à mon ami Denis,
qui fut agressé un soir
en rentrant chez lui.
Mon doux, mon si bel ami
T'écrirai-je enfin ce soir
Le désarroi de te savoir
Couché dans ce si grand lit?
Sur ton corps, tes bras, le hâle
Couvert d'ecchymoses et de bleus,
Les poches violacées sous tes yeux,
Contrastent avec ton visage pâle.
Je tremble de t'entendre dire
Ces coups pris pour de l'argent
Lorsqu'ils te cassèrent les dents,
Ebréchant ainsi ton sourire;
Et te rompirent de nombreux os:
Ton coude fracturé, opéré,
Ainsi que l'arête du nez...
Que te plains-tu de n'être beau!
Tant de détresse dans tes yeux clairs
Malgré ton sourire qui désarme
Lorsque tu verses quelques larmes
Dans cette chambre "hospitalière"...
Et maintenant sous ce drap blanc
Où tu ne sembles plus souffrir
Sur tes lèvres flotte un sourire;
Tu dors d'un sommeil lourd d'enfant.
Soulagée mais inquiète encore,
Assise tout à côté de toi,
Sur ce lit blanc tant à l'étroit,
Je tremble mais... tu n'es pas mort!
Juste un peu pâle
A l'hôpital.
Je pensais juste ce matin, avec un peu de vague à l'âme, à mon ami et presque frère Denis, qui fut tué dans un accident de voiture, il y a bientôt dix ans. Environ quinze mois avant sa mort, il avait été agressé en rentrant chez lui, extirpé de force de sa voiture à un feu rouge, et battu jusqu'à ce qu'il donne sa carte bleue et son code. Les agresseurs l'avaient-ils déjà repéré? Il était banquier.
Mon ange, tu me manques.