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Contre-jour

Posté par michelconrad, 30 janvier 2018 · 406 visite(s)

Écrire
sans espérer,
 
– photographier
à contre-jour.

 

29/1/18

 
 
 
 

"Contre-jour"  (janvier 2018). Tous droits réservés

 
 
 
 
 

Image IPB





Loup-de-lune,

 

Une fois de plus, votre commentaire est un poème à lui seul, que je lis et relis avec admiration , -- comme si l'écho me renvoyait une parole fraternelle, plus fine peut-être que la mienne, où , dans une étonnante économie de vocables, tout est dit.

 

L'arbre n'accomplirait -il pas cette alchimie suprême  : transformer l'éblouissante lumière solaire en ce que Denys l'Aréopagite nommait  une "ténèbre plus que lumineuse". ?

 

Votre mot, aussi, de "calligraphie", me permet, aussi,   d'ajouter que le graphisme , le "mandala" de l'arbre est un langage , à lui seul, et que nos fragiles poèmes ne sont, peut-être, en comparaison de sa plénitude,  que de fragiles et dérisoires  tentatives d'expression.

 

 

Amitié.

 

 

Michel Conrad

... l'arbre et le poème entretiennent une heureuse complicité dans l'expression d'être.
Voyez-les ramifier ainsi le ciel et atteindre de leurs fruits respectifs à la parenté de l'étoile.

Le poème, entre ses mots, a ses silences, et l'arbre, entre ses branches, a ses interstices, si délicats, parfois infimes.

Je regarde votre photographie et la merveille que composent les vides; je me prends à rêver de reproduire soigneusement chacun d'eux, sur une feuille de papier de riz, au crayon léger, dans l'ordre même où ils se présentent ; puis de les mettre en couleur... Je pense que l'œuvre qui apparaîtrait alors, à la fois engendrée par les branches et délivrée d'elles, serait des plus envoûtantes, des plus oraculaires, des plus communicatives... Comme la Parole authentique de l'arbre...

Si nous pouvions de même écrire le poème par ses seuls silences, patiemment attendus, consciencieusement relatés, à la fois engendrés par les mots et délivrés d'eux... quelle musique alors !...

... et je ne peux qu'inviter Lao-tzeu, dans un extrait de son Tao-tê-king :

" Bien que trente rayons convergent au moyeu
C'est le vide médian
Qui fait marcher le char (...)
Il n'est chambre où ne soient percées porte et fenêtre
Car c'est le vide encore
Qui permet l'habitat
L'être a des aptitudes
Que le non-être emploie "


Loup-de-lune

Chère Loup-de-lune,

 

Lisant cet extrait de Lao-Tseu que vous me faites l'amitié de me transmettre, je me me souviens très bien  avoir souvent pensé que c'est le vide entre les mots du poème qui tisse vraiment le poème, de même que ce sont les silences d'une conversation qui disent l'essentiel, -- ou bien encore l'absence de qui on aime qui donne à notre amour sa véritable immensité.

 

Ce serait une grande joie pour moi de vous voir "reproduire soigneusement [les vides entre les branches de l'arbre que j'ai photographié] sur une feuille de papier de riz, au crayon léger, dans l'ordre même où ils se présentent" .

 

Il s'agit d'un arbre que j'ai découvert par le hasard de mes promenades, et qui m'a instantanément "parlé". Sa "présence" varie d'intensité selon les saisons et la couleur du ciel. Je dirais , surtout, comme je l'ai écrit , déjà, par ailleurs, que, comme tous les arbres, il "voyage dans les saisons" : je veux dire que que son immobilité est illusoire, comme est illusoire son silence. 

 

Ce message même, que je vous envoie, a ses silences, que, j'en suis certain, vous saurez déchiffrer.

 

Michel Conrad

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