Là-bas, tout au loin, derrière les monts sauvages,
les forêts ténébreuses et les sombres vals,
se cache un coin de verdure de tous ignoré,
Une demeure vénérable aux airs éplorés,
Par les humeurs du temps trop souvent maltraitée,
Ses membrures de châtaignier grincent et ploient,
sa belle chapelle semble tout de guingois,
Elle voudrait renaitre à la mort de l'été,
Requinquée sous un flot de teintes mordorées
Elle réchauffe son vieux corps brutalisé,
et rêve, pâle et fière, aux bonheurs égarés,
Son histoire est touchante, et vaut d'être contée,
Vous souviendrez-vous tous, voyageurs des nuées,
Des chevaux, des calèches et des canotiers ?
C'était au tournant du siècle, à la belle époque.
aux matinées égayées par le chant du coq,
Les belles se pendaient rieuses à nos bras,
voulaient canoter, rêver dExtrême-Orient,
de passions brulantes aux îles sous le vent,
tout au long des allées du parc suivons leur pas,
Comme j'aime leurs longues robes de dentelles,
leurs rires, leurs valses d'immaculées ombrelles,
les échappées soudaines au coeur des boisés,
Les fausses pudeurs, la danse des mains nacrées,
Bouquets de pivoines, porcelaine de chine,
Escaliers de chêne et napperons de dentelles,
Chant des élégantes en vastes cascatelles,
Gourmandises et songeries adamantines,
Douce tendresse des collines morvandelles,
Folles espérances filles d'amours rebelles,
Ombres de Camille, Gabrielle ou d'Élise,
Somptueuses cavalcades des insoumises.
- Jped et M. de Saint-Michel aiment ceci