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La chaussette trouée


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202 réponses à ce sujet

#91 serioscal

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    Serialismo Rigoroso

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Posté 27 octobre 2018 - 10:51

Il convient d'organiser les noces comme il se doit en temps de post-acopalyche pré-révolutionnaire de style minimaliste.

Jean-Luc veut présider la cérémonie.

- Je serai la mariée également. L'amour, c'est moi !
- Ah oui, appuie Alexis. Moi-même, il m'a marié il y a peu.
- Vous êtes.. heu... ensemble ?

Dieu (naguère archevêque) (et initialement prêtre) est peu troublé. Il n'y aucune disposition dans les Écritures qui permette de gérer de tels olibrius.

- Je dois me réunir en conclave, dit-il gravement. Laissez-moi, laissez-moi.! Seule Nadigne doit rester à mes côtés (il se déshabille).

Les autres partent en râlant. Cet archevêque, quel toupet !

-Oui, mais c'est Dieu, explique Michel qui entreprend de retracer la série des discours qui conduisent à cette séquence un peu malséante, comme si toute religion n'avait eu de sens qu'à magnifier en rituels sordides l'inavouable du désir.

- Dieu serait donc le Diable en personne ?

Au loin, on entend le rire sardonique de l'archevêque.

#92 Hattie

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Posté 27 octobre 2018 - 03:33

Dieu, le représentant de Dieu sur Terre, son assureur, donc, l'Archevêque devenu Pape (en courant) se présente à la porte du conclave. Nu. Dans la plus pure tradition du nu et du sobre. Tel un Adam réactionnaire et sa Ève, gantée de blanc, en tailleur-feutre rose Bachelor.

_ '' Nadigne … Je peux ... ?

Nadine rosit. Rougit. Son petit minois mignon s'efface sous la pudeur. C'est le moment inavoué de l'aveu.

_ '' Tu veux bien ? ''

_ '' hi-voui ''

Dieu, son représentant, déshabille Nadine. Qui minaude un peu, hanches flottantes.

Elle s'y voit. Entrée au bras du Pape. Dans le presque saint des saints. Elle y pense depuis le premier jour. Hésite. Jeanne ou Lucrèce ?

_ '' Tu es sûre. Ça ne te dérange pas ?

_ '' Mon Amour, fais tes saintes Œuvres. ''

Le Pape finit de déshabiller Nadine. Avec douceur. Embrasse ses sous-vêtements. Défroisse son p'tit tailleur Bachelor. Doigt après doigts, étire les deux gants blancs. Puis les bas nylon.

Puis s'habille.

_ '' Le rose te va si bien, mon Amour. ''



#93 serioscal

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    Serialismo Rigoroso

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Posté 27 octobre 2018 - 04:29

S'en suit une scène de profonde concrétion. La philosophie nous enseigne que le monde est monde pour d'obscures raisons, soit que nous le veuillions monde soit qu'il n'ait aucun besoin de nous. Nous le déchiffrons aveuglément à chacun de nos pas et chacun d'eux pourrait nous précipiter d'un précipice mal borné vers le néant le plus abrupt. Dieu fond sur Nadine, tremblante de désir et d'excitation. L'être suprême s'engage en elle comme un fier et svelte saumon devant les chutes du Niagara. La Parole divine se confond en gémissements que soulignent les râles de Nadine dont les cuisses se resserrent sur les Fesses suprêmes tandis que lèche le cou la langue sous un sous-vêtement déchiré que tire un doigt errant, sur quelle poitrine au fait ? Qui se retourne. L'univers se reformule ainsi, sous des caresses ambiguës, tantôt discrètes et affectueuses, tantôt obscènes et délibérément intrusives. Le monde naît d'une colonne de moisonneuses-batteuses qui quadrillent la taïga.

 

Las ! On sonne à la porte. Quelqu'un qui veut sa place au paradis ?

L'archevêque (Dieu, en fait) fulmine.



#94 Hattie

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Posté 27 octobre 2018 - 07:05

C'est la Joue Gauche qui dit venir demander l'absolution au Pape.

La Joue Gauche, un messager du Nous, le contraire de l'Être suprême, l'être a-minima de la douleur. Parti de la taïga sibérienne, passé par le cercle polaire et l'équateur, l'Amérique du Sud, les États Unis, le Canada, les chutes du Niagara, la Chine, Dubaï, l'Europe, Munich et Rome. Un être à qui il ne reste que la moitié du visage pour pleurer. Pleurer le néant le plus absurde.

 

_ '' A force, à force, de tendre la joue droite.. '', il pleurniche.

Cela a le don d'énerver Nadine, déjà terriblement frustrée d'avoir été interrompue dans les hautes œuvres de son Saint-Homme. Tant, qu'elle en perd toute retenue. Tourne le dos à la Joue Gauche. Se baisse. Et lui tend son digne fessier. En s'exclamant :

_ '' Et celui-là, tu crois qu'il veut l'absolution ! ''

Apparemment pas prête à nettoyer sa mémoire du Nous.

 

La Joue Gauche n'en croit pas son nez. Là, c'est trop !

_ '' Espèce de gourgandine à la noix, ta fesse est plus ridée et nauséabonde que le cuir du Saint-Siège qui a vu défiler tous les archevêques du monde depuis Pierre ! ''

 

_ '' Comment il sait ? '' Légitime question posée au Conclave.



#95 serioscal

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Posté 27 octobre 2018 - 07:52

Il sait.

Oui, il sait. Ou plutôt : elle sait (la joue droite est plus masculine, c'est pour ça qu'on la cognait en premier à l'époque de Jésus Christ). Mais que sait-il (ou elle) ?


Il ou elle sait des choses dans le sens où il ou elle possède des informations. Hélas ! Elles sont inertes.

Et ces fesses, certes plissées ou d'allure un peu terne, ont entraîné ou accompagné plus d'extases que le monde n'a connu de générations, au sens papal de ce mot.

La joue gauche se rend compte qu'elle a encore gaffé. Il faudrait une joue centrale pour la relayer. Elle se tourne, fort logiquement, vers Dieu. Mais Dieu est retourné à des occupations mystiques.

Niché entre les puissantes cuiches de Nadigne,il émet un grave sermon guttural. La liturgie est lente, sensible, humide comme un carreau de fenêtre à proximité d'un boeuf mode qui cuit.

