La peur du noir
Il y a une peur enfantine, qui est celle de la peur de l'invisible
Ou plus banalement la peur de tout cela qu'on ne voit pas
Ma lumière ? Elle reste dans le regard que je porte sur vous
Mes amis aveugles, ils n'ont pas de regards, c'est très étrange
Ils ne me reconnaissent jamais que par le son seul de ma voix
Et quand avant je fumais la pipe, par une odeur mielleuse de tabac
J'ai appris d'eux que le noir, ce n'est pas ce néant inconnaissable
Ils vivent chaque jour sans lumière, et ils sont bons musiciens
Dans ma jeunesse, je me souviens, que mes oncles et tantes
Ils m'ont dit, d'aller tout seul dans le noir, tout au bout d'un champ
Je les remercie encore, car je n'y ai vus que des vaches et des arbres
Et tous les monstres, ils ont disparus de mes terreurs enfantines,
Plus récemment dans des films d'horreurs sur ma petite télévision
Je revoyais ces monstres sans visages et tous noirs dans une capuche vide
Et J'ai retrouvé là toutes mes peurs enfantines, je redevenais un enfant peureux
Puis je me suis dit que je devais affronter maintenant mes mauvais rêves
Alors en plein jour, je songeais à un monde qui est en noir et blanc
Où là j'entrais en sachant bien que c'était un monde sans lumière
Et je me dis alors: Mon regard il me suffit pour voir ce que j'aime
Je songe à la nuit et je songe au jour... Pourquoi donc cette peur?
Je ne suis plus un enfant, je vois dans ces visages d'absences
Ces vides qui sont encapuchonnés dans une bure qui les contient
Ils sont là-dedans et ils n'ont pas d'images mais je sais bien qu'ils existent
Je songe alors à mes amis aveugles qui ne connaissent de ce monde vécu
Ce monde sans lumière, la lumière révèle la présence, je sais cette présence
Les absents qui se permettent parfois des cachoteries pour nous voyants
Je n'ai peur de rien, je sais des musiques et parfois de bonnes odeurs aussi
La peur? Elle n'est jamais qu'une méconnaissance de l'autre qui vit à coté