Aller au contenu

JPZ

Inscrit(e) : 17 févr. 2018
Hors-ligne Dernière activité : août 10 2018 01:04

#345027 Le corps de Dieu

Posté par JPZ - 07 mars 2018 - 04:23

Vous avez raison, je gâche.

Pas le temps, toujours dans l'urgence et bâclant.

Je fourmille d'idées et je n'achève rien. En disant cela je me montre fainéant, ou bien vaurien.

A paraître un texte qui s'appelle Au banquet du destin que je souhaiterais cette fois abouti. J'y travaille depuis des jours mais sans jamais me réconcilier avec lui.

Connaissez vous St John Perse et son recueil Vents ?

Rien ( à part Apollinaire) n'a jamais été écrit de plus beau, interminable litanie.

Je suis à contre pied, Laconisme, mots heurtant, oxymores des surréalistes.

J'ai beaucoup aimé votre réponse, très personnelle, très élégante.




#344975 Le monde est beau

Posté par JPZ - 06 mars 2018 - 02:09

C'est bien, très bien. Laconique à souhait mais complet. Tout y est




#344974 Sous les ailes des oiseaux

Posté par JPZ - 06 mars 2018 - 02:04

Fluide et aussi rapide que l'imposture du temps. En deux strophes 50 ans passèrent. Mais la délicatesse revient à laisser courir ce temps sans l'accuser




#344973 Le corps de Dieu

Posté par JPZ - 06 mars 2018 - 01:57

Ils se déplacaient toujours par cinq.
Losqu'on leur demandait pourquoi ils expliquaient qu'ils étaient le corps de Dieu.
Ainsi subjugés, cherchant des raisons pour les confondre nous demandions pourquoi.
 
Alors, ils sombraient dans la mélancolie
Effarés, dans des tourments
Ils s'expliquaient.
 
Le premier des cinqs prit la parole avec ses mots de feu
Je suis sa parole charriant des vacarmes
Cohortes de comètes issues de ma gorge
Je suis son Verbe
 
Le second, ne s'exprimant pas, bougea dans l'espace aboli
De nos vies nouées
Le silence est plus grand que l'espace
Je suis son Geste.
 
Vint un troisième, dans le ciel embusqué
Avec un oeil plein de façades
Et des lumières qui le fuyaient
Dans un fouillis d'étoiles
Il dit en chuchotant
Je suis son Auréole.
 
Dans un jet d'encre et assis
Surgirent les jumeaux et leurs gestes lunaires
Nous pensons à reculons qu'il est bon sans colère
D'effacer vos prières
Mais jamais votre désir de nous.
 
 
 



#344971 Défunte Isadora

Posté par JPZ - 06 mars 2018 - 12:35

Nous ignorons tout de la course oblique des anges
Lorsque se précipitant des nuées,
Toutes voiles dehors sur leurs épaules d'airain,
Ces gymnastes célestes,
Traqueurs infatiguables,
Font de leur proie des tombeaux éventrés.
 
Ainsi, 
Sans qu'elle l'eût désiré,
Et sans que la veille auncun signe ne l'annoncât,
La catholique Isadora passa de vie à trépas.
Faute d'avoir au troisième commendement
Désobéi.
 
Nous sommes passagers inquiétés
Aimables victimes, lentes limaces
Enfantées par les pensées creuses
D'un dieu industrieux
Ne s'intéressant pas à l'Espagne.
 
Ni à la luxure sommes toutes.
 



#344970 Angélus

Posté par JPZ - 06 mars 2018 - 12:29

C'est une pendule pleine de brouillard
Il est minuit quand l'aiguille bloque
Avec son bruit de métal froid.
 
Oiseaux perdus trous de hiboux
Moineaux hirsutes et grelottant
Hors du lit chaud je suis jeté.
 
Sitôt sorti sitôt gerçé
Sous les vents durs je me déplace
Poussé plutôt à reculons.
 
Avec dans mes mains petites
Du houx, du houx pour la Saint Gui
Dont les épines déchirent
 
Houx le rouge, blanc le givre
Enfance et merveilles
J'ai mon bonnet et deux manteaux
 
Brises qui cinglent et qui crépitent
Pluies de grésil fendant les joues
A pas menus, hissé, tiré,
Elle dit courage, en me couvrant
 
Vient le porche et son désert
Je suis à droite, place des hommes
Genoux cassés contre le banc
Tombe alors la pluie d'ençens.
 
Choeurs dans les églises
Chapelets marmonnés dans l'air glacial
Ave Maria, du bist voll der Gnade
Ces longs murmures m'endorment
 
Vieilles femmes et leurs chiffes noires
Courbées devant les ors des Blaise des Jean
Essuient en sortant leurs mains osseuses
sur les surfaces gelées des bénitiers
 
Cet été encore sombraient leurs mains
Dans l'eau limpide
Lorsque l'agitant, ces sauveuses
De leurs coeur faisaient don.
 
Ne laissant à personne le soin d'y pénétrer.
Ni à moi d'un pouce bouger.
 
