cela, et il y a des mystiques. J’ai toujours rêvé être un mystique, j’ai toujours voulu être le mystique, mais je me suis aperçu que j’en étais incapable. C’est pour cela que j’aime autant les mystiques.

 

A. : Vous pensez qu’il n’y a pas de poésie sans mystique ?

 

C.K. : C’est évident.

 

A. : Que répondez-vous alors aux poètes qui vous disent qu’ils ne sont pas mystiques ?

 

C.K. : Si ils sont vraiment poètes, c’est qu’ils sont mystiques sans le savoir. Ou alors on est malhonnête, ou alors on voit autre chose dans ce que je dis, ce qui est parfaitement acceptable. Je suis parfaitement conscient des limites de ce que je suis capable d’exprimer.

 

A. (petit rire) : En gros, vous pensez tout de même détenir la vérité ?

 

C.K. : Je recherche la vérité, je ne cherche pas à la détenir. C’est un non-sens que de croire détenir quelque chose d’infiniment partagé. Ça n'a rien d’une affaire personnelle.

 

A. : Mr. Kubiak, gros con, si vous me permettez l’expression, si quelque chose est infiniment partagé, c’est que cette chose est déjà présente et infiniment présente. Pourquoi rechercher ce qui est déjà là et infiniment là ?

 

C.K. : Espèce de petit trou du cul de sophiste. Casse-toi de chez moi avant que je te fasse avaler ton smartphone d’esclave ! Pouilleux ! Start-upper ! Macroniste ! Gauchiste ! Fasciste ! Déicide !....

 

J’ai dû couper l’enregistrement audio et m’enfuir au plus vite de la non-habitation de Mr. Casimir Kubiak car il se ruait vers moi en m’injuriant et s’apprêtait à me frapper avec une bouteille de picon bière. Je tiens à préciser à nos lecteurs de TLP que je suis toujours vivant et en bonne santé. Je ne compte pas porter plainte. J’ai depuis repris contact avec Mr. Casimir Kubiak, qui m’a assuré sa plus parfaite sympathie. Bonne fête nationale à tous nos lecteurs !




#390629 Service après vente de la poésie

Posté par Alfred - 12 juillet 2021 - 06:53

Il est certain que nous ne savons pas. Il est pourtant certain qu'ils savent.

 

L'humour est un esprit, ce n'est pas une intellectualité. Il n'y a pas d'humour dans le poème mais il peut y avoir un rire car le rire précède largement l'humour.




#390626 L'E insupportable

Posté par Alfred - 12 juillet 2021 - 06:18

Merci ! Et oui Larcenet a fait un très bon boulot avec Blast !




#390615 Prix

Posté par Alfred - 12 juillet 2021 - 01:09

Attention, car de la Terre-Neuve-et-Labrador jusqu'en Colombie-Britannique l'absence de caribou peut toujours cacher la présence du caribou !




