Tigrou est délicat, un peu efféminé,
Il vient dès le matin, discret, se parfumer
Dans les buissons de menthe.
Les roses du jardin raillent du goût banal
Dont le chat se complaît, de son ronron trivial,
Sa tenue indécente.
Le chat roux s'enroule sans la moindre pudeur
Autour des longs bouquets de feuilles, de senteurs.
Sa joie est éclatante,
Et rien ne le distrait, même la robe noire
De la demoiselle voisine au merveilleux regard
Qui, le soir, se lamente
D'être, sans compagnon, enfermée au salon
Clos de sa maîtresse, car sans chat, rien n'est bon
À son cœur d'amarante.
Tigrou n'en a que faire. Enivré de parfum,
Il dénigre le rut commun de ses voisins
Aux greniers et sous-pentes.
Les plaisirs compulsifs lui sont tout étrangers.
Pour se distraire un peu, il aime pianoter
Les touches dissonantes
Du clavier paresseux des orgues de l'église.
La joie contre nature est une chose exquise,
Ô liberté ardente !
Te semper amabo ISBN 9782919390083–DLE 2011