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La mouffette et le singe

Posté par M.KISSINE, dans Poésie 16 septembre 2013 · 1 672 visite(s)

fable poésie humanité symbolisme
La nature a parfois un visage étonnant.
Quand la philosophie voit les intelligents
Régner subtilement sur le monde animal,
Elle décrit l'endroit où le bât lui fait mal
Et, de son expertise, on salue la justesse :
Le faible, c'est fatal, tend son dos à l'altesse
Et garnit l'estomac magnifique du roi,
Depuis la nuit des temps. C'est dur, mais c'est la loi.
Le sage fabuliste étudie les discours
Et les codes secrets dont certains jouent des tours
Pour pimenter le cours lugubre de l'Histoire.
On en plaisante à tort : Dans les trous de mémoire
Il y a tant d'espace pour la vérité
Que pour la tromperie : L'enfer veut exister.

Des contes pour enfants, on connaît la morale :
Un loup, trop affamé par la trêve hivernale,
Égorge l'agnelet qui passe par hasard,
Épris de liberté dans la forêt du tsar.
Hélas ! Que la nature, aux petits, est cruelle
Alors que l'inconnu, sans répit, ensorcelle !
Il était une fois, une seule suffit
Pour changer un parcours encombré d'interdits.
La fable d'aujourd'hui nous paraît incroyable :
Il s'agit d'un dîner où les hôtes sur table
Abordent sans façon des sujets importants :
La rareté des biens qui poussent dans leurs champs.
La mouffette se plaint d'être toujours chassée
Par les hommes ingrats dans toute la contrée.

Ils négligent le bien qu'elle fait en mangeant
Vipères et bourdons, mollusques assommants.
Le singe, à côté d'elle, esquisse une grimace :
On ne peut vivre en paix avec la populace :
Estimez-vous normal d'être toujours moqué
Par les mêmes imbus qui ne font qu'imiter
Notre comportement ? Que n'ai-je ce bizarre
Et terrible parfum dont l'ennemi, barbare
Est si vite estourbi qu'il détale à grands pas.
La blairelle, vexée, lui répond comme ça
Que nulle acrobatie ne protège sa fuite
Et qu'elle vit cachée, en tanière réduite,
Étrangère au bonheur d'habiter librement
Les arbres des forêts, de sourire aux passants.

L'estomac est-il lourd, après le déjeuner ?
On dirait que la table est proche du bucher,
Quand la géographie déplace ses frontières.
Où la chair est coûteuse et rare la lumière,
On trouve à l'étranger de terribles défauts,
Le moindre étant celui de boire la même eau.
Quand il faut partager son petit territoire
On redoute l'odeur, du fond de sa mémoire,
Et le prix à payer d'un peu de liberté.
La mouffette et le singe, en guise de café,
Mesurent au miroir de l'autre leurs limites
Dont chacun prend leçon, comme elle fut écrite
Au fronton parnassien, longtemps avant que Dieu
Négocie avec l'homme un possible non-lieu.



MMXIII ©M.KISSINE – ISBN 978-2-919390-144



Joli, très beau pour ainsi dire, je suis sous le charme de cette fable qui est en plus la vérité vraie

alors je vous tire mon chapeau d'avoir eu l'audace d'écrire ce poème merveilleux et quoi qu'il vous en plaise, c'est un poème qui met tout le monde à l'aise...

 

Bravo

La plume

Grand merci

 

Mady

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