#390614 L'E insupportable

Posté par Alfred - 12 juillet 2021 - 01:02

L’E, bouffie par l'obésité de sa bêtise, continue de me poursuivre. Il ne fait que parler, parler alors je lui dis de partir et puis il revient toujours aussi mou, toujours en parlant, toujours aussi bavard. Il dit qu’il n’est personne et qu’il voit le monde. Il me demande ce que je pense du monde, je lui répète pour la millième fois ce que je pense du monde et déjà il m’a coupé la parole et déjà il se met à crier dans mon oreille ce qu’il pense du monde. Je suis peut-être la dernière personne à qui il parle tellement on le trouve irritant, tellement on le trouve bête et proprement insupportable. Il revient toujours en s’excusant, je l’excuse et le cirque reprend : qu’est ce que tu penses du monde ? Moi je pense cela du monde mais toi qu’est ce que tu en penses ? Et tu penses vraiment ce que tu dis ? Car voilà ce que j’en pense ! Il dit cela en fouillant ma commode et en jetant tous mes vêtements par terre, il jette ma PS4 sur le sol tout en parlant sans arrêt et en repartant il se met à s’excuser sur le seuil de la porte et il repart sans la refermer. L’E ne pense pas mais se dit fier de penser. Rien de plus décousu, de plus nombriliste et de plus clos que la pensée de l’E, ce dont il s’excusera, puisque par moments il en est conscient. D’ailleurs, les moments où l’E est conscient de ce qu’il est sont peut-être les pires moments. Ils sont propices à un bavardage particulièrement irritant et insupportable.
Quand il m’arrive de présenter l’E a d’autres gens, je choisis des gens particulièrement patients, et même ceux-là il arrive à les pousser à bout. Je n’ai qu’une envie en présence de l’E c’est de disparaître, et quand je disparais il prend ma place, ce qui est encore plus gênant et c’est bien pour cela que je prends soin de ne pas disparaître totalement car c’est qu’il prendrait totalement ma place. Je dois m’excuser pour l’E auprès des autres gens, si bien que je passe ma vie à écrire des lettres d’excuses plutôt que des poèmes et l’E rit en me disant que c’est mon œuvre. Et quand il voit la somme de lettres d’excuses écrites, il se met à rire de plus belle en me qualifiant d’écrivain fragmentaire. Mais c’est de la faute de sa bêtise si je suis un écrivain fragmentaire qui n’a pas le temps de parler de choses sérieuses, belles et profondes et qui je crois peuvent intéresser un grand nombre de personnes. Quand je lui dis cela il me répond que grâce à lui je n’aurais jamais le problème de la page blanche et que je n’aurai jamais à me triturer la tête pour chercher un thème sur lequel écrire. Mais qui ça peut bien intéresser de parler de l’E alors que j’ai déjà du mal à intéresser les gens quand je veux parler de choses que je pense belles et profondes ? Qui ça peut bien intéresser sinon l’E lui-même et est-ce que ce n’est pas une stratégie de sa part pour que l’on parle de lui et de ce qu’il pense du monde ? Est-ce qu’il ne veut pas que je me mette à bavarder comme lui et est-ce que là il n’est pas en train de prendre ma place ?
Car l’E se voit évidemment comme un artiste et il croit penser qu’un artiste est un monde clos, un monde qui ne tolère que le sien. Ce que je trouve finalement intéressant et c’est pour cela que je ne le chasse pas totalement. En vrai parasite néfaste, c’est que l’E est en effet trop insupportable, trop bavard, trop inconstant pour soutenir ou enrichir les autres. Il les voit à la mesure de ce qu’il est : flou et incohérent. Il les voit comme la possibilité de dérouler le flot de mots irritant qu’il est. Il y trouve une justification. En cela il a raison de se présenter comme personne, et en cela il a une certaine force bien que ce soit une force de nuisance et de bavardage. Il faut un certain sens esthétique ou une grande patience pour ne pas lui foutre sur la gueule, et encore ! J’ai connu des dandys au sens esthétique prononcé qu’ils lui ont mis sur la gueule, j’ai connu des gens très patients qui lui ont arraché ses lunettes pour les briser sur le sol ou pour lui placer quelques coups de poing dans l’estomac. Et pendant cela il leur demandait encore ce qu’ils pensaient du monde en ne parlant que de ce qu’il pense du monde. Il était même heureux d’avoir été une source de défoulement, il les encourageait à le frapper. Voilà qu’on s’intéresse à lui, voilà un flot de mots à entretenir.
Heureusement que l’E vit dans un monde clos, je me demande ce que donnerait l’influence de la bêtise de l’E à l’échelle de la société. Une société peut fonctionner avec des parasites, il y a même des parasites nécessaires, mais avec une multiplicité de parasites comme E je m’attends au pire. Il n’y aurait que du bruit et des bavardages, on ne parlerait que de ce qu’on croit penser. Il y aurait des artistes aux mondes clos partout et plus de frontières pour la bêtise ! Un flot de mots continu, entretenu par des flots de mots où l’on se pose sans arrêt la question de la nature des flots de mots, où l’on n’arrête jamais de parler pour ne rien dire, au sens littéral de l’expression !