#96 Hattie

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Posté 28 octobre 2018 - 06:26

La joue droite masculine ? Ou la joue gauche ? C'est une sacrée question soulevée-là. Subversive et diabolique. Qui nous vaudra animosité des religieux, des éducateurs, des scientifiques, voire de quelques poètes en mal d'aurores. Courage sera de la résoudre. La question. Car tout de même, depuis que Dieu est Dieu, la droite c'est le bien et la gauche le mal. Non ?

 

A en perdre l'usage de la moitié de son corps. Et, selon que l'homme porte à droite ou à gauche, (ça, depuis le premier jour du premier homme qui enfila un slip) l'ordre du monde s'en trouve diamétralement changé.

 

Ne pas détourner les yeux ! Impossible de rester ainsi assis dans le doute. Au sein du corps ecclésiastique, le doute est fortement déconseillé. Source de laisser-aller et entrée dans le chaos diabolique du monde. Revenir aux valeurs sûres du '' c'était mieux avant ''. Avant l'apocalose, sorte d'apocalypsche intellectuelle où le saint-pierre à la plancha tibérienne remplaçait le bœuf mode à la cocotte-minute.

Le temps est aux prises avec les modes culinaires. C'est Michel et Madame O qui vont être contents. L'Université va se relever.

La dialectique religieuse est l'outrecuitance du matérialisme.

 

Passants et croyants, journalistes et fidèles, infidèles et croyants, journalistes et passants..., sur les parvis du Vatican (all around) sont désemparés. Une fumée âcre s'élève du toit. Noire. C'est Pierre, toujours dans son atelier, qui est content ! Le bœuf mode est trop cuit. Le grave sermon guttural de l'archevêque-Pape augure-t-il du goût de nos entrailles ou du fruit inaltérable de la peinture, donc de la mort ?

 

La confusion est à son paroxschysme.



#97 serioscal

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Posté 28 octobre 2018 - 07:40

Le schisme subtil est atteint. La gauche de la joue droite se répand sur le nez, lequel se tord pour se libérer de l'étau antagoniste des deux joues.

- Voilà où nous en sommes rendus, Jean-Luc.
- Moi, je l'disais que ça allait mal finir !
- Tais-toi, Michel. Il faut faire d'un mal un bien.
- Va donc zieuter Nadigne, bolchevik des matelas molletonnés !
- Mais oui, mais oui !

Jean-Luc se rend à proximité de la chambre nuptiale qui est voisine de l'atelier de Pierre.

On entend d'étranges bruits de succion et de molletons doubles qui crissent.

- C'est un meurtre, Ingo ! Un meurtre a été commis dans cette maison.
- Comment ? Un meurtre ?
- Oui ! Un meurtre.
- Oh, mon Dieu. Dans cette maison...
- Ici même, oui. Un meurtre, c'est un meurtre....
- Je dois prévenir Schwartz. Un meurtre a été commis... Scwhartz, Schwartz... Où est son numéro ?

Pierre ricane. La scène des ébats de Dieu l'archivêque et de sa digne compagne se mêlent aux premières scènes d'un épisode inédit de la série Derrick.

Il lève la tête après une trop longue période de concentration. Au sol, il y a toujours cette chaussette trouée. Il y a beau temps qu'il aurait dû la jeter.

Ou peut-être s'en servir pour essuyer la table ?

#98 Hattie

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Posté 28 octobre 2018 - 10:36

_ Ah ! Pierre ça me soulage de te voir aussi jovial. J'avais peur que la dernière scène te chagrine. Le visage... tout de même !

_ Le visage permet de passer de l'informe à la forme, et donc en l'humanité. Humanité qui l'emporte sur la violence.

_ Oui. Mais un visage aussi atrocement mutilé n'est pas particulièrement engageant quant à l'attention que chacun doit à son face-à-soi.

(Allez, encore un narsso ! pense Pierre qui poursuit :

_ C'est pour ça que j'ai fermé la porte de mon atelier. Et qu'il y fait noir !

 

L'échange est pertinent, se tient plutôt bien, venant même renforcer l'impression partagée que quelque chose ne tourne pas rond.

 

_ Tu n'as pas entièrement tort. Avec toute cette fumée ! Par ailleurs, dans un tel enfumage, le conclave ne pourra jamais rien décider.

_ Et s'il décide quand même ça partira en fumée !

_ Comment veux-tu que l'homme y voit clair ?

_ A part la révolution, je n'vois pas...

_ Celle des lumières ?

_ Mais non, crétin, celle-là elle nous a donné le monde que nous avons !

_ Ah ! Bon ? !

_ Il paraît qu'il y a eu un meurtre ...

_ Comment ? Un meurtre ?
_ Oui ! Un meurtre.
_ Oh, mon Dieu. Dans cette maison...
_ Ici même, oui. Un meurtre, c'est un meurtre....
_ Je dois prévenir Schwartz. Un meurtre a été commis... Scwhartz, Schwartz... Où est son numéro ?

 

Pierre (et la chaussette trouée) (et Fantomas) ricane(nt).

 

 



#99 serioscal

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Posté 28 octobre 2018 - 06:37

Schwartz ne répondra pas. Il gît dans son sang. Son sang est vert car Schwartz n'est plus le citoyen munichois qu'on connaissait dans le quartier où il était appelé « Dottore Schwartz » à cause de sa moustache qui lui donnait un air de professeur italien.

Dottore Schwartz venait de clore une liaison avec une de ses étudiantes inscrite sous le nom de Mademoiselle O. Il avait des scrupules, ce professeur de langue morte. « Qui surveillera mes langues mortes quand je batifolerai avec mademoiselle O ? »

Les langues étaient dans des bocaux, très vertes. Surtout les langues extraterrestres.

Il aura bu le contenu d'une de ces fioles dont la texture se dégradait, constatait-il, irrémédiablement ! Et son sang se sera transformé en une matière linguistique inextricable.

-'C'est pour cette raison que vous l'avez tué ?, demande, placide, l'inspecteur Derrick.

Dieu ne peut répondre. Mal à l'aise, il attrape un verre de whisky aigre et annone une vieille chanson mexicaine, peut-être. Ou sumérienne.

#100 Hattie

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Posté 29 octobre 2018 - 06:42

_ '' L'eau de chicon ! '' comprend de suite Michel qui était en train de lire les Zécritures d’Ispari. '' Les migrations obscures ! Les borborygmes verts des langues dites primaires de la ci-devant forêt primaire (car devant le Vatican l'horizon n'est plus que forêt vierge depuis l'arrivée de Nadine). Le cri. L'origine du mot. L'homme-singe. Tout ça détruit par la paresse-du confort et le sulfureux ce-sera-mieux-après .''

