Tout juste née, la calme nuit d’été
remue des rêves dont nul ne sait rien.
Dans les eaux du lac, reflété,
un ciel crépusculaire
à la pâleur sans fin.
Le firmament blanchit.
Lointainement
l’engoulevent
solitaire entonne sa triste et morne mélodie.
Chétif à jamais, sa taille l’empêche
d’atteindre un jour à la lumière.
Ses ailes, sombres et rêches
et comme lestées de boue,
l’enchaînent à la terre.
Deux ailes, pour son malheur,
inaptes à planer
bonnes à traîner
au-dessus de la glèbe dont elles portent les couleurs.
Mais le plus blanc des cygnes au blanc plumage,
qui glisse et parade dans le matin clair
en son royal équipage,
de l’oiseau de nuit ignore
l’ardente prière.
Nul n’a de penchant si pur
que l’engoulevent
pour le grand élan
vers le toujours désirable, inatteignable azur.
[Troisième poème du recueil Moln/Nuages (1922), traduit par Leo Dhayer.]
Le blog de Leo Dhayer :
https://loursdanseur.redux.online/