Amandine

Sept heures,

les minutes défilent,

la nuit noire devient pénombre.

Le ciel se pare de couleurs,

la terre est encore sombre.  

Un vent bruyant

fait tournoyer

les feuilles du noyer.

Quelques noix

tombent avec fracas

sur l’allée pavée.

Un courant d’air                    

entre par la cheminée,

fait murmurer les pierres.

Je frissonne.

Je soupire

mon envie de sortir.

Quelques fagots

réveillent le feu,                                

je souffle sur la braise.

Un jour de grand vent                      

où les branches se balancent           

où les chevelures s’envolent.

Un jour sans un chat dehors,

juste un ronron

au coin du feu.

Réveil en sourcil,

levé en sommeil.

Les doigts de pied hors du lit

effleurent le tapis.

Sur le parquet,

se dessine l’empreinte

du passage furtif.

Le carrelage

glace l’instant,

ma peau frissonne,

la tête foisonne.

J’efface

les traces laissées

par l’oreiller.

Avec les escarpins,

j’ai le regard

plus féminin.

Hauteur et fraîcheur

du levant au couchant,

j’avance sûrement.

Une lumière tamisée

traverse le rideau.

Lueur du matin

après la nuit

ensommeillée.

Réveil à la fin du rêve

calme et serein.

Je m’attarde.                                    

La lampe de chevet

éclaire le papier.

La poésie s’installe,               

se griffonne,

caracole

comme une danse

de verres à pied.

Le son clair

lumineux

du cristal.

Un temps pour rêver, 

un autre pour flâner                         

de la chambre à la table

du salon,

d’une émotion à la diction,

l’addiction des mots.

Réveil nocturne,

agité.

Seule,

face à face

avec soi !

Ressurgissent

les limites, les erreurs,

les doutes, les peurs...                

Un mal sournois

m’envahit,

me chahute en pleine nuit.

Sombrer ?

Plutôt s’éloigner.           

Chercher l’apaisement.                              

Du bout des doigts

je touche

le ronronnement

d’à côté.

Les caresses calment les tourments,

le souffle est serein,

le rythme lent.

Je me blottis… 

Mon homme dort

encore.

Je me glisse

dans son sommeil.

Le plafond n’est pas si plat au fond.

Les ombres lui donnent du relief.

Une douce lumière le caresse.

J’y installe ma toile d’araignée,

ma sphère céleste,

ma galaxie,

des étoiles et la lune pleine.

Un ciel profond,

sombre et lumineux.

Je pensais que ce texte pouvait passer inaperçu… je suis agréablement surprise.

Merci à tous.

Ce matin,                   

une fleur                                                       

à un mètre du sol.

Seul point de couleur

au milieu de la verdure.

La rose trémière,

rouge fuchsia,

attire l’œil.

Ce soir,

la fleur a de l’éclat

dans son écrin

vert foncé.                 

La lumière du ciel

teinte la rose 

d’un dégradé

rouge orangé.

Etonnement d’un jour,

quand tourne la terre.          

Les regards se croisent.

Nuances et reflets

d’une nature habillée de lumière.

Une vie suspendue.

Une femme absente.

Un homme quitté

à la gorge est nouée.

Ses doigts se tordent.

Il frémit,

gémit,

appelle,

susurre :

« écris-moi,

quelques mots,

quelques notes,

une mélodie,

l’invitation à un voyage

au cœur de nos silences. »

Sa mémoire le harcèle,

son cœur chuchote

l’attente.

Des jours,

des semaines

se succèdent

infiniment.  

Il la cherche

dans des regards,

par instinct.

Il la cherche

sans la revoir,

sans recevoir

le moindre

amour.

Le regard sombre,

le visage ténu,

les gestes saccadés ;

La vie,

un sac de nœuds.

Courir, s’arracher…

Direction l’abandon.

Les larmes coulent

en dedans

rejoignent le flot

du rouge matinal.

Noyer le désespoir.

Seul le temps

desserre

les nœuds intérieurs,

un à un…

Renaître doucement,

affronter

grisaille et giboulées.

Balayer

les feuilles mortes,

regarder les bourgeons.

Ecrire.

Ouvrir la porte de l’Eden.

J’entre pieds nus,

dans le jardin

trop grand

pour en faire le tour.

Tant de fleurs, de parfums, de couleurs

Tant de parterres harmonieux

Des compositions pleins les yeux

Tomber sous le charme

de mots réunis                                               

de plantes assorties                                     

au fil des saisons,

le long des sillons

page après page.

Couleurs et senteurs

se répondent.

La rose se penche,

la lavande se dresse.

Elles se caressent.

Quelques graines

Une goutte d’eau

Un souffle

En un instant,

les mots capturent

bien des délices.

Les vers désignent

le charme du lieu.

Ravissement des sens,

les éléments se marient.                           

Allongée dans le jardin,

je me délecte.

Cueillir                                                

quelques brins de poésie,

offrir mon bonheur en mots.                  

Pourvu qu’elle erre sans but précis, sans s’arrêter devant ma vie… j’ai trop à faire, à vivre…

La mort rôde,

pourvu qu’elle ne m’attende pas !

à travers les souvenirs, la nostalgie...

La Vire, sa vallée

à la gorge déployée,

à la pente boisée.

La Vire, ses collines,

paysage de magie,

changeant au gré du vent,

nuages blancs,

nuages gris.

Telle une danse

capricieuse et harmonieuse,

les haies quadrillent

les verdoyantes prairies.

Dans l’herbe

parsemée de trèfles

les vaches curieuses,

finissent de brouter,

nous regardent passer.

Chemins sinueux et escarpés de mon enfance.

Un souffle d’air chaud

caresse les feuilles,

je me sens virevolter.

Quel compliment ! Merci M. de Saint-Michel !

Au lever,

mon regard porté loin

ne voit rien

qu’un voile blanc,

de sombres formes.

Paysage sans soleil

encore en sommeil.