_ '' Michel ne recommence pas à t'emporter. A t'embrouiller toi-même. Ôh. Tu vas encore faire une crise d'asthme, peuchère ! Te vautrer dans tes miasmes et te rendre ridicule. Le regretter. Si tu veux, viens à confesse. ''

C'est la voix bienveillante de Dieu. Passé par le sud. Tentant d'amenuiser les épisodes précédents.

 

Dieu fait un signe imperceptible à Nadine. Un petit roulé sec de la langue. A peine. Cac ! Que Nadine perçoit. Que Nadine comprend. Que Nadine accourt. Car Nadine jamais à cours d'aguichement, à toutes les saintes volontés de son bien-fait-Homme-Archevêque-Pape-Dieu, se prête.

 

_ '' OOOhhh ! là. La langue, a-priori, n'est pas faite pour ça ! ''

C'est le conclave des linguistes. Tous ne semblent pas d'accord. L'organisation du langage fait débat.

 

Nadine comprend ébats. L'oreille lui manque. Recommence à aguicher, frétiller du saint popotin.

Schwartz ressuscite.

L'enquête sur la linguistique va pouvoir recommencer.

 

Olivier a l'oreille fine. Une oreille allant de paire avec sa timidité ? Le petit cac ! ne lui a pas échappé.

_ '' Je savais bien que c'était encore un coup du Capital ! ''

_ '' Olivier, arrête, stp. Toi aussi. Prenez Bossuet, avec Michel, et vous allez comprendre ! Merdee ! ''

C'est la voix méli-melo de Dieu.

 

Que finalement, on se demande toujours '' Qui est Dieu ? ''

La solution, peut-être, serait de réunir les deux conclaves.

 

_ '' Bah ! Va y'avoir une sacrée prise de tête, j'vous dis pas ! ''

C'est la chaussette trouée qui parle. Elle a bu un coup de trop. A le vin mauvais.

Avec Pierre. Dans son atelier.



#101 serioscal

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Posté 29 octobre 2018 - 02:13

La langue, enfermée en son palais, reste muette.

Si c'était elle ! Mais non. Des ombres se dessinent, en l'intérieur des joues. Ici, c'est le roi Pierre et là, la princesse O.

Il la fout gaillardement. Mais c'est des ombres. La langue reste collée aux muqueuses asséchées, en guerre.

Pareille à une éponge. Pareille à une chaussette paranoïaque. Si c'était elle...

Mais non. Ce n'est pas elle. C'est une autre qui souffre ce récit dont les ombres ne cessent de se multiplier sans jamais se constituer en êtres qui seraient autres que des ombres qui tenteraient de se constituer en êtres, etc.

Non. Ce n'est pas ça. La langue, si elle se libérait, dirait une autre anecdote malséante. Ce ne serait pas la même.

Elle éponge. Le peu d'humidité qu'il reste à cette bouche, elle l'emploie à imaginer la vulve de la princesse O... Elle l'enfreint, l'enfreint encore, follement. Elle se tend de tout son être de langue, basta.

Pierre vient de se lever. Il bougonne. Il est vraiment temps de se débarrasser de cette chaussette.

#102 Hattie

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Posté 29 octobre 2018 - 04:57

Au premier abord, on dirait une langue méridionale. Gonflée, joufflue, suffisamment solaire pour oser pousser une litanie de jurons à chaque fin de phrase. Du style ampoulé sympa : putain, con, peuchère !

Mais ce peuchère là semble à l'ALR (Assemblée des Linguistes Réunis) quelque peu joué, surjoué, un peu trop accentué. Comme si...Un faux indice qui chercherait à brouiller les cartes.

 

_ '' Voyons, dit le premier linguiste, semblant vouloir s'y prendre comme un pied, voyons qui dans l'assistance aurait intérêt à cacher son soi. ''

_ '' Non ! Pas ça ! Ah ! Non pas ça ! '', dit le second linguiste, sans trop expliquer pourquoi.

 

Toute l'Assemblée se gratte la tête.

Dans le même temps, la langue, une langue – de on ne sait qui, venue de on ne sait où _ se met à bafouiller, baver, cracher, éructer, déglutir. Les consonnes spirantes bilabiales s'occlusivent, machinalement. Les dents de la langue tombent. Crac ! Et la bouche éternue ! Tchoum !

 

_ '' Cela ne peut pas durer ainsi '', dit le troisième linguiste. '' Qui ? ''

Silence d'école.

Personne pour dénoncer l'autre.

_ '' Si personne ne se dénonce, je punis toute la langue !'' dit Dieu- Archevêque, verbe fait chair.

 

Silence total. Dans l'esprit du signe. Que chacun fait à l'autre. De presque ricanements. Feutrés.

On dirait un office religieux. Où chaque enfant de chœur ferait un p'tit coucou à l'autre, subrepticement, ou à sa petite amie, angélique, jupe plissée, jambes croisées, assise dans la nef de l'église.

 

Tout cela rappelle tant de souvenirs à Olivier... Lui et sa tête d'ange. Quand il servait la grand'messe le dimanche matin. Que les cloches sonnaient encore. Et que les filles le mataient. Encore aussi...

 

Un indice : '' Non. Ce n'est pas ça. La langue, si elle se libérait, dirait une autre anecdote malséante. Ce ne serait pas la même. ''

Qui a dit ça ? Qui aurait intérêt à bousculer la langue ? Et à quelles fins ?

 

_ '' Hue coco ! ''



#103 serioscal

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Posté 29 octobre 2018 - 06:56

Dieu, qui se rappelle des jours où il n'était qu'évêque, propose à l'assemblée de restaurer les sacrifices humains.

- Bonne idée, se réjouit un linguiste qui pense qu'on va découper la langue pour la faire bouillir.

- Les linguistes ici présents seront tous écartelés ce soir sous les clameurs de la foule révolutionnaire.

- Révolutionnaire ? Olivier agite les bras. Jean-Luc, qui n'a pas suivi les épisodes précédents, l'imite pour ne pas donner l'air d'être à la ramasse.

Tout le monde est d'accord pour sacrifier les douze linguistes.

Le pape, Dieu, l'archevêque crie d'une seule voix :
- Amenez les chevaux !

