Le Futur de l'Amour (questionnement sur le devenir)

Voici un poème écrit alors que je me posais des questions sur l'engagement du couple au fur et à mesure que le temps passe. Un chanteur que j'ai eu l'occasion de rencontrer, à la suite d'un spectacle où il avait déclamé ce poème devant les spectateurs, m'a raconté qu'ayant eu sa virilité compromise pendant un certain temps par une grave maladie, il s'était instauré entre lui et la dame de ses pensées un non-dit que ce poème a dissipé. L'ayant reçu pour pouvoir l'apprendre, il l'a montré, parmi d'autres à intégrer au spectacle, à sa femme. Lorsqu'elle le lut, elle entama avec monsieur une conversation où tout fut mis à plat, chacun d'entre eux ayant eu les craintes exprimées ici mais n'ayant pas osé en faire part à l'autre. Suite à quoi, grâce à la libération générée par la conversation, les choses allèrent ensuite beacucoup mieux, et quand le traitement cessa... Je fus très touché que cet homme, dont j'appréciai le travail mais que somme toute je ne connaissais pas, s'ouvrit ainsi à moi, dévoilant pour moi un coin intime de sa vie, simplement pour me faire savoir combien quelques uns de mes vers l'avaient aidé. Ce fut pour moi un moment très fort de ma vie de poète, que de me rendre compte ainsi in situ du pouvoir des mots, parfois de mes mots, sur les maux.

Tout ceci m'est revenu ce matin, en lisant dans le petit salon de ce site un poème du Slovène sur le même thème intitulé Petite Flamme, mais traité fort différemment de celui-ci, très beau et émouvant, poignant dans ce qu'il dévoile d'incertitude et de crainte.

Voici donc...


Le Futur de l'Amour

M'aimeras-tu toujours avec les cheveux gris
Lorsque de ma jeunesse j'aurai perdu l'éclat,
Que le rose de mes joues, usé, aura pâli,
Que mon corps, fatigué, entier s'affaissera?

Avec les cheveux blancs m'aimeras-tu encore
Quand sous le poids d'une vie mes épaules plieront
Et que jour après jour mon visage et mon corps,
Que tu as connu jeunes, mûriront, changeront?

Me désireras-tu? Serons-nous des amants?
Aimeras-tu mon corps avec autant d'ardeur,
Ou notre amour charnel cédant au poids des ans,
Serons-nous des amis d'une tendresse de coeur?

Ah que j'espère t'ntendre encore parler d'amour
A la vieille femme que je serai devenue,
Toi qui seras la flamme, la lumière de mes jours,
Et qu'encore j'aimerai d'un amour absolu.

25 octobre 2006
A Jean-Luc, mon cher amour.