Depuis : La belle vie...

 
Je ne rêve pas de la belle vie, la vie relax, la vie appâts, la vie qui se signe et la vie qui en redit. Je rêve de la vie tantôt au plus obscur, tantôt au plus sûr de soi, la vie qui sait intensément se taire avec des milliards de mots en poche, des mots sous cloche, des mots qui sonnent et qui résonnent, des mots qui s'additionnent, somme au nombre d'or, des mots qui pleurent ou qui rient, mais des mots rares et beaux jusqu'à l'overdose. Des mots si beaux que, parfois, l'on a envie de les tricoter puis les détricoter au fil du temps, au fil de l'eau du risque et de l'opprobe. Je ne rêve pas de la belle vie mais de la vie qui sait se taire et qui s'efface face aux instants les plus violents ou les plus lents, aux instants les plus provocants; la vie qui crève de silence au sang des victimes avec des cris muets sur la langue, des cris incompris avalés avec l'absence. Une absence qui tend les bras nus lourds d'angoisse, mélasse informe de sentiments sans autre but qu'un cœur à cœur brut.
 
(dédié à une grande amie de la poésie, Renée M.)