Mais il y a un problème technique. Quarante-huit chevaux dans une église, même convertie en cathédrale (la nef n'est pas couverte par le contrat d'assurance souscrit par le curé l'année dernière), ça cause du désordre ! D'autant que les chevaux ont des hallucinations (l'avoine...) et se croient dans la cour d'un château-fort, à l'époque des tournois.

Les linguistes profitent du désordre pour s'enfuir. Le pape cherche sa langue. Un enfant de choeur un peu cruel ricane :

- Dieu sait où elle est, vot'langue ! Hin hin ! Hin hin !

#104 Hattie

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Posté 30 octobre 2018 - 06:20

Douze linguistes fugitifs, perdus dans la forêt. Noire.

Quarante-huit chevaux lâchés dans la nature. Sauvage(s). La mort aux dents.

Dieu, éméché de colère, comme d'hab', qui leur court après. Après les 12 et les 48.

Tout l’évêché empêché entravé dans l'épiscopale robe, blanche à droite, rouge à gauche.

 

Cela ne pourra durer l'éternité, ainsi. Terrible dichotomie.

 

_ '' L'éternité c'est moi ! ''

Pas la peine de dire de qui ça vient ! Hein ! Quoique... Dieu ou Jean-Luc ?

 

L'Assemblée dans le désert se gratte la tête. Signe ostentatoire de réflexion. La recherche de l'idée perdue. Qui, elle-même, est le signe de la phrase perdue. Qui, elle-même, est le signe du mot perdu. Qui, lui-même, à travers lettres, sons, phonèmes, et dièses... est le signe du cri primal perdu. En gros.

_ '' Sont-ce les mêmes ? Je veux dire Dieu et Jean-Luc ? Une et seule même personne ? ''

_ '' Oh! con ! Peuchère tu galéjes ! ''

_ '' Bah ! La question n'est pas si sotte que cela, mon cher confrère. Si vous étudiez bien, ils ont beaucoup de points communs.

_ '' Hé ! Connard avec un grand C ! Tu crois que tu es le seul à bien étu-di-er, comme tu dis, icite, dans la cité ! Retourne au PSG, va ! Rhooooo, j'ai les boules, putain de sa /

_ '' phrase. Holà, jeune homme, point d'invectives ici. Ici, vous êtres dans le désert, dans le saint du saint sans saints de la foi nouvelle. Ce lieu se respecte. Point de cris, mais des chuchotements. Nous sommes planqués, ne l'oubliez pas. Un Dieu nouveau va renaître. Qui, sans cri, qui, sans colère, qui, que bonté, simplicité et rigueur, apportera à Nous la Connaissance. Avec un grand C. ''

_ '' Top là, mon frère, j'galère plus, j'galéje plus, j'adhère. Yo. ''

C'est le 13ème linguiste qui s'exprime. Le linguiste prodige revenu au désert.

 

Pas très loin, assis à sa droite-gauche, presque sur les genoux du 13ième, le p'tit teigneux, le nain révolutionnaire, l'enfant de chœur qui n'en perd pas une miette et n'a pas la langue dans sa poche. S'empressant de tenter de semer un début de zizanie :

_ '' Ni dieu ni langue ! A genoux ! ''

 

A peine plus loin encore, dans les fougères, un étrange discours :

_ '' Sine die ! ? Tu le dis BCBG en latin, tu le dis à la manière de Conchtantine, po po po po si. né. dié. C'est comme ti veux. Ti choises.

 

Face à face, Navarro et Derrick, en train de fourbir leurs armes. Pour un combat qui ne fait que commencer. Et laissera l'aube ex-langue.

 

Le coq coqueluche.



#105 serioscal

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Posté 30 octobre 2018 - 07:57

Le désert. Du sable et puis quoi d'autre ? Rien. Un soleil qui n'est vraisemblablement pas un vrai soleil. Il a une carcasse en plastique, il crache de la vapeur. Un ciel sans allure, absolument détestable. Dieu archivêque papal né prêtre loubard (il officia à Argenteuil) est navré. Il voulait un vaste plan sacrificiel (qui l'aurait débarrassé de ces satanés linguistes qui ne connaissent rien de LA langue). Au lieu de ça, ses plus beaux chevaux vont se perdre dans un désert où ne se trouve pas une cabane à frites.

La sécheresse. La langue stagne en son palais. Il ne lui reste qu'une salive cent fois remâchée. Rien.

Rien. Michel désespère. Il avait pourtant éliminé la plupart de ses rivaux. Sigmund et sa belle-mère, hop ! Cinquante pages. Simone et sa jolie élève ? Soixante-dix pages environ. L'extase ! Il avait son système de pensée bien à lui, là. Il allait l'appliquer à la politique aussi bien. Et paf ! Le désert.

L'archivêque pape divinisé s'impatiente.

- Ça vient, ce sacrifice, oui ou merde ?

Il regarde avec gourmandise Jean-Luc qui se tourne vers Alexis. Alexis se tourne vers Olivier qui se tourne à son tour...

Rien. Le désert. Des kilomètres de sable. Il appelle :

- Nathalie ? Antonin ? Où êtes-vous ?

#106 Hattie

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Posté 30 octobre 2018 - 11:00

Nathalie, dernière grande âme ouvrière prête à s'offrir pour l'exemple. Marquer de son geste sacrificiel le don qu'elle fait de sa personne à l'Internationale Grande Loge Ouvrière d'Orient, l'IGLOO.

_ '' Contre les dieux du capitalisme, contre les discours petits-bourgeois des médias, contre les préceptes religieux à la solde du libéralisme. Contre le libéralisme et pour le marxisme, libera me Antonimus domine, du même sang que ma folie, de la même langue que mon chant désespéré qui vous like, autour d'un corps sans organe, et vous liche, prenez-moi ! ''

 

_ '' RAD, parfait, nickel, chrome '' dit l'archivêque-pape-divinisé, descendant de Comanche, ne sachant encore s'il va pencher davantage por Navarro o por Derrick ...

 



#107 serioscal

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Posté 30 octobre 2018 - 12:53

Pendant ce temps, les linguistes dispersés à travers la Noire Forêt Noire réussissent à se regrouper grâce à une application smartphone hipposensible.

Ils ne sont plus que onze. L'un d'eux n'avait qu'un Nokia fabriqué en 1998.