#390502 Prix

Posté par Alfred - 08 juillet 2021 - 07:19

Il faut passer à côté du danger, voir un livre dans le danger, un danger dans tous les dangers, tous les dangers dans un livre. Je n’ai pas d’avenir en passant à côté du danger. Un examen approfondi de la poésie contemporaine à partir de ce que je sais de la poésie et de ce que j’en pense, à partir de la poésie contemporaine que je fais, me fait comprendre le danger de ces livres édités de façon contemporaine et dynamique, de leur avenir. Une simple phrase de Péguy, car Péguy dans sa vie si courte n’a écrit qu’une seule phrase et cette phrase est son style, cette phrase m’a très bien fait comprendre qu’il n’y a pas d’avenir. Mais cela c’est ce que je pense, et il y a une infinité de Péguy dans l’universel. Et dans tous les dégoûts, mais cela n’est pas de Péguy et cela n’est pas Péguy, il y a de la rancune et combien d’avenir à la rancune. Et combien rancunier peut être celui qui accuse quelqu’un de rancune. Combien orgueilleux peut être celui qui dans son bon droit croit accuser quelqu’un d’orgueil. Dans la catastrophe du Nobel de Beckett, combien y-a-t-il de lecteurs de Beckett et d’écrivains lecteurs de Beckett qui aspirent au prix Nobel ? Et dans les lecteurs de Rimbaud et les écrivains lecteurs de Rimbaud combien y en a-t-il qui espère vendre leur recueil ? Il y a cet écrivain ou ce poète qui écrit son recueil, qui le publie, et l’écriture de son recueil ou de son roman, et la publication dynamique et contemporaine de son recueil ou de son roman, c’est l’écriture et la publication de ce recueil ou de ce roman qui se lève pour récupérer son prix, lui le lecteur de Beckett et de Rimbaud. Et ce prix est peut-être le prix le plus prestigieux du monde. Et quand il récupère ce prix et ces lauriers, et quand il sourit en le récupérant et qu’il se met à discourir ensuite d’un air grave et profond en citant Artaud et Lautréamont, pour les plus ambitieux de ces champions, que fait-il ? Il remercie une partie de l'humanité a avoir été et il les encourage à être, parce qu’il parle d’avenir, parce que dans tous les prix il n’y a que de l’avenir. Parce qu’il n’y a rien de plus commun et de moins universel que l’avenir. Il n’y a rien de plus dangereux qu’un livre primé comme il n’y a rien de plus triste qu’un écrivain orgueilleux et rancunier. Voilà que l’écrivain primé de son prix prend sa revanche sur l’universel, voilà qu’il en appelle à l’histoire de la littérature, voilà qu’il dit qu’il y prend sa place, qu’il la mérite. Et voilà que l’écrivain orgueilleux et rancunier dit que son absence d’écriture, son absence de publication lui donne toute sa place dans l’histoire. Tous ces dangers forment l’avenir et l’avenir des livres, tous ces dangers tellement dans l’histoire. Et dans l’histoire il y a ceux qui creusent, et qui creuse trouve. Et ils trouveront dans l’histoire, comme il leur est permis dans l’avenir de trouver dans l’histoire, celui qui mérite un prix. On donne un prix aux morts, on donne des noms de morts aux prix et on dit : cela est l’histoire, cela est l’avenir. Mais voilà un grand danger, voilà un danger qui a vécu, qui vit et qui ne meurt pas. Voilà un danger qui ne tue pas celui qui est mort et qui veut mourir, et qui prend sa dépouille pour en faire de l’avenir et qui en fait une histoire de l’avenir. Voilà la grande histoire de l’avenir où l’avenir est commun, où l’on a pu dire : à cet époque il y avait cet homme et il n’y avait pas d’homme en dehors de ce prix. Et voilà le grand danger de l’éditeur qui prend l’écriture du recueil et la vie du mort et qui le publie contemporainement et dynamiquement : pour le faire vivre et pourquoi pas lui donner un prix. Et aussi orgueilleux, aussi rancunier que peut l’être l’auteur mort de son vivant, il cherche à lui donner un prix. Et il lui donne un prix à la mesure de ce qu’il estime un prix : à sa propre mesure contemporaine et dynamique. A sa propre mesure et à l’inverse même de ce qu’il peut penser, de ce qu’il ne peut que s’avouer à lui-même, il donne un prix d’une œuvre maintenant contemporaine et dynamique. Voilà qu’on l’affiche, voilà qu’on le loue, qu’on le prête, qu’on le donne, dans l’environnement de notre avenir contemporain et dynamique. Et combien est encore plus orgueilleux et rancunier celui qui croit penser cela tout seul parce qu’il l’a pensé. Combien est rancunier et orgueilleux celui qui croit avoir une pensée originale : celui-là qui s’attribue son propre prix. Combien est rancunier et orgueilleux celui qui s’inscrit de lui-même dans l’avenir et qui, voyant l’histoire de l’avenir et l’histoire de l’avenir advenir, s’inscrit de lui-même dans l’histoire. Car c’est l’écriture de son roman ou de son recueil qui vient se donner son propre prix, malgré tout son dégoût de l’avenir contemporain et dynamique. Combien cela est dangereux. Il n’y a pas d’échelle dans l’universel mais combien est petit celui qui se pense seul et qui ne donne qu’à lui-même. Combien sont grands ceux qui n’ont pas de prix et combien sont-ils d’autant plus grands devant ceux primés. Combien sont grands aujourd’hui les oubliés de l’avenir et combien sont grands aujourd'hui les oubliés de l’histoire de l’avenir. Car il n’y a pas de mesure dans l’universel autre que la pleine mesure de l’universel.