 



#344803 La circoncision (1)

Posté par JPZ - 02 mars 2018 - 02:44

Excellente réponse faite par toi même. L'effet miroir. Belle humilité dont tu fais preuve souvent. Puis je dire, j'aime ta façon d'être, d'écrire moins. Mais que pourrais-je écrire en anglais except yes no




#344791 Condamné à mort

Posté par JPZ - 01 mars 2018 - 08:05

Il est couché.
Il a le visage tourné contre le mur.
Un visage de caillou
Pareil aux pierres
Qu'il regarde.
 
Il est debout,
Il n'a nulle part
Où marcher avec ses pieds.
 
Il écoute, il chancelle,
Seul son coeur bat,
Tandis que ses larmes
Sur son corps sèchent
Sans le mouiller.
 
Il rêve sans sommeil.
Il fait ses gestes de dormeur.
Il a ses bras, il les bouge
Il a ses yeux, il les bouge
Vers la lucarne qui sent l'air frais. 
 
Demain il est couché, il est pareil
Sauf qu'allongé à la même heure.
Etendu nu comme une sangsue
Sur un fauteuil on le tue
 
Je prends mon dû.
 



#344790 Peintre

Posté par JPZ - 01 mars 2018 - 08:01

Tombés dans l'ombre et la lumière 
Ses doigts remuent l'encre de chine
Un noir ardent.
 
A seaux rompus les sirops d'ocre 
Les bronzes jetés
Dorent les corps noirs
Des femmes tatouées.
 
Noir et jouvence.
Oui peindras tu comme je le fais.
Peindre la nuit comme tu le fais
 
Les brouillards fauves
Les corps tendus
Des jeunes aimées
Les peindras tu, toi.
 
Ecrasant sans relâche la couleur cuite
De nos pensées



#344582 Écoulement des eaux

Posté par JPZ - 26 février 2018 - 01:57

Ce ruisseau étroit en été
A des violences nordiques
Ses eaux nerveuses et remuantes
Les longues rives qui le tordent
En boues jetées versées par dessus bord
L'amène sur les terres sèches.
 
Que ne sommes nous, nageurs infatigables,
Remontant à hue à dia
Tes gués et puis ta source
Ruisseau pendu jeune fracas.
.
Tes joues gifflées par les bourasques
Tes lèvres aimées tordues de froid
L'hiver par mauvais temps dévaste et fend
Ta main gelée sur mon poignet blanc
 
Les gifles de froid c'est des morsures de loutres
Des coups de faucille qu'à bras rompus
A coups perdus les vents nous jettent sans qu'ils se lassent
Loin de leurs gîtes et des gouffres qu'ils habitent.
 
Leur vigueur bouge les rochers qui dans le torrent frottent
En basculant, lourds de leur masse, d'entières falaises
Et les appuis des eaux contraires
Qui fracassent les galets.
 
Longs spasmes du ciel chahuté
Avec son vent ouvert
Ondulant les eaux à peine gelées
 
Remuants amas d'herbes qui se changent
A seaux versés la pluie tenace
Les fait bouger, les engloutit
Avant qu'elles meurent changeantes et noires.
 
Les nuées courent sans bruit
Avalant vite le ciel qui change
Dévalant sur les chaussées
 
Le ciel fléchit comme un poids mort
Jette ses bras d'ouate glacée 
Dans les ombres ciselées des arbres noirs
Et les enchâsse.
 
Promeneurs effarés sous ces beautés
Habitants fous des nuits barbares
Avancant seuls, ne voyant plus
Je m'affale contre un tronc mort
 
Tandis que les vents battent les eaux
S'affalent en longs jets d'encre
De rares oiseaux jettant leurs cris
Leurs enfants nés chantants seuls.
 
Les gris virent au glacis, on a volé les couleurs
Sauf suspendues les vapeurs moîtes
Des nuées qui dorment noires.
 
Cela tombe comme un déluge
Hissé dans les cavernes 
De la mémoire et des mouvements.
 
 



#344574 L'américaine

Posté par JPZ - 25 février 2018 - 11:14

Je faisais  visiter mon jardin à une vielle américaine qui n'avait pas d'opinion
 
La laissant
Du fonds de la cour je vis venir descendant la rue une mère et son enfant.
Elle est en noir, boursoufflée et malmenée par son poids. 
 
Lui en blanc, filandreux, avec un bob vissé
Chahutant vif et bavard.
 
Il dit en trottinant des mots qui n'existent pas car il est petit.
 
Mais elle ne l'écoute pas occupée à masser son épaule rongée par le soleil.
Et cela faisait de loin un bruit flasque, comme une bouée affalée quand elle chahute des rochers,
 
Laissant chuter de sa main gauche un vieux parasol elle dit "das weg".
Ne sachant pas ou ils allaient j'imaginais les chemins des vignes ou des sentiers ombreux, 
Les protégeant du soleil meurtrier.
 
Mais je ne voyais pas qu'avec de si minuscules ou de si grosses jambes ils puissent encore aller.
 
Alors, n'y pensant plus, l'qprès-midi aidant, je fis un somme à l'ombre des figuiers plantés là.
Puis je fis un rêve dans lequel ils apparaissaient chemin faisant.
 
C'était à l'envers.
 
