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avec Philippe Soupault ...

danse des jours et des mots 0298

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4 réponses à ce sujet

#1 Invité_Marcel Faure_*

Invité_Marcel Faure_*
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Posté 03 mars 2017 - 06:46

Dimanche 22 juillet 2012 / 0298   

 

            Blanche parle de sa première rencontre avec Philippe Soupault. Elle était jeune étudiante à Lyon. Elle avait 18 ans, lui la soixantaine fleurissante. Elle lui avait écrit son admiration pour le surréalisme en argumentant ses propos de ses propres réflexions. Il lui avait répondu, s’enthousiasmant sur la justesse du ton et le style déjà affirmé de la jeune fille qui vient de commencer des études de Lettres.

            De passage à Lyon, il lui donne rendez-vous dans un café. Elle se présente, toute intimidée, devant le poète. Elle parle peu, il compense et la conversation s’éternise. Blanche presque paralysée sur sa chaise mais subjuguée. Dix huit heures, elle se lève pour prendre congé. Philippe propose de se revoir dès le lendemain. J’entends le petit oui timide qu’elle laisse échapper.

            Le lendemain, c’était plus facile, dit-elle, nous sommes allés au cinéma. Je n’avais pas à parler.

            Les échanges épistolaires ont repris. Blanche présente un travail sur Madame de Staël, très mal noté, à refaire. Informé, Philippe répond de Suisse où il est allé une fois de plus. « Je suis allé cracher sur la tombe de Madame de Staël pour vous porter chance. » Blanche représente son travail avec succès.

            Combien de lettres se sont-ils échangés, probablement beaucoup. Mais je n’ai pas accès aux lettres de Soupault, une sorte de jardin secret qui, sur la fin, devient douloureux, pénible.

            C‘est dire que les propos relatés ici ne s’appuient sur aucun document, mais sont attestés par son amie qui hoche de la tête et encourage discrètement la confidence.

            Plus tard les deux amies s’installent à Paris. Philippe leur propose un jour de rencontrer Aragon. Elles refusent. Pour le Stalinisme, dit Renée, il ne pouvait pas ne pas savoir. Elles n’avaient aussi, aucune considération pour les romans d’Elsa Triolet, qu’elles qualifient de « romans de quai de gare ». Pour ma part, ayant entendu une interview croisée du couple, j’avais considéré qu’Aragon était à l’époque la marionnette d’Elsa, sans être aussi catégorique sur l’appréciation des romans de celle-ci, mais je n’ai qu’une connaissance de « quai de gare »  sur la littérature.



#2 M. de Saint-Michel

M. de Saint-Michel

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  • Une phrase ::Je suis quelqu'un pour qui poésie et respiration ne font qu'un.

Posté 03 mars 2017 - 12:41

Rencontrer un écrivain qu'on admire doit être quelque chose à la fois de très excitant et de très intimidant! (Je m'imagine devant Molière, Baudelaire ou Céline...)

#3 Minofabbri

Minofabbri

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Posté 03 mars 2017 - 01:10

Terrible époque que celle dominée par la nazisme et le stalinisme. Le totalitarisme aux deux visages. Mais n'oublions pas qu'Aragon a écrit la Nuit de Moscou. Céline même dans ses vieux jours à Meudon et malgré son génie n'a jamais renié ses terribles pamphlets.

#4 Vivien

Vivien

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Posté 03 mars 2017 - 01:44

"Foutez-moi à la mer mes amis
Mes amis quand je mourrai
Ce n'est pas qu'elle soit belle la mort
Et qu'elle me plaise tant
Mais elle refuse les traces, les saletés, les croix, les bannières
Elle est le vrai silence et la vraie solitude

Pour un peu de temps, celui qui me reste à vivre
Nous savons mes amis, que l'odeur qui règne autour des villes
Est celle des cimetières
Et que le bruit des cloches est plus fort que celui du sang

Foutez-moi à la mer mes amis
Il y a de la lumière et du vent, et ce qui ronge tout
Qui est comme le feu, et comme les années
La mer ne reflète rien, ni les visages, ni les grimaces

Je ne veux pas de ces longs cortèges
De ces femmes en deuil, des gants noirs
Et de tous ces bavards
Rien de ce qui rappelle ces ombres, ces larmes et ces oublis
La mort est mon sommeil, mon cher sommeil

Foutez-moi à la mer mes amis, mes amis inconnus, mes frères
Tous ceux qui ne m'ont pas connu
Et qui n'auront ni regrets, ni souvenirs
Pas de souvenirs surtout

Seulement un coup d'épaule."

 

Philippe Soupault



#5 Invité_Marcel Faure_*

Invité_Marcel Faure_*
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Posté 03 mars 2017 - 03:49

Merci Vivien de me rappeler ce poème écrit fin des années 30 dont le titre est : La bouée. Merci également à vous Minofabbri et M de sSaint Michel pour vos commentaires avisés.





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