- Il aura rencontré un cheval-bastard, suppose un linguiste un peu anglophone.
- Batard-Pferd !, le reprend un collègue germaniste.

Celui qui met tout le monde d'accord (comme d'habitude), c'est le spécialiste du sumérien moderne.

- Chers collègues, nous ne devons pas fuir ces animaux qui semblent directement liés à l'évolution linguale que nous chérissons tous.
- Ouais, ouais, répondent les collègues qui doutent bien qu'on ne soit pas à l'heure où le coq crie sa haine.
-Nous les attraperons. Nous les apprivoiserons. Dressés et décrits scientifiquement, ils nous mèneront à La Langue.
- Ouuuuuuuh...

Cette fois, les linguistes survivants sont conquis. Le Maître déroule son plan.

- Chacun de nous attrapera quatre chevaux. Pour les garder près de nous,il faudra bien les attacher ! Tu en ligotes un que tu attaches au bras gauche, un autre au bras droit. Le troisième, tu le noues à ta jambe gauche et le quatrième à la jambe droite. Et hop ! Point de ralliement - ici même !

L'assemblée hoche la tête de conserve. Un jeune linguiste s'inquiète.

- Mais... Nous ne sommes que onze ! Quatre chevaux manqueront !

On l'assomme avec une grosse pierre. Le Maître conclut :

- Quarante chevaux suffiront.

#108 Hattie

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Posté 30 octobre 2018 - 04:26

_ '' Je serai Pape, je serai Pape, crie dans le vide linguistique le linguiste égaré. Je serai le prochain Pie ! ''

_ '' Vive Pie Nokia ! Longue vie à Pie Nokia '' crie la Nouvelle Assemblée Papale, organisation d'après-garde, charismatique et réactionnaire, cachée dans l'ombre des mensonges.


C'est ainsi que pendant tout le temps du pendant-ce-temps, l'humanité se retrouva avec deux Papes. L'un, machiavélique, l'archêvique divinisé (et sa Nadigne) et l'autre le pauvre type au nokia 98 (le diesel du réseau), contre-pape écorché au nez qui s'effondre à chaque semese phonématique, sorte d'hameçonnage de la rumeur. Et pif !

 

_ '' J'ai entendu dire dans la noire forêt que les Sumériens et les Comanches revenaient, tuaient les chevaux, et les anges, mangeaient leurs ailes et leurs sabots, en se prenant pour Pégase. Qu'ils cherchaient les Navajos perdus pour reformer avec eux une grande et nouvelle tribu, la tribu du Ne.''

 

Ah !

A prendre avec circonspection. Quand les feuilles parlent, le poète n'est pas loin.
 

_ '' J'adore ce monde ! Tout est nouveau. Tout est permis. La chose et son contraire. Mentir et ne pas mentir. Le vide et le plein. L'ombre de la pierre dans la lumière de l’échographie. ''

C'est Antonin qui parle. Ce jour calme. Calme, mais malgré tout déterminé à ne pas laisser partir sur le bûcher des sacrifices sa Nathalie. Son guide. Sa Natacha.

On sent monter l'ombre des limbes.

'' Il faudra encore qu'ils me passent sur le ventre, sur le foie, sur la fièvre, sur mon diverticule gauche et le mal qui me tord avec... avant de pouvoir écorcher le début de l'ombre de mon amour, ma poix, ma loi, mon humeur triste. Et mon moi séquentiel. ''

 

(paré paré pon gon aré aré to cho gamé gamé do va pado vani raté moka ar ti arcos amos vatos I pondo amoga amova rastato i polaros matos)

Ce qui, en gros, signifie Ne ou faire avec. Car la langue cachée, la langue perdue, la langue existentielle n'a d'accroche que selon. Sorte de langue quignardienne primaire, forte et belle, laissant au locuteur la racine du hêtre.
 

_ '' M'en fous, m'auront pas ! J'irai jusqu'au bout. ''

On ne sait pas qui parle.

 

Le ciel brame.

 


 


 



#109 serioscal

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Posté 30 octobre 2018 - 09:54

Pie nie :
- Oki, ah !
L'homme s'effondre.

La chaussette n'est pas si loin. Un mètre à peine. Le sol est sale mais sans obstacle.

Il y a ces voix... incessantes, instables et grotesques. L'homme rampe,il tente de tendre son bras pour attraper la vieille chaussette... Même trouée, elle protégerait son pied. Il suffirait de serrer les doigts de pied. La laine...

Elle se défile. Lentement. Inexorablement. Les voix semblent s'éloigner. Au loin, il y a la forêt abandonnée aux loups, aux linguistes et aux chevaux sacrificateurs. Plus loin encore, le désert.

L'homme rampe. Il manque encore 40 centimètres peut-être pour atteindre cette diablesse de chaussette. Il va être midi. Déjà, on entend les cloches de l'église voisine frémir. On l'a transformée en cathédrale il y a peu.

Il y a eu des polémiques assurantielles à ce sujet. Mais l'homme se soucie peu de ces subtilités administratives.

- J'irai jusqu'au b... jusqu'au... bout... ouuuh...

Or, la sonnerie de la porte retentit. On croirait d'abord entendre les cloches de l'égl.. la cathédrale. Mais non. C'est la sonnette.

#110 Hattie

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Posté 31 octobre 2018 - 06:07

40

30

25

A peine moins que 25 cm.

Après des efforts surhumains, il manque à présent à l'homme une petite pointure 38 pour atteindre la chaussette.

Midi, l'heure du paroxysme, l’œil de la lumière.

L'homme essoufflé de tant d'histoires tente de se reposer un peu. Au sol. Dans son ombre.

La scène est pathétique. Ah ! Qui ne sait le poids du repos ne sait rien.

On dirait le contour d'un cadavre que la police scientifique aurait délimité afin de faire des invechtigachions empiriques et prochédurières.

Mais l'inquiétude ne lâche l'homme. Jamais. C'est l'homme qui lâche avant.

 

L'homme n'arrive à trouver le sommeil. Le repos mérité.

Pas même 25 ! C'est quand même pas insurmontable.

Et cette p'tain d'égla-cathédrise, en face, comme un miroir sonore qui le rappelle à sa triste condition de mortel.

