Dimanche 22 juillet 2012 / 0298
Blanche parle de sa première rencontre avec Philippe Soupault. Elle était jeune étudiante à Lyon. Elle avait 18 ans, lui la soixantaine fleurissante. Elle lui avait écrit son admiration pour le surréalisme en argumentant ses propos de ses propres réflexions. Il lui avait répondu, s’enthousiasmant sur la justesse du ton et le style déjà affirmé de la jeune fille qui vient de commencer des études de Lettres.
De passage à Lyon, il lui donne rendez-vous dans un café. Elle se présente, toute intimidée, devant le poète. Elle parle peu, il compense et la conversation s’éternise. Blanche presque paralysée sur sa chaise mais subjuguée. Dix huit heures, elle se lève pour prendre congé. Philippe propose de se revoir dès le lendemain. J’entends le petit oui timide qu’elle laisse échapper.
Le lendemain, c’était plus facile, dit-elle, nous sommes allés au cinéma. Je n’avais pas à parler.
Les échanges épistolaires ont repris. Blanche présente un travail sur Madame de Staël, très mal noté, à refaire. Informé, Philippe répond de Suisse où il est allé une fois de plus. « Je suis allé cracher sur la tombe de Madame de Staël pour vous porter chance. » Blanche représente son travail avec succès.
Combien de lettres se sont-ils échangés, probablement beaucoup. Mais je n’ai pas accès aux lettres de Soupault, une sorte de jardin secret qui, sur la fin, devient douloureux, pénible.
C‘est dire que les propos relatés ici ne s’appuient sur aucun document, mais sont attestés par son amie qui hoche de la tête et encourage discrètement la confidence.
Plus tard les deux amies s’installent à Paris. Philippe leur propose un jour de rencontrer Aragon. Elles refusent. Pour le Stalinisme, dit Renée, il ne pouvait pas ne pas savoir. Elles n’avaient aussi, aucune considération pour les romans d’Elsa Triolet, qu’elles qualifient de « romans de quai de gare ». Pour ma part, ayant entendu une interview croisée du couple, j’avais considéré qu’Aragon était à l’époque la marionnette d’Elsa, sans être aussi catégorique sur l’appréciation des romans de celle-ci, mais je n’ai qu’une connaissance de « quai de gare » sur la littérature.