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Wei

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#383794 Les amours lunaires

Posté par Wei - 22 novembre 2020 - 11:50

Laids maux, j’émaille.

Ce matin je drague le fond et la ferraille.

J’ai mal aux mots

Quand le convoi humain déraille.

Enfanter des rets, serrer les mailles.

Tout à refaire, vomir le bétail.

Charbon dans le gosier, salaire d’usine dans les entrailles.

De cause toujours en effet de serre

Où sont les fées

Qui dilueront le smog ?

Je me réveille à l’endroit

Où ma poitrine se serre.

On a beau serrer les rangs et l’étau, misère

Profil bas, chameaux

Les grands oiseaux désertent l’éther.

Devant le verrou je vois rond,

Véran, verrue, véreux

Vers eux… les embouchures,

Les embarquements pour Cythère.

Qu’attendre ? Un nouvel an ?

Une embellie, quelques oboles, une embolie pulmonaire?

Rouler fast _ plus de grand froid ni de famine

Foncer tout droit vers le Mur de Farine.

En bolide on craque la bulle

Pas blindé pour un sou de cochon

J’émaille, je vomis le fer et les mots du siècle.

D’abord des  montagnes de somnifères

Puis le chant rauque des bulldozers

Je trouve plus un bout de gazon

où scruter les fées

le moindre carré de terre à l’endroit

où naissent les mammifères.

 

 




#381510 L'arche éperdue

Posté par Wei - 26 août 2020 - 07:25

Quelle élégance, quelle force...

Et en même temps, que d'humilité, et de délicatesse.

Une atmosphère si convaincante... Un abîme d'interrogations sur la vocation du poète...

Je ne suis pas habitué à lire de si bons vers.

Pour le moment je reste sans voix. Merci pour ce partage.




#381400 terrasses ruisselantes

Posté par Wei - 21 août 2020 - 10:46

Si tu prêtes l'oreille, même les pierres te parleront.

Nous sommes des magiciens, 

et nos pouvoirs s'étendent jusqu'au bout de la nuit.




#381337 rond d'heure

Posté par Wei - 18 août 2020 - 01:06

Je fraie ma propre route

Le reste n'est qu'égarement.

 

Deux ailes flanquées sur les hanches,

je danse dans l'air pur, au contact des montagnes proches.

 

Fraîcheur matinale, rosée cristalline.

Un majestueux bouquet s'élève de la terre, et vient saluer mes narines.

 

Minuscule caillou, brin d'herbe, je te vois enfin.

Le matin silencieux me dévoile sa perle de nacre.

 

Enchantement.

Sphères parfaites, improbable mer de diamants.

 

Et quand je crois avoir découvert le miracle entre tous _

le soleil bondit par-dessus les crêtes.

 

Je ferme les yeux non parce qu'il m'aveugle,

mais parce que ma joie est trop grande.

 

Tant de douceur.

Soleil et eau, comme des faisceaux qui m'inondent.

 

Mon coeur est rond comme les astres.

L'Esprit-du-monde une cascade, une chevelure blonde.

 

Mes paupières se referment, je pose la plume.

Frôlements imperceptibles.




#321583 InterSuper

Posté par Wei - 03 juillet 2016 - 05:07

Moi, moi, moi. Donnez-moi, moi, moi. Je veux, je veux, je veux. Je veux polluer la planète, je veux que la moitié du globe crève de faim. Je veux exterminer les espèces animales les unes après les autres. Moi, moi, moi ;  moi, moi, moi. Je veux la sécurité absolue, le risque zéro de malheur, et je suis prêt à payer très cher pour les avoir. Donnez-moi, donnez-moi ; donnez-la-moi tout de suite, nom d’un chien, cette pilule qui fait arrêter de réfléchir. Je veux que les autres meurent autour de moi dans des souffrances atroces tandis que je vis dans le plus grand confort. Oh, s’il vous plaît, je vous en prie, bombardez-moi de publicités ineptes. Vendez-moi des appareils et des gadgets tous plus cons les uns que les autres et, surtout, en les fabriquant, réduisez s’il vous plaît leur durée de vie, afin que j’aie une bonne raison de retourner au plus vite au supermarché. Moi, moi, moi. Construisez, je vous en supplie, de nouveaux centres commerciaux tout propres, tout reluisants,  gardés par des vigiles; bâtissez des « malls » géants en plein cœur des centres-villes, afin que je puisse dépenser mon argent, tout mon argent, pour pouvoir en gagner encore, et donner un sens à ma vie. Oh merci, merci. Mille fois merci d’avoir construit une Fnac pas loin de chez moi, et un grand Intermarché, où nous pouvons tous aller, en même temps, le samedi. Quand je ne sais pas quoi faire, et que je sens que la vie manque de sens, je peux aller dans les centres commerciaux, oublier tout ça, et découvrir de nouveaux produits adaptés à mes besoins. 




#312209 Le poinçon d'Arthur

Posté par Wei - 09 décembre 2015 - 07:42

Bleues nageoires du matin,

Resplendissants jardins du commencement.

Quels que fussent les chemins sur lesquels j’usais mes souliers,

La vérité se dérobait continuellement.

Avide, j’étreignais les feuilles des arbres par milliers

Je hissais le drapeau de la folie et du paysage.

Je m’invitais tout seul au grand festin de la métaphore.

Peintures ineffables, chevauchées à la lisière du Mot,

Rêveries au seuil du sublime.

Ce ne sont pas des miroirs qui flanquent les murs du palais,

Ce sont des portes. J’ai suivi l’oiseau, j’ai trahi son secret.

Je me suis dissous avec lui dans la grande image.




#311881 Le roman de la matière

Posté par Wei - 01 décembre 2015 - 09:06

D’aucuns ont vu le sourire des anges

Dans un battement d’ailes, dans l’herbe émeraude,

Dans l’ombre mouvante d’un nuage…

Nous continuerons de croire…à leur existence.