#390357 Débit de bétises...

Posté par Alfred - 04 juillet 2021 - 01:39




#390286 Il a plu longtemps

Posté par Alfred - 01 juillet 2021 - 08:55

Ce qui tombe est comme ce qui creuse.




#390285 Service après vente de la poésie

Posté par Alfred - 01 juillet 2021 - 08:53

Il est certain que nous ne savons pas. Il est pourtant certain qu'ils savent.




#390282 Il a plu longtemps

Posté par Alfred - 01 juillet 2021 - 08:20

Il a plu longtemps : je me suis dit que voilà quelque chose d’honnête. Je ne pense pas pouvoir arrêter la pluie, j’apprécie la compagnie des cours d’eau et leur musique psychédélique. Je n’ai jamais pensé pouvoir arrêter les fleuves mais j’ai souvent souhaité arrêter le cours de ma pensée. On peut regarder toute sa vie le cours de sa pensée comme un enfant regarde un adulte. Je dis cela alors qu’il y a bien longtemps que je ne sais plus ni ce qu’est un enfant, ni ce qu’est un adulte. Je me suis arrêté lorsque la pluie, et il a plu longtemps, s’est arrêté. Je suis toujours près de ce cours d’eau, de ces nombreux cours d’eau dont j’apprécie la compagnie. Ce sont des toiles en mouvement, une musique psychédélique, je ne pense pas en tirer d’enseignement sur ce qui est lumineux ou sur ce qui est obscur : je n’ai jamais pensé pouvoir arrêter les fleuves. J’ai pu pointer le doigt vers le fleuve et lui dire : toi tu es un fleuve et moi j’ai été un enfant puis un adulte. Je n’ai jamais pu dire au cours de ma pensée : toi tu es le cours de ma pensée. Je n’ai jamais pu dire cela parce que j'aurais dû m'arrêter et je n’ai jamais réussi à arrêter le cours de ma pensée bien que j’ai souvent souhaité arrêter le cours de ma pensée. Et quand je dis souvent c’est autant de fois qu’il a plu et qu’il s’est arrêté de pleuvoir. C’est-à-dire longtemps. Dans le temps de cette pluie je me suis dis : voilà quelque chose d’honnête. Voilà une pluie qui m’a tout l’air d’être honnête. C’est une pluie dont je veux serrer la main, lui serrer chaleureusement la main et puis la remercier de son honnêteté. C’est ce que je dois à cette pluie. Je ne veux pas penser tirer d’enseignement sur ce qui est lumineux et sur ce qui est obscur, je ne veux pas en être capable, ce serait trahir la grâce de la pluie dans toute sa durée, ce serait trahir ce qu’elle a de chaleureux, ce serait comme retirer ma main de la poignée chaleureuse que je veux porter à la pluie. Ce serait comme fuir la compagnie du cours d’eau et de ces nombreux cours d’eau dont j’apprécie la compagnie. Et combien ces cours d’eau me sont précieux. Combien ces toiles en mouvement, cette musique psychédélique, me sont plus précieuses que le cours de ma pensée. Et je voudrais que et l’enfant et l’adulte lui serrent la main sans qu’ils se disent : voilà quelqu’un qui s’en va en serrant chaleureusement la main sans le penser. Je ne voudrais pas qu’ils se disent : voilà quelqu’un qui a pointé le fleuve du doigt pour lui dire qu’il est fleuve et qui n’a pas remercié la pluie, dans toute sa durée, de son honnêteté, et voilà qu’il s’en va suivant le cours de sa pensée et que même parfois il souhaite arrêter le cours de sa pensée. Non, ce ne serait pas juste, ce ne serait pas ce que je veux. Je veux rester aussi près de l’enfant et de l’adulte et des cours d’eau que l’est la pluie. Même si cela fait bien longtemps que je ne sais plus ce qu’est un enfant ou un adulte, je sais encore ce qu’est un cours d’eau et j’ai vu longtemps la pluie pleuvoir honnêtement. J’ai vu longtemps la pluie pleuvoir et il a plu longtemps.




#390278 La poésie mal aimée

Posté par Alfred - 01 juillet 2021 - 06:44

je me souviens des cours de français:

Il y avait au programme officiel 2 oeuvres: Le spleen de Paris et le désert des tartares

 

le prof avait toutes les peines du monde à nous faire travailler ces deux auteurs...

nous étions trop occupés et ce, pendant ses cours,

qui à sa prochaine colle de maths, qui à son problème de physique...

