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Christine Luce

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Hors-ligne Dernière activité : févr. 25 2017 04:45

#331276 L’état d’âne

Posté par Christine Luce - 25 février 2017 - 04:46

Pergaud, Chevallier, et le cancre à l'école, génie dans la nature, ou Gavroche débrouillard, la gravure jointe date de 1826, réalisée par un pédagogue, l'intitulé est de lui. Je ne suis pas sûre que Prévert n'ait pas seulement répété. Et j'aime Prévert, il a eu raison de répéter une autre vision du cancre.




#331271 L’état d’âne

Posté par Christine Luce - 25 février 2017 - 02:49

Merci, c'est gentil de me rassurer, mais je ne me justifiais pas, une mise au point et à plat, afin de répondre à ceux qui ont bien voulu me lire et commenter, et je les en remercie.




#331267 L’état d’âne

Posté par Christine Luce - 25 février 2017 - 02:34

Difficile d’apprécier justement les commentaires quand d’une part, leur concision réduit leur clarté explicite, d’autre part, parce que nouvelle ici, je ne connais pas le discours des intervenants au fil des statuts postés jour après jour. Ce préambule avant de vous répondre, et en particulier à Victorugeux à propos de redites, dont je ne sais pas s’il reproche l’ordinaire du sujet, juge la répétition usée, ou seulement parle en son nom de sa propre perception. Vous m’excuserez tous, j’espère, de non seulement répondre longuement, mais aussi de mes erreurs d’interprétation.

Je vous épargnerai mes conceptions de la poésie, pour quelles raisons j’en écris, et le désir trouble de la publier, mais j’aimerais préciser deux ou trois choses à propos de ce poème en particulier. Je l’ai écrit sonnant et trébuchant, une musique simple et légère pour un thème animalier qui me plaît, anthropomorphique ici. L’âne, le véritable, n’a que faire de mon interprétation, il suit son bonhomme de chemin quand on lui en offre l’occasion, vit une existence misérable d’animal domestique autrement.

À propos de redites, que dire ? Si elles semblent implacablement reproduites, les redites ne sont pas d’inexorables piétinements au même endroit du sillon, à moins d’estimer l’humanité incapable de se mouvoir et la progression de l’individu négligeable. Répéter ne me vexe pas, je ne me considère pas comme une inventeuse ou une pionnière, ma quête personnelle m’oblige à chercher le mot parfait pour contenir l’idée parfaite, mais seul l’acte de création est parfait, j’ai retenu cette unique leçon. Après un entretien passionnant sur l’art au début du XXe siècle mené du coq à l’âne, Marcel Mariën achevait par une phrase lapidaire « Tout reste à dire » et, en quatre mots, remettait en perspective relative son discours. Modeste et brillant.

 

Enfin, c’est vrai que je n’en fais qu’à ma tête, poète ou non. :-)

Merci de votre attention.




#330965 L’état d’âne

Posté par Christine Luce - 17 février 2017 - 12:15




L’âne est une bête à ravir,
quatre vernis, il est chaussé.
Il ahane et peine à gravir
une marche au rez-de-chaussée.
 
Martinet, badine ou férule,
et bonnet si vous le vouliez,
peu lui chaut, la tête de mule !
Sans peur, il braie sur le palier.
 
Mais d’un ami sent la fêlure,
il recule au fond de la cour,
reclus n’espère aucun secours ;
l’âne en pleurs panse sa blessure.


 
 
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Nicolas Toussaint Charlet : Enfants faisant l’école buissonnière et brûlant les instruments de la répression du
maître, 1826.




#330878 L'état d'exil

Posté par Christine Luce - 15 février 2017 - 05:31

spilliaertbuveusebandeau-680x250.jpg

Léon Spilliaert, La buveuse d’absinthe, 1907, détail.

 

L’état d’exil
 

Ces derniers temps, dans le miroir, vit une autre femme. À travers la claie de cheveux cendreux qu’elle démêle impatiente, apparaissent des yeux de plomb minés dans le teint terreux ; son regard a consumé sous la taie qui s’étale quand il cède à la fatalité. Trop tard. Elle murmure qu’il est trop tard pour s’exalter sur le chemin qu’on foule au pied, plein d’ardeur, à l’âge où l’espoir encore invente une éternité pour prendre cœur. Le sien grippe et s’essouffle, il bat la chamade, et terrassé par la mémoire embourbée, piétine. Sauf à brandir les panneaux que rédigent les orateurs comme les intertitres dans un roman filmé sans paroles, sauf en élevant le pouce applaudir en silence, sauf à maintenir l’illusion de suivre une communauté dans ce monde qui s’effondre, l’exil l’accompagne en enfer quand vient la nuit. À contre-pied dans le courant, ses châteaux se délabrent sous les coups de boutoir de la raison, laquelle ordonne à chacun de se satisfaire en solitaire. Le rêve évanoui l’abandonne au plaisir obscur d’accomplir la tâche assignée des utilités. Privée d’utopie, dans le miroir elle dépérit du carcinome en état d’urgence qui la ronge.