Ah, les anges !

Qu’ils nous prêtent donc leurs ailes.

Voler à la nuit

Quelques gouttes de ce feu génial.

Là-bas sur les mers sans témoignage

Brûlures indélébiles, bavures du soleil.

Sans cette flamme sur le bord des lèvres…

Avancez mes fils,

Cette chaleur ne doit pas se perdre.




#309698 DVD

Posté par Wei - 15 octobre 2015 - 08:45

C’est le doux visage du rien qui me fascine,

Au-delà de toutes mes promenades.

Quand la route se brise, quand le temps se disloque,

Quand le paysage surgit du néant primordial,

C’est là, enfin, que je vois les mains de Dieu.

 

J’arrive à cet amphithéâtre de pierre,

Désert, planté au beau milieu de la jungle…

Tous mes souvenirs s’évanouissent.

Je n’ai plus de passé, j'ignore que le futur existe.

Mon regard est vierge.

Il faut pouvoir atteindre le vide, le vrai,

L’éternelle transparence,

Pour sentir l’haleine de Dieu.

Une fraction de seconde seulement !

Derrière le rideau de la tristesse.

Derrière la beauté des choses.




#309241 Passe temps

Posté par Wei - 09 octobre 2015 - 11:34

L’un fait du pain, l’autre construit des maisons…

Moi je ne fais rien qui serve à quelque chose.

Je crée des poches de vide.

Je perce des trous dans le mur de l’existence.

 




#308832 trains de vie

Posté par Wei - 02 octobre 2015 - 09:35

J'y parle de trains, de nuits qui étincellent comme des étoiles, 

De traînées de mots et de silence, d'essences fugitives et de fragments de tissu céleste.

Sans la lumière, rien de ce monde n’existerait.

Et c’est pour cela que les mourants sont effrayés par la nuit qui les tire à elle.

Sans la lumière personne n’ouvrirait la bouche. Les oiseaux resteraient muets comme des  tombes.

Ah! si je pouvais seulement diluer un peu de lumière dans le son de ma voix.




#297531 Parole sous vide

Posté par Wei - 02 avril 2015 - 11:20

Approche, mon ciel, je t’attendais

J’ai nourri tout ce vide en moi

Pour t’accueillir

 

J’ai pris la plume pour échapper à moi-même.

J’ai fui ma maison, mes idées, tout catéchisme

Je voulais flotter en chair et en os dans un poème de couleurs

 

Tout ce qui n’est pas toi, je l’ai pris en horreur

Ô mon ciel, viens, entre, sature l’espace du langage

 

Noie pour toujours les lois du mensonge

 

Ô mon toi, mon carrousel, mon toit géant

Mon océan de sel et d’amour

 

Emporte-moi, enseigne-moi le pardon

 

Je voudrais tremper là-bas,

M’ébattre dans le miroir de tes yeux

 

Toutes les nuits j’ai rêvé d’être un autre,

Un être de musique, de rêves et de couleur

 

J’ai pris la plume, j’ai pris la fuite

Lentement je m’abandonne, je m’invite dans ton royaume

 

Tes ailes je les ai peintes

Elles battent gracieusement

 

Champs d’aurore et de clarté

Même la nuit nous défend de parler

 

Plongeons, toujours plus bas et plus haut

 

Repassons, l’un après l’autre, les faux plis

Du silence et de nos prières 




#296872 Mots de ventre

Posté par Wei - 23 mars 2015 - 03:37

J’ai fermé la bouche

Et laissé monter les arbres en moi

Tout : les branches, le bois

Ça faisait presque mal, c’était bon

J’ai senti la terre rouler dans ma gorge

Mon cri tout noir est devenu naturel.

Ô rugissement, obscur et puissant !

Vacance du langage, fête des sens, noces animales.

Tout est bien quand je ferme la bouche.

C’est mon ventre, ce monstre, qui parle !

J’ai les mains chaudes et pleines de sang,

Tel un fauve mon cœur bondit pour échapper à la mort.




#294543 Le jour qui bâille

Posté par Wei - 15 février 2015 - 01:09

Ce mot sonne creux tout d’un coup.

Tous les jours je me bats pour redonner de l’épaisseur au langage.

 

Ce qui est n’est pas connaissable.

Et entre ce que je vois et ce que je dis, j’entends comme un bâillement sinistre.

 

Trop de choses qu'on ne peut dire, ni passer sous silence!      [1]

 

Le monde me fuit, je cours après lui ;

Mais cette course est un jeu, un poème ;

Je chante la distance qui nous sépare.


[1] T. Tranströmer, Baltiques




#292866 Isis-Artémis

Posté par Wei - 23 janvier 2015 - 02:38

Ici ou ailleurs, quelle importance?

C'est là qu'il faut être, près de soi.

Se faire l'oreille du monde,

Avoir le silence sur le bout des lèvres.

Au-delà des mots et de tout savoir

S'ouvre une brèche,

Et l'être se dévoile.




#284932 Là où finit mon regard

Posté par Wei - 04 novembre 2014 - 11:51

 Là où finit mon regard,

Je fais commencer le rêve.

 

Mon œil, je le suspends au ciel,

A mon cheval je donne des ailes

 

Rien n’est plus doux

Que l’eau du silence

Qui coule sur les êtres.

 

Joyau palpitant

C’est toi notre Roi.

 

Ce que les mots échouent à dire,

Le dirai-je, moi ?

 

Derrière les dunes arides du langage,

L’océan de l’être.

 

Je foule les champs bleus du ciel.

Toute cette eau à boire !

 

Courez, enfances !

Rayonnez, printemps !

Ce voyage est sans retour.