Bref, nous n'avions rien à faire de ses palabres  tout en étant très respectueux.

 

Il piqua une crise poétique et se mit à déclamer la chanson du mal aimé devant la classe médusée.

Nous le regardâmes fixement et attendîmes la fin pour reprendre nos activités de taupins 

 

Pourtant, je jure que j'ai aimé le spleen. Etais-je le seul de mes camarades ?

 

On a retrouvé votre professeur après le cours. Voici l'entretien qu'il a eu avec mes collaborateurs :

 




#390118 Sans objet

Posté par Alfred - 24 juin 2021 - 01:29

Mon véritable problème c'est le manque de discipline. Sinon je n'ai jamais lu Blanchot, j'avais commencé il y a longtemps Le livre à venir, mais je ne l'ai pas fini.




#390101 Sans objet

Posté par Alfred - 23 juin 2021 - 04:38

Si il est impossible de donner un objet à un texte, ce n’est pas forcément que le texte est l’objet.

 

Je dors dans tes yeux universels.

 

Si il est difficile de sortir de l’enclos des mots les plus génériques qui soient, ce n’est pas non plus par manque d’imagination, mais plutôt du dédain pour l’imagination, pour sa magie inopérante et prétentieuse, pour les bouffées délirantes des images.

 

Rien. Lumière artificielle sur ton visage. Je cherche ton visage.

 

L’imagination fascine et est fascinante pour tout ce qu’elle ne vit pas. L’imagination est fascinée par tout ce qu’elle n’est pas et vend très bien ce qu’elle est. Elle donne le change à la mesure de sa valeur. Tu es imaginée, tu échanges ce que tu imagines, on te prend pour ce que tu imagines, vous vous imaginez. On peut parfaitement s’imaginer honnêtement, on peut en être très heureux.

 

J’ai dit une plaisanterie. Nous sommes tous les deux tombés dans un puits qui fuit. Tu es remontée du puits.

 

Il n’y a pas à proprement parler de remède à l’imagination, je ne pense même pas que ce serait souhaitable. Peu  importe si la rupture du texte avec l’imagination lui amène le succès ou l’échec. Plus que de parler de texte autonome il faudrait parler de texte autistique. Ce n’est pas un texte vivant. Un texte est incapable de se donner la mort.

 

Je suis recouvert d’une nuit secrète. Il n’y aurait rien de ce que je n’ai pas vécu.

 

Est-ce que pour autant qu’un texte sans imagination est un texte authentique et intègre, profondément concentré à se tenir debout, profondément pensé ? En fait, je ne pense pas qu’un texte se pose des problèmes d’écrivain. Je ne pense pas que le texte puisse s’estimer aussi fatigué que je le suis. 

 

Le rien est malléable et troué. 

 

A quoi rime toutes ces dédicaces dans ces recueils de poèmes et ces romans ? Des tentatives de séduction, des recherches de protection ? Ces textes ont donné la mort et aujourd’hui ordonnent la mort. Bien sûr qu’ils ont du sens, ils ont eu instantanément du sens et ils donnent encore du sens.

 

La lumière artificielle s’est éteinte. Il y a une lumière artificielle dans ce que je pense. 

 

La donnée numérique rend le texte encore moins précieux. J’aurai été un mort heureux sans ordinateur, j’aurai même pu être croyant. Enfin, croyant autrement que je le suis. J’aurai été imaginatif et moins troublé, moins ridicule j’en suis sûr !

 

Le rien me roue de coups. On me roue de coups dans le noir.

 

Prenons l’ensemble de ces textes, maintenant imaginés et parfois non imaginés. Voilà le mien, me voilà dans un texte, fait par le texte. Nous voilà dans un tout petit ensemble de textes dans un plus grand texte. Dépendant d’un texte sans objet, d’un texte numérique infiniment désordonné.

 

Je dors dans tes yeux noirs universels.




#390035 test

Posté par Alfred - 21 juin 2021 - 12:23

Désolé je n'arrive pas à supprimer les messages !




#390017 la bible

Posté par Alfred - 21 juin 2021 - 12:33

non alfred, je ne pense pas dans l'immédiat me lancer dans l'exégétique.

 

c'est une discipline à part entière et on peut y passer sa vie entière, ce que je ne souhaite pas.

 

( par contre, je connais un peu certains auteurs qui ont fait de l'exégèse, comme maître eckhart. )

 

Ce serait vraiment impressionnant si tu étais capable de la réciter en hébreu à l'envers tout en jonglant avec la pléiade de jean d'ormesson et l'intégrale des romans d'Amélie Nothomb.