Apparurent en songe un ange immense
Et une sorcière avide suivie par ses cohortes.
De leur lutte je ne vis rien car
Levé de mon hamac, ces songes disparaissant, je dis à l'américaine
 
Qu'l était temp qu'elle s'en aille.
Le soir venant.
 
Mais je compris que je vis
Ce qu'il est interdit de voir.



#344497 Disparaître concrètement

Posté par JPZ - 24 février 2018 - 11:03

Le titre est excellent. Et attire. Il aurait fallu que le texte suive. J'aime tout de même. Et du reste qui sommes nous pour juger. Donc un petit A+ comme à l'école




#344496 Pastorale

Posté par JPZ - 24 février 2018 - 10:52

Remuants et chauds les prés où tu t'étends
Le ciel à la renverse noyant tes yeux mi-clos
Avec leur or tout entier
Qui disent : sois là.
 
Saveur muette des songes d'été.
 
Au loin des paysannes passent
Eclaboussées sous le soleil, 
Napées de jaune elles chantonnent
Lasses elles entonnent
L'azur est notre enfant
 
Tu vas lascive entre mes bras
Tu prononces dans les blés fléchis
"M'aimes tu, toi, autant que je t'aime ?"
Passant ma main sur tes seins blancs, je te réponds
"Ca n'est pas un secret mon âme,
Mais je t'aime en silence depuis des temps
Mon miel suave, toi ma caresse"
 
La brise bouge les ombres changent
Tu es si belle dans l'herbe chaude
Tes jambes qui me ceinturent
Appellent sonnailles, fumées tombantes
Fais des miracles, serre moi fort
Dis tu, toi, mon amant
En me prenant.
 
Pas d'heures, pas de moments
Rien qui ne soit plus beaux instants
Refrains des femmes chantantes
Qui font qu'au soir leur robe tombe
Sans qu'elles y pensent
 
Seras tu là, oh mon étreinte
Mon évanouie, mon infinie,
Tes cuisses ardentes collées sur moi.
Avant que de partir plus loin encore
Nos sourires soient sous le ciel même.
 
Rien qui ne fut, rien qui ne cesse
Sauf nos amours interrompus
Ni nos caresses, ni nos promesses.
 
 
 
 



#344494 La guerre

Posté par JPZ - 24 février 2018 - 10:06

Zones mortes.
 
Coups d'éponge.
Terres sous les balles.
Grimaces et songes
Des effacés.
 
Vapeurs des larmes
Lettres détruites
Balayons, il n'est que dire Bas toi
Je te tutoie
Vas au massacre. 
 
Oui, feu mon ami hier, 
Maintenant le front plein de fer
Sursaute,
Et ses mâchoires sont à sa gauche
Ma main serrant sa main coupée.
 
La pluie charge,
Eau de mitraille
Tandis qu'elle tombe les têtes se percent.
Dans les fossés des bras se heurtent
Tout décousus, les désossés.
 
Sambre et Meuse,
Vapeurs jaunâtres des gaz moutarde
Lorsque sorti des moisissures, tu t'enhardis
Cette fois vaincu en respirant.
 
Chairs glacées, anciens vivants
Vous futes avant le grand désassemblage
Les maris
De ces femmes attendant sur des bancs et des enfants.
 
Froids amas d'un coup d'éponge
Je vous remets morts
Et vos os de phosphore
Dans les crues des boues froides.
 
Mère des ex-voto
La faux passe avec son geste oblique
Tranchées, le mot est vrai
Car les gorges n'ont plus leur casque.
 
Lorsque la terre se mitige au feu
Que les bras brûlent
Je ne vois pas qu'encore debouts
Entiers vous soyez mais battez vous, car fusillés sinon.
 
Des galonnés, ministres obscènes
Dorment en y pensant
Dans les bras blancs
De femmes blafardes
Sous les plafonds des cathédrales
Prises au combat.
 
Rutabagas.
 



#344493 Violaine

Posté par JPZ - 24 février 2018 - 10:00

Violaine. C'est Violaine.
L'âpre au gain, elle ne cède pas.
Elle est normande
 
Un jour qu'elle était seule, 
A huis-clos on la viola,
Sans l'annoncer ni le lui dire.
 
Violaine a ses yeux noirs quand elle y pense.
Dépecée, son âme gît.
 
Alors, dans ses poches, parmi canards et oies,
La chienne Philomène, les ânes battus
Elle a mille canifs sous la lune
Et les aiguise avec lenteur.
 
Jambes serrées, bonnet soudé 
Mains avalées contre ses hanches,
Elle y pense et s'y emploie.
 
Viendront un jour dans la bicoque
Plus vieux, plus durs, ces peu bavards
Au lieu du crîme. 
 
Reprenant leur besogne
Pantalons tombés, lourds cuirs jetés 
Jurant, pestant, salivantes carcasses
Ils doubleront leur entreprise
Pleins de blasphèmes.
 
Sauf que Violaine, car c'est Violaine
Dans le coeur de chacun ses couteaux plongera
Ses astiqués coutelas.
Bien tranchants enfoncera.
 
Elle guette par les carreaux
Leur retour perdu.