 

_ '' Et je glas, et je sonne, et je porte le temps de l'amer et de l'amour -de ! Non ! Ça suffit ! Je ne veux pas ! Non ! M'auront pas ! Ni le diable ni Dieu, ni l'archêvique ni Pie. Ni Nokia, ni personne, ni Antonin. Ni les corbeaux. Ni les narrateurs ! Je sens que je deviens fou. Que la moitié de mon corps s'ankylose. Et que l'autre moitié sans qui la première n'opère rien gît dans son immobilisme crasse ! ''

Et pas même la plus petite érection.

 

_ '' Hummm. C'est plutôt un bon coup pour moi ça. Un peu de lessive et de neurosciences par dessus et hop ! le tour est joué. Une petite pointure de pied rattrapée ! Hummm. Puisque l'assurance sur la chaussette ne marche pas, je vais bien arriver à lui vendre une assurance sur le cerveau, sur l'immortalité du cerveau dans le corps mort, tel un bois flotté vaguant sur sa dérive... Hummm, (encore), j'ai trouvé : les neurones-miroir ! Ça marche bien. Je pense que c'est faisable ici. Très faisible, hi hi hi, faut juste savoir le présenter. Le pauvre homme est dans un tel état de lassitude physique et psychique, en proie à de tels vertiges narratifs que... Pour peu que je ramasse en plus le Nobel de l'Assurance ! Vache ! Ah ! C'est Ravoche, la modeuse de chaussettes, qui va être contente ! ''

 

L'homme entend le monologue de l'Assureur. Par sa 3ème oreille. Certains l'appelle l'halluchination. Il sait. Comprend le stratagème. Mais savoir ne suffit plus. Son souffle s'amenuise. Son cœur bat les plus hauts sommets des Andes.

_ '' Je suis ''

Il est.



#111 serioscal

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Posté 31 octobre 2018 - 08:08

Il y a ce corps. Il n'est plus qu'une agonie d'histoires qui circuleraient comme des vaisseaux sanguins arrachés à leur trajectoire vitale. Ce corps, faut-il croire, n'a plus guère de trajectoire vitale à proposer à sa respiration. Mais il y a une respiration. Poussive, mal assurée (le contrat a expiré), un souffle à peine qui semble formuler quelque chose comme : "Merde... Merde... Merde..." Mais on n'entend rien. A l'extérieur, les cloches de l'églathédralise gonflent en volume et en sonorité, comme de grotesques symboles phallo-épiscopaux qui auraient vocation à railler le corps qui, à quelques dizaines de mètres de là, tente de se mouvoir comme si les quelques centimètres qui le séparaient du précieux sous-vêtement (que la déchirure indélicate n'a pas dévalué, si ce n'est dans le cadre du contrat malencontreusement signé il y a... quand était-ce, au fait ?) étaient un désert que prolongerait une Noire Forêt habitée d'êtres incongrus.

 

Le corps respire grassement. Une ironie voudrait que cette respiration puisse avoir quelque chose d'obscène. Si Olivier écoute à la porte (au lieu de déposer le courrier), il imaginera on ne sait quels ébats (une révolution ? sans lui ? le jeune homme se décompose et repart, dépité). Mais le seul orgasme qui se concrétise, en cette pièce abandonnée de Dieu parti avec Nadigne, c'est l'ouverture des doigts de la main au bout d'un bras qui tente de se déplier pour accroître vainement la capacité de préhension de ce corps que nul fantasme ne soulève plus.

 

Un faible vent traverse la fenêtre et balaie le sol, éloignant la chaussette de quelques centimètres. Tout est à recommencer.



#112 denis_h

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Posté 31 octobre 2018 - 10:18

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#113 Hattie

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Posté 31 octobre 2018 - 10:31

L'homme-corps ne rampe plus. Il tente de respirer plus doucement. Récupérer l'oxygène perdu. Les côtes lui font mal. Le diaphragme pompe comme un vieux pneu caoutchouc de chez Michel-In.

 

Michel, le philosophe, qui sait que l'histoire ne se répète jamais, passant par là, propose son aide à l'homme. Exposé aux sarcasmes de ses confrères, il sait ne plus avoir le droit à l'erreur. Devoir réparer impérativement son image écornée d'hédoniste à la chaussette.

_ '' Homme, tu allonges ton corps, souplement mais avec tonus quand même, un peu à la manière de l'élastique. Ensuite, tu tends le bras, au maximum de ton coude et de ton épaule, oui, c'est ça... Bien. Puis, tu tends la main, au maximum de tes doigts, jusqu'au plus grand... Génial. Jusqu'au shunt har-mo-ni-eux de la danse du ver luisant. Tu penses à la trace laissée au sol, comme si tu étais sur une dune de sable chaud. L'empreinte de ton corps, le balancement de tes cuisses, de tes bourses, l'une sur l'autre, dans la reptation du serpent... Ouiiiiii. Tes épaules accompagnent ton balancement... Tu te sens revenir dans le col de l'utérus de ta mère. La matrice te serre. Humide et chaude. Tu retiens ton souuffflee. L'air pousse dans tes joues, tes bronches. Ton front est luisant. En position de décubitus dorsal (si c'est possible !). Ton front. Allez... Tu t'allonges encore ., et encore allez, plus, plus, pousse, pousse, pousse...jusqu'au shunt radical de la Vie. Et hop ! là tu récupères la chaussette. ''

 

Le pauvre Michel ne se rend plus compte du ridicule. Emporté par son délire de sage-femme, il n'entend même plus le diaphragme de l'homme reprendre sa respiration. Une forte et puissante respiration lui crier :

_ '' Espèce de philosophe à la gomme ! Tu n'vois pas qu'il est mort ! ''



#114 serioscal

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Posté 31 octobre 2018 - 11:21

La mort s'est encore trompée. C'était l'heure de Michel, pas celle de ce pauvre gars.

-J'te l'avais bien dit, assène Nadigne à Dieu (qu'elle appelle « mon gneugneu ») quand ils apprennent la bévue.

- Ce pauvre homme était bien mal en point quoi qu'il en soit. Je l'aurais rappelé à moi tôt ou tard.
- Quoi ! Avec sa vieille chaussette puante ? Tu veux dévaluer le prix du mètre carré paradisiaque ?
- Ça ne risque rien. Sur Terre tout n'est que tohu et bohu.
- Hein ?
- C'est la merde, quoi. Va faire un tour dans la forêt pour voir.
- Mais quand même. Ce Michel, là, il va pourrir mon gneugneu sur titteur, ça me casse le moral, moi !

Elle pleure. Une pluie âpre tombe sur la ville. Michel est atterré.
- Mon disciple est mort. Et cette chaussette pue bigrement. Je vais ouvrir la fenêtre. Aaaah !

