16 réponses à ce sujet

[Cyraknow]

Une goutte, une seule, en simple transparence,

Descend avec lenteur le long du grand carreau…

Une goutte poursuit sa sinueuse errance,

Laissant sur la fenêtre un léger filet d’eau.

 

Une goutte poursuit sa trace cristalline, 

Poussée par la brise_ douce vibration,

Qui caresse et cajole, amicale et câline,

Imprimant à cette eau son ondulation.

 

Une goutte lascive, une autre gouttelette,

Et puis une autre encore, arrivent prestement,

En crépitement vif, une bruyante fête ;

Claquement, flamenco et tambourinement…

 

Le ciel se fend en deux, en un éclair qui claque,

Zébrant les lourds cieux gris d’une balafre d’or.

Au petit jour, vidé, l’orage n’est que flaque,

Et la nature, enfin, paisible, se rendort.

 

 

 

 

 

15 décembre 2014 

atelier MJC. Thème : l’eau à portée de mots…

[pigloo]

sensualité, musical imagé et nature, une encre poétique s'égoutte...puis plouf ... ... ...ZzzzZzzzZzzzz

[Escamillo Cavradossi]

texte tout en tension détente, ll y a le plaisir de l'attente et de la paix retrouvée

[FlorentM]

Quelle belle vision de l'orage, de ses premières gouttes chétives, presque timides, à la force terrifiante de l'éclair assassinant le ciel et à la douce sérénité qui le suit ! Encore une fois, ton écriture nimbe tout cela d'une onirique beauté ! J'aime particulièrement ce vers : "Qui caresse et cajole, amicale et câline,", pour l'effet miroir du second hémistiche.  Merci pour ce partage !

 

(J'ai une question concernant la prononciation de ce vers : "Poussée par la brise_ douce vibration," : le "e" de "brise" soit-il être prononcé, ou le "_" indique-t-il le contraire (le vers ayant alors bien 12 pieds si l'on prononce le "e" de "Poussée") ?)

[M. de Saint-Michel]

Tout en grâce et limpidité!

(Seul, le vers 6 - comme l'a noté FlorentM - me semble à revoir: le 1er hémistiche n'a que 5 syllabes, et se terminant par un "e" muet, le 2ème hémistiche devrait commencer par une voyelle... Ah! cette prosodie classique!!)

[Cyraknow]

Normalement, ne doit-on pas prononcer le E de "brise"? J'avais compté là le 6ème pied de l'hémistiche. 

Apparemment, ça coince à la lecture, donc je vais voir ce que je peux faire...

Merci de vos lectures, et de vos commentaires constructifs .

 

Je suis bien d'accord avec Saint Michel...

 Ah! cette prosodie classique!!

[FlorentM]

Normalement, ne doit-on pas prononcer le E de "brise"? J'avais compté là le 6ème pied de l'hémistiche.

 

En principe oui, mais je crois que la prosodie classique interdit (ou déconseille, je ne sais plus) de terminer le premier hémistiche d'un vers par un tel "e" (me semble-t-il, car la brève coupure d'usage entre les deux hémistiches le rend trop appuyé, lui donnant en quelque sorte une existence propre, quand son rôle est en général plutôt de faire un pont moins perceptible entre deux consonnes pour fluidifier la mélodie sans que cela semble forcé).

[Cyraknow]

Merci pour cette explication claire.
Il me semble que c'est plutôt déconseillé que formellement interdit.
Comme je l'ai dit, je vais trouver une autre solution...

[M. de Saint-Michel]

Le "e" muet se prononce quand il est suivi d'une consonne - ce qui est le cas ici; mais on ne peut le trouver à la fin du 1er hémistiche, ou alors, il doit être suivi d'une voyelle...

[Cyraknow]

Là est bien toute la question... Ce "on ne doit pas" relève-t-il de la véritable interdiction, ou est-ce simplement peu recommandé?

[M. de Saint-Michel]

Là est bien toute la question... Ce "on ne doit pas" relève-t-il de la véritable interdiction, ou est-ce simplement peu recommandé?

Dans la versification classique, c'est interdit...

[Cyraknow]

Voilà qui est enfin dit. Merci de cet éclaircissement.
Je pensais que c'était seulement mal considéré, et qu'il était recommandé de ne pas le faire.

[Anwen]

Cyraknow, ton e à la 6e syllabe s'appelle une césure lyrique. C'est peut-être plus romantique que classique... mais le thème s'y prête.
Puis alors, le mot "interdit" en poésie, ça a le don de me rendre blêche, vraiment ! Gggggrrrrr...
Tout ça pour dire...
Je trouve ton texte magnifique. Jolie musicalité et belle peinture de cet orage. Je ne sais pas si l'eau se dessine, en fait, mais elle s'écrit avec toi !

[Cyraknow]

Merci, Anwen,
tant de ton Ggggrrr! d'insatisfaction face à ce mot d'interdit (que je n'aime pas non plus)
que de ton commentaire, qui me touche, venant d'une personne qui chante si bien l'eau et les éléments.

[Carla.]

Je me suis laissée porter par ce petit ruissellement, ce goutte à goutte, en mots sobres et beaux...

[bɔētiane]

je viens m'attarder un peu sous ce texte dont certains propos ne sont pas sans me rappeler ceux de Glycine que tu avais posté en mai dernier : )

 

Cyraknow, ton poème se lit d'un seul trait -souplement, c'est admirable alors même qu'il y a tout un travail de contraintes en filigrane (au passage, il y a de belles allitérations -vers 7 par exemple, et d'une manière générale, une intéressante recherche sur les sons). En fait, cette scène nous est connue (qui n'a jamais regardé la pluie fouetter la vitre avant l'orage) ; et là, tu parviens nous la faire revivre par le biais de petits détails (visuels et auditifs) que nous reconnaissons tous. C'est du partage, merci  : )

[Cyraknow]

Je n'avais pas pensé au rapprochement avec Glycine, mais maintenant que tu le dis...

Ce sont les petits détails de la vie de tous les jours qui me fascinent: la pluie au carreau, l'angle du soleil sur le parquet, le fragile déploiement d'un pétale.... Ces petites choses que tout le monde connaît et voit, mais que personne n'observe.

Merci de ton passage...