 

Des jours, là, en 2015, 2016


 

 




#330877 Fabulanimale

Posté par Christine Luce - 15 février 2017 - 05:22

Carpe diem...

 

 

 

Le vœu de la carpe
aspire à pondre en silence.
Un cœur, œuf dans l’eau.

 

 

 

 

Yashima-Gakutei-courtisane-carpe.jpg

 

Yashima Gakutei (1786? – 1868) : Courtisane assise sur une carpe.




#330708 L'orange

Posté par Christine Luce - 10 février 2017 - 08:03

Lilla-Cabot-Perry-Portrait-of-a-Young-Gi

Lilla Cabot Perry (1848 – 1933) Portrait of a Young Girl with an Orange, détail.

 

 

Peler une orange.

 

Et me retrouver à l’endroit exact de la cuisine, à Landrecies, quand malhabile pour l’éplucher, je coupais l’orange en quatre au couteau dentu. L’odeur pénétrante de l’agrume pendant que je rognais les quartiers jusqu’au blanc, le jus astringent qui me piquait les lèvres et coulait dans mon cou. Sur la table, au côté de ses pépins alignés, reposait le petit cœur double de son centre que j’avais détaché pour l’avaler à la fin. Les doigts poisseux, j’allais à l’évier rincer au robinet les dégâts et calmer la brûlure de mes égratignures, le parfum demeurait incrusté jusqu’au soir.

 

À chaque orange, le souvenir de la première s’interpose.

 

 

 




#330487 Entrefilet de sauriens à la sauce Escher

Posté par Christine Luce - 06 février 2017 - 08:40

escherbandeau2.jpg
 
 



« Les événements se précipitent, la fin du mois en 2016 a été avancée au huit. L’écart républicain s’accentue au grand-angle, lune gibbeuse et nombreuses éclipses prévues. L’année ne sera pas bissextile quoiqu’en disent les calendriers publicitaires illustrés de chatons jolis, pompiers à moitié nus ou flore menacée.

 

– N’écoute pas, elle est camée, Léon ! »

 

 

Essai de langue protractile en janvier 2016.

 
 
 
 
 
 
 
Note à propos du bandeau : Sterren (Étoiles), gravure sur bois en noir et vert, original par Maurits Cornelis Escher, octobre 1948.




#330362 Le ressac

Posté par Christine Luce - 02 février 2017 - 11:24

hoffmeister-aldolf-Im-Sternbild-der-Fish

 

 

 

 

Le ressac serre au nœud coulant
vent sous vergue il balance au temps
quand le chagrin piquait les yeux
d’un peu d’écume au goût salé

 

le nœud coule et balance au vent
vient à la rive au gré du temps
la larme à l’assaut des châteaux
noie les méandres du râteau

 

le temps file au vent sous la vergue
mouchoir et chevelure emmêle
entre ses dents le sable glisse
un goûter au creux de la dune

 

l'enfant patauge à l’orée du temps
s’enivre au jeu des grains sous le vent
quand le sable engloutit son chagrin.

 

 

 

 

Adolf Hoffmeister, Im Sternbild der Fishe (Dans la constellation du poisson), 1963, un détail.




#330284 Un jour, là

Posté par Christine Luce - 31 janvier 2017 - 06:32

Merci pour vos saluts sur le seuil et votre hospitalité souriante.




#330253 Un jour, là

Posté par Christine Luce - 31 janvier 2017 - 01:08

fillepoubellebandeau-680x250.jpg

 

 

j’écrirai aux encombrants,
aux poubelles près des bancs
des mots grotesques et souillés
des cadavres gras de noyés

 

je hurlerai que je vous aime
en hématome post mortem
au doux creux de la bouche brune
endormie des fosses communes

 

d’anonymes ensevelis
mes frères humains dans leur lit
de mes humeurs et de ma chair
sans m’humilier feront chère
et du sang des vifs l’échanson
des leçons dites par Villon

 

 

Déclaration d'intention. Bonjour à tous.