Michel n'avait pas prêté attention à la sournoise rafale de vent gonflée du grave tremolo des cloches de l'église vibrionnantes qui bouscule tout sur son passage. Du haut de la fenêtre, on voit se former un gros point philosophique comme un homme qui tombe.

Olivier se gratte la tête.
- Michel ! Que fais-tu là ?

#115 Hattie

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Posté 31 octobre 2018 - 03:25

Bien sûr que l'homme n'est pas mort ! Puisque son diaphragme bat encore et parle haut et fort !

 

_ '' Son Gneugneu n'a pas l'air de beaucoup si connaître en vitalité ! P'tain, ça craint sa race ! '' témoigne ###########.

 

[afin d'éviter toute polémique et avant que France Info, BFMTV, C.News, C dans l'air, C machin Truc, C machin Cela, C machin Ceci, MédiaPart et Cie... ne s'emparent des informations et ne nous en fassent des tartines cholestérolées, le narrateur tient à flouter le nom de l'intervenant afin de le protéger. Et, indiquer que, jusqu'à preuve du contraire, aucun élément ne permet de disserter sur la potentialité même d'une race divine. Une entité dont on ne sait ni le génome ni l'origine, ni la souche-mère, ni la lignée, ni même l'ascendance sûre d'une ethnie précise.. n'autorise à préjuger d'une espèce particulière.]

 

_ '' Que la parenthèse soit fermée. '', dit Gneugneu.

Et la parenthèse fut fermée.

 

'' Bon. (le diaphragme)

Il y a dans le ciel de terre de nombreux enugmes.

Qu'est-ce qu'un enugme ?

Un enugme est à la fois une énigme et un nugme.

Qu'est-ce qu'un nugme ?

Un nugme est le début d'une résolution de conflit.

Si vous craignez un nugme, inutile de partir en courant.

Le nugme, par essence, est gentil. Il tend à permettre le rapprochement entre deux éléments qui, au premier abord, sembleraient n'avoir rien en commun.

Mais qui, une fois rapprochés, s'enlacent. Puis s'enrichissent.

Ainsi, l'arcévique et nadigme forment un nugme. Secondaire. ''

 

_ '' Bah quoi ! C'est comme une rumeur ! '' témoigne toujours ############, faisant preuve d'un esproust critique plutôt développé. Il poursuit :

'' Moi chais, moi chais, M'dame Nadigme. L'Michel il likait trop sa face et sa face lui a tombé dans le néant. Vla !''

_ '' Alors, si ce n'est que cela, ça me rassure '', dit Olivier, marchant sur la tête.'' J'aime bien les nugmes ! ''



#116 serioscal

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Posté 31 octobre 2018 - 05:04

- C'est ma voiture que vous appelez néant ?

Un gars en colère armé d'une scie et d'un barreau de chaise vient d'apparaître sur le plateau de Bfm-C-Apart, au milieu d'une émission consacrée à « Jean-Luc, nugme des nugmes » et réalisée par le jeune Alexis*.

[* Qu'on ne confondra pas avec le Poète Alexis, par ailleurs Maître du monde, à moins qu'il ne se soit déguisé.]

-T'as vu Olivier ? On est trop des nugmes, nous.

Mais Olivier essaie de comprendre pourquoi le bonhomme est en colère. Certes, un nugme est tombé sur le toit de sa voiture ! Mais c'est un gentil nugme, non ?

- Et moi, je ne suis pas un gentil nugme peut-être ? Viens ici que je t'attrape le diaphragme !

Jean-Luc est désemparé. Les techniciens ont rangé leurs caméras. Les journalistes photographient le corps nugmal de Michel encastré dans la 4L de l'homme armé. Pourtant une atmosphère de Paix Universelle se répand sur cette scène désordonnée. Le diaphragme de l'homme tenu pour mort émet un chant de joie et de dévotion, dans le style sumérien-comanche intermédiaire.

La nuit tombe. Une hôtesse vêtue d'un uniforme très élégant informe les participants que l'avion à destination d'Acapulco sera bientôt prêt à décoller. Ils sont priés de se regrouper en salle 6.66 pour la fouille obligatoire.

- Même pour les nugmes ?
- Même pour les nugmes.

Jean-Luc s'effondre. Il a caché dans ses sous-vêtements des paquets de pistaches et de cacahuètes qu'il comptait grignoter en secret, pendant le voyage.

#117 Hattie

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Posté 01 novembre 2018 - 07:10

Ce qui fait que l'humanité existe depuis la nuit des temps est le petit gland caché dans l'ombilic de l'homme, entre le derme et l'épiderme. Faisant saillir une boursouflure, coquette chez la femme (qui la cache sous un piercing), plus proéminente chez l'homme, si fier de son appendice ombilical. Antonin le sait plus que les autres, tant son ombilic s'enflamme, ressemblant à un fraiser lie-de-vin qu'il va falloir tenter de cacher au passage de la sécurité.

 

Vol de la Louf-Air-Force, à destination d'Acapulco, escale à San Juan de los Tacos, charmant village du Chapias, haut lieu de la tortilla mexicana, pour une séance d'évangélisation militaire et gourmande.

 

Mais avant : salle 6.66 :

_ '' Adams d'un côté, Eves de l'autre. Ôtez tout ce qui brille, sonne, clique, aimante, rouille, coule, les dentiers, œils de verre, prothèses, lunettes, sonotones, perruques, bagues et colliers, chaussures, vêtements, sous-vêtements, semartephonees, tout doit disparaître ! A POIL ! VITE ! A la PESÉE ! Puis, à la FESSÉE. ''


Tout le monde est là, qui en tenue d’Eve, qui en tenue d’Adam, qui exubérant, qui replié sur soi-même.

 

- Bourgeois et prolétaires

- Gneugneu et femme de Gneugneu (Nadigmeuh ! tant elle mâchonne son offuscation de la poilitude sans politesse des autres)

- Jean-Luc ayant caché cacahuètes et pistaches sous ses aisselles (il est un peu engoncé, bras, épaules et poitrine serrés, on dirait qu'il a envie d'aller à popo)

- ('' mais non ! Jean-Luc ! Je te dis qu'on va à Acapulco, détends-toi ! Merde ''), son ami Olivier, donc, qui tente de lui arracher un sénatorial sourire de gars en voyage

- la chaussette tremblante, toujours trouée (pourvu que ça ne foute pas la panique à bord !) (de toute façon, soyons rassurés, dans tous les vols, de toutes les compagnies, il y a à bord des chaussettes trouées, ...alors, pas de raison de s'inquiéter outre mesure)

- l'homme, qui devrait aller avec la chaussette trouée (qui se dit que cela ne va pas être coton de la capturer !)

