sans espérer,
– photographier
à contre-jour.
29/1/18
"Contre-jour" (janvier 2018). Tous droits réservés
29/1/18
"Contre-jour" (janvier 2018). Tous droits réservés
Chère Loup-de-lune,
Lisant cet extrait de Lao-Tseu que vous me faites l'amitié de me transmettre, je me me souviens très bien avoir souvent pensé que c'est le vide entre les mots du poème qui tisse vraiment le poème, de même que ce sont les silences d'une conversation qui disent l'essentiel, -- ou bien encore l'absence de qui on aime qui donne à notre amour sa véritable immensité.
Ce serait une grande joie pour moi de vous voir "reproduire soigneusement [les vides entre les branches de l'arbre que j'ai photographié] sur une feuille de papier de riz, au crayon léger, dans l'ordre même où ils se présentent" .
Il s'agit d'un arbre que j'ai découvert par le hasard de mes promenades, et qui m'a instantanément "parlé". Sa "présence" varie d'intensité selon les saisons et la couleur du ciel. Je dirais , surtout, comme je l'ai écrit , déjà, par ailleurs, que, comme tous les arbres, il "voyage dans les saisons" : je veux dire que que son immobilité est illusoire, comme est illusoire son silence.
Ce message même, que je vous envoie, a ses silences, que, j'en suis certain, vous saurez déchiffrer.
Michel Conrad
Loup-de-lune,
Une fois de plus, votre commentaire est un poème à lui seul, que je lis et relis avec admiration , -- comme si l'écho me renvoyait une parole fraternelle, plus fine peut-être que la mienne, où , dans une étonnante économie de vocables, tout est dit.
L'arbre n'accomplirait -il pas cette alchimie suprême : transformer l'éblouissante lumière solaire en ce que Denys l'Aréopagite nommait une "ténèbre plus que lumineuse". ?
Votre mot, aussi, de "calligraphie", me permet, aussi, d'ajouter que le graphisme , le "mandala" de l'arbre est un langage , à lui seul, et que nos fragiles poèmes ne sont, peut-être, en comparaison de sa plénitude, que de fragiles et dérisoires tentatives d'expression.
Amitié.
Michel Conrad