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Le baiser du Japon

Posté par William Valant, 20 décembre 2018 · 567 visite(s)

Ceci est un extrait en prose. Une nouvelle histoire en création.
 
        En la voyant revenir vers lui, comme cela, Kenshin eut la vision du tableau de la Naissance de Vénus, de Sandro Botticelli. Il la voyait sortir des eaux, comme Vénus sort de la conque de cette coquille Saint-Jacques. Avec la même sensation de calme, de sérénité, d'apaisement. Sa silhouette gracieuse, légèrement enrobée jaillit de l'eau. De ses formes voluptueuses et de ses mouvements aériens émanait une légèreté. Elle essora ses long cheveux humides en les tordant avec ses deux mains. Quelques une de ses mèches flottèrent au vent; semblant voler, elles dansaient au rythme des mouvements fluides de son corps.
      Sur son corps nu, elle ne portait que son collier de perles, qui, de temps à autre, reflétait l'éclat rouge du soleil couchant. Ce collier, et son propre pendentif serti d'une perle retirée spécialement de ce dernier, était leur trait d'union, leur serment, leur souvenir inoubliable. Celui de l'une de leurs plus belles journées passées ensemble dans son pays, à visiter les fermes de culture de perles d'Akoya au Japon. La perle de culture d'eau salée, une des plus douces, des plus brillantes et des plus soyeuses perles du monde. D'une parfaite rondeur, dotée d'un lustre exceptionnel et de reflets époustouflants, symbole de pureté, d'amour et de perfection à l'image de Julie et des sentiments qu'il lui portait désormais.
      La douceur d'une brise légère les enveloppait, agitant les flots comme le souffle de Zéphyr dans la toile de Sandro. La mer intérieure de Seto était paisible avec seulement quelques ondelettes, et le vent léger. Le ciel était rempli du parfum des fleurs d'Hamagō. Celles-ci couvraient les rivages de l'île magnifique, et toujours totalement préservée d'Itsuku-shima. Elles l'irradiaient de leur couleur, un violet plutôt vif, et leurs pétales retombaient doucement à la périphérie de son champ de vision, en lisière des arbustes. Au fond de la baie, un chapelet d'autres îles et îlots semblait s'estomper dans une lumière envoûtante. Kenshin se sentait en parfaite osmose avec la nature, comme jamais il n'avait pu le ressentir avant. Cette femme extraordinaire, l'avait amené à un niveau d'apaisement et d'harmonie qu'il n'aurait jamais espéré atteindre.
      Julie avança en contrejour. Les rayons de soleil couchant éclaboussaient tout autour d'elle en volutes légères, comme une brume surnaturelle. Elle semblait sortie d'un songe. Elle arriva près de lui, alors que l'ombre de sa silhouette naturellement lascive le captivait.
Kenshin avait la sensation d'être plongé dans un rêve. Il la regardait sans la regarder, les paupières mi-closes.     
        Elle se tint debout devant lui un court instant qui dure encore. Son corps de femme frémissant, semblait mêler aux chants des sirènes les hurlements des loups sous la lune. Elle lui parla en Japonais.
            _ Tu viens ? Elle est vraiment bonne.
      Il sourit ravi de ses efforts et de ses progrès, mais il répondit en anglais, pour être sur qu'elle comprenne.
            _ Laisse-moi encore deux minutes, je suis si bien ici.
            Elle était à sa hauteur. Debout près de lui, tout sourire, ruisselante et nue, sans montrer la moindre gêne. Elle était totalement libre. Elle assumait totalement son corps.
            _ Moi aussi, je suis bien. Nous sommes nulle part sur terre. Mais rien d'autre ne compte, à par nous deux, avoua-t-elle.
            La soirée était chaude.
            Elle vint s'allonger à côté de lui, faisant peser sur ses habits avec mollesse, le contact de sa peau mouillée. Il ressentit avec délice cette fraicheur, la pression de son corps, l'humidité qui pénétrait ses tissus, sa moiteur envahissante qui le grisa. Il lui saisit la tête de sa main et l'amena avec une douceur toute retenue, se délectant à chaque instant de cette tension du désir qu'il ressentait dans chacune de ses fibres. Le plaisir de s'embrasser entre eux montait graduellement. Mais la lente approche de ses lèvres l'excita au plus haut point, emportant tout son corps dans la magie de ces secondes envoûtantes.
        Elle ne résista pas, ravie qu'il se soit enfin décidé. Elle entra avec lui en communion avec l'univers, quand les contours pulpeux de leurs bouches entrèrent en contact. Ils s'électrisèrent d'une décharge organique intense. Leurs langues se délièrent, provoquant un embrasement intérieur : sérotonine, dopamine, endorphine et ocytocine. Le chant de leurs hormones se mêlaient dans une symphonie du bien-être et de l'amour.
        Tout la vie autour s'estompa, le monde se retrouva suspendu à la commissure de leur lèvres. Un instant de plénitude, un instant d'infini dans le bourdonnement invisible et lointain d'une soirée à la plage. Le bruissement des vagues, l'air du large, l'immensité de la mer les apaisaient. Leurs coeurs étaient entrés en communion, leurs âmes s'unirent dans l'au-delà. Ils goûtèrent au plaisir du baiser comme à celui d'un aveu voluptueux qui d'un coup soulage. Leur amour naissant les enveloppa dans l'oubli de leur finitude jusqu'à les plonger tout simplement dans le plus grand des bonheurs.
 
            A cet instant chacun enfouissait au plus profond de lui-même ses pensées sur le lendemain, le retour à Paris de Julie, l'impossibilité pour Kenshin de l'accompagner, les océans, les continents, leur vie respective, et les minimum 14h d'avion qui allaient désormais les séparer.
 
[WV]



Un très bel extrait... Voilà qui promet!

Merci j'ai éprouvé le besoin de le publier, cela me permet de prendre du recul sur l'écrit.

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