- Michel, un peu cabossé par le néant

- sa compagne O qui commence à trouver que Michel est un K

- Michel'F perdu dans sa folie et ses concepts

- Antonin, donc, et son fraisier lie-de-vin

- Alexis et Alexis, on ne sait plus trop lequel est qui, acquis à leurs causes, jumeaux

et tous les autres, les poètes, les évangélistes, les anges, les philosophes, les linguistes, les acteurs, le machiniste, l'assureur, les enfants de chœur, la modeuse, tous les nugmes, et tant et tant de monde...

L'avion est plein à craquer.


_ '' Chers z'amis zé croyants, chers z'amis zé incroyants. Chacun ici connaît à présent son poids, donc, le poids de ses péchés sur terre. Lors de l'escale à San Juan de los Tacos, chacun recevra son poids divisé par 21 de tortillas bien pimentées. Que chacun devra manger dans un temps déterminé de 666 secondes, temps particulier pour la prière et la retraite spirituelle. Après cela, on reprend l'avion. Départ pour Acapulco. Arrivé au-dessus du Pacifique, l'avion pique du nez, les manettes sont lâchées, les portes s'ouvrent... A la volonté du seigneur. On va voir si vous croyez ou pas, bande d'esclaves, de chiens infidèles, de nugmes diaboliques. Ceux qui veulent sauver leur peau sautent. chri chhri hri ! Ceux qui ont réussi leur séance de prières gourmandes n'ont rien à craindre : le bol alimentaire ! ''

 

_ '' Madre mia '', le chœur des vierges

_ '' P'tain ! Je vais peut-être m'en sortir c'couci avec mes pistaches et mes cacahuètes... ''

 

 

Le ciel est rouge. Le soleil à l'équateur. Pas loin.



#118 serioscal

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Posté 01 novembre 2018 - 10:42

La décence nous interdit de décrire le biais par lequel Jean-Luc, finalement, réussira à dissimuler l'existence des précieux sachets d'arachides et autres petites joies apéritives. Il se sent un peu lourd mais surtout, à présent, il lui faut rassurer les passagers.

 

- Ne vous inquiétez pas, mes camarades ! Je suis excellent pilote. Nous irons à Caracas au lieu d'Acapulco. La telerevolutionerala qui se prépare à nous accueillir vous apportera la Gloire que sans moi vous n'auriez jamais connue. N'oubliez pas de régler vos cotisations avant de monter dans l'avion et à moi les manettes !

- Il y a un problème, mon fils, le reprend le Divin Archivêque qui a passé les contrôles depuis longtemps et a revêtu le costume très élégant des pilotes de la British Airways. Votre place est au fond de l'avion, là-bas, voyez ?

- Mais qu'est-ce que c'est que ce rigolo ?

 

Jean-Luc désemparé cherche des yeux Alexis. Mais Alexis a disparu. Les deux Alexis ont disparu. Ils ne sont pas dans l'avion. Pas sur la plateforme pétrolière qui sert d'aéroport non plus. On affrète des frégates militaires pour les retrouver. Au lieu de ça, les soldats ramènent l'arche de Noé.

 

La chaussette, restée à l'écart, se lamente.

- On avait bien besoin de ça...

 

Mais déjà abordent les premiers canards, les éléphants et les girafes, les chiens et chats et une brassée de sauterelles, quelques pigeons, des crocodiles, des léopards, deux pihis de Chine et quelques escargots...



#119 Hattie

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Posté 01 novembre 2018 - 11:43

_ '' Je m'élève en faux. Ce ne sont pas des pihis de Chine, si vous permettez. C'est une espèce rare, en voie de disparition, des Patrick et Isabelle, oiseaux inséparables venus de Levallois-Perret.''

Interlocatude de l'assemblée entière :

_ '' Non ! Niet ! A cause d'eux on va se faire remarquer ! Qu'on les renvoie dans leur pays ! Pas d'immigration sauvage, ici. Nous c'est différent, nous sommes des rescapés !''

 

Découvert(s) et rejeté(s), Patrick-Isabelle entre(nt) dans une colère noire.

( index gauche levé et pointeur) :

_ '' Toi, Jean-Luc, si tu nous en sors j'te jure que j'remonte le mur de Berlin, les Balkans et l'URSS avec !

_ '' Wouahhhhhhhhhhhhh, c'est vrai ? Tu ferais ça ? '' demande le Jean-Luc époustouflé.

Il se sent redevenir un enfant. C'est Noël après Noé. Le Petit Jésus l'a exaucé. Ses yeux brillent plus que les étoiles de Baïkonour.

  '' Ça a une autre gueule que l'arche de Noé, vous reconnaîtrez, non hein ? ''

 

C'est Poutin qui est content. Loin, sur les rives de sa Baltique, dans son Saint-Pétersbourg / Petrograd / Leningrad / Saint-Pétersbourg natal, il écoute les infos, suivant de très très très près les péripéties de мужчина с носком раскололся, l'homme à un orteil fendu, comme on dit là-bas, ...dans les froidures de l'hiver et les noirceurs des forêts de bouleaux.

 

 


 



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Posté 01 novembre 2018 - 12:49

Jean-Luc hurle. La vision du puissant Vladimir l'a ramené à sa sordide réalité quotidienne, l'absence de perspective concrète, Alexis qui frime pendant que lui essaie de convaincre Olivier de renoncer à partir avec Nathalie. Des heures au téléphone. Des centaines de SMS. Pour rien.

- La steppe, c'est moi !, crie encore Jean-Luc tandis que s'approchent deux gorilles en costume noir (ces agents du Fsb s'étaient infiltrés de longue date dans l'arche).

- Vous êtes originaire de Balkaninie. Vladimir veut vous voir.
- Vladimir ? Mais... Mais...

Les gorilles l'attrapent par les épaules. Non loin de là, Dieu veille.

A ses côtés, Nadigne se complaît à divertir son idole. En son for intérieur, pourtant, elle songe à la façon dont elle pourrait se débarrasser de ce vieux birbe.