Ce poème me regarde
Et ne regarde que moi
C'est entre lui et moi
Les étrangers
N'y comprendront rien
Ce poème
C'est le bruit
D'un caillou qui tombe
Dans la marre gluante
Au fond de mon âme
Vous ne l'entendez pas
Mais son écho résonne
En moi
À tue-tête
Ne le voyez-vous pas
C'est un poème
Aux bribes récursives
Qui cherche un rivage
Au fond de mon oreiller
Pour me murmurer
Des mots de rêve, des rêves de mots
À me crever le cœur
Mais qui s'enfuit
Chaque fois
Que je veux le rançonner
Et l'écrire dans ma chair
Son destin
Est lié au mien
Je deviendrai ce poème
Je n'y peux rien
Et en attendant, je fais semblant
Et je joue sur un piano mécanique
Ainsi parfois, les jours de pluie
Je l'amène le long du fleuve
Et je lui fais entendre les chants d'oiseaux
Je lui fais respirer les parfums maritimes
Et il n'est pas rare
Qu'il pleure dans sa corne de brume
Et ses sanglots me laissent
Inconsôôôôlable
Ce tête à tête avec mon poème
C'est tout ce qu'il me reste
Je ne ressens plus rien d'autre
Vous voyez, je vous l'avais dit
Vous ne comprenez pas