Aller au contenu

Marcabru

Inscrit(e) : 13 juil. 2020
Hors-ligne Dernière activité : août 12 2021 11:13

#381644 Les mains blanches

Posté par Marcabru - 31 août 2020 - 10:43

LES MAINS BLANCHES

 

Douce émergence d'une nuit sans feux,
Porte-drapeau des désirs voluptueux
De mon âme abasourdie,
Cette rêverie m'effleure et me rétracte.
Ça m'agace,
Toutes ces ombres qui tournent autour de moi,
Et ne me touchent même pas !
Amers ombrages d'un sourire sculpté,
Dans des âges si loin de moi encore...
Trahison de l'espoir et de l'éternité
Et noient en moi l'éclat d'un amour à venir
Dans cet abîme si noir d'amertumes à souffrir.
 
Pourtant,
Mon cœur sans vie, maculé de sang,
Tient encore au creux de ses mains blanches !
 
mai 1989
 



#381280 Les yeux de l'amour

Posté par Marcabru - 16 août 2020 - 12:28

LES YEUX DE L'AMOUR

 

Une idole arrache sa vérité dans mes rêves.
 
Elle me regarde,
Mes yeux se tordent de bonheur.
 
Amour à vue :
Est-ce une réalité plastique ?
Une fusion évanescente ?
Je bascule vers cette fragilité
Un cristal se fige sur cette vapeur.
 
Surannés, les gestes d’amour que l’on s’invente,
Je les absorbe en cris intérieurs.
La peur bâtit les remords :
L’amour à la vue, à la mort.
A la vie ? Je me propulse
En son iris méditerranéen.
Je ne perce rien, je ne perçois rien.
 
Elle me regarde,
Mes yeux se noient dans son absence si violente.
 
Aveugle, je porte en moi cet amour crevé.
 
juillet 1993
 



#381064 L'infra

Posté par Marcabru - 09 août 2020 - 12:24

L'INFRA

 

Tristes comme un vin âpre sont ses grands yeux noirs,
Ses lèvres bleues se mutilent en un goéland
Parfait. L’évanescence de son corps fuyant
M’appelle à délier l’inconnue beauté, l’infra.
 
Elle s’offre à moi comme une rosée de printemps.
Sur la petite musique de notre amour,
L’infra soumise glisse vers moi sans détour
Pour faire et refaire les cattleyas d’antan.
 
Mon corps sur le sien, fous d’amour et de plaisir,
Baignées par la félicité de son désir
Nos larmes se renouvellent comme avant.
 
Je pétris ce jus avec mes mains de délice
C’est mon parfum mon art, sa gorge mon calice
Son sourire une ivresse un élixir d’argent.
 
novembre 1995
 



#380957 Amour des cendres

Posté par Marcabru - 07 août 2020 - 12:34

AMOUR DES CENDRES

 

Amour des cendres, meurtri dans le brouillard
Raison perdue des ivresses emportées,
L’arrière-goût du malheur persiste
Et nos larmes sont des cendres de lune.
 
Amour des lunes, ruissellement nocturne
Et solitaire de rêveries obscures,
Je m’accroche à ce passé odieux,
Emergence douloureuse de cette lune de miel.
 
Amour de miels, je m’enlise dans ce regard nacré
Sucré feutré comme sa peau entre ses os.
Et je te heurte et je te caresse sans éclat
Jusqu’à pleurer ton souffle figé par le plaisir.
 
Amour de plaisirs, amour du mal,
Je ris parfois de ce rêve, vaste ramassis de cendres.
 
août 1991
 



#380872 New york by tears

Posté par Marcabru - 03 août 2020 - 11:50

NEW YORK BY TEARS
 
Quand l’illusion artistique verse ses larmes nocturnes
Tes couleurs agitées agressent notre insipide folie
Refuge, solitude grincheuse de cet abri de lumière.
 
Cet orchestre nénuphar génère une lame,
Canicule étouffée obscurcie par les rivages
Larmes tordues, fumée, nue, pleurage,
J’erre dans la ville,
Le courant des cités coule sous mes pas.
 
Le soleil mort se jette sur l’illusion :
Un cycle menu de création et de plaisir, insane,
Traque toute flammerole effilochée.
 
juillet 1991
 



#380871 Les yeux jaunes

Posté par Marcabru - 03 août 2020 - 11:46

LES YEUX JAUNES

 

Le fuselage physique héberge un visage triste.
L’âme, plus sourde encor
Que l’aise emporte ses désirs mielleux
Vers la chambre jaune.
 
Cette ogive phallique l’effleure
Ses cris feutrés en sont le symbole absent.
Son regard alors s’envole vers le ciel ardent.
 
Elle s’ébat sur l’oxygène de ses désirs ambrés,
Plaisir et futilité fusionnent entre mes doigts.
 
août 1991
 



#380665 Afrique

Posté par Marcabru - 29 juillet 2020 - 07:27

Merci pour votre commentaire.

Je dois vous avouer que le titre ne me convainc pas non plus... Réducteur en effet... Mais j'ai écrit ce texte dans un contexte différent, en 1989.  A l'époque les images de famines étaient insoutenables. Ma sensibilité d'ado de 16 ans à l'époque en avait pris un coup. Je me suis posé la question de changer le titre en effet. Mais c'est celui que j'avais alors choisi. 

Sur le thème, j'assume en revanche, même aujourd'hui. Il y en a encore et c'est terrifiant.

 

 

Pardonnez-moi, je ne suis pas convaincu.

Je devrais sans doute me taire mais...

Autant je partage l'indignation de tous face à la souffrance décrite, et ne remets aucunement en question le sentiment que vous exprimez à juste titre, autant je doute que le thème fasse le poème.

Le titre, de plus, me met mal à l'aise. Réducteur ? L'Afrique, ce n'est pas que le désert et la famine...

L'Afrique n'existe qu'en géographie...

En espérant ne pas vous blesser par ces mots.




#380639 Afrique

Posté par Marcabru - 28 juillet 2020 - 11:55

AFRIQUE

 

I
 
Afrique, terre brûlée par le soleil, le vent et l’oubli.
Le désert avance et emporte avec lui la vie des peuples.
 
 
 
II
 
L’enfant s’accroche aux mamelles flasques de sa mère
Il tente d’y boire une goutte de lait, de force, en vain.
Elle est morte de faim depuis quelques heures
Dans sa dernière effusion d’amour,
Elle a préféré donner à son enfant
Tout ce qui lui restait de vie.
 
Un souffle court expire de la bouche desséchée de l’enfant,
Il essaie de crier,
Il sent que sa mère est morte
L’être mourant rampe à ses pieds.
 
Il veut crier, il ne peut plus.
Il ne peut émettre un son de ses lèvres meurtries.
Il veut pleurer, il ne peut plus.
Il ne peut puiser la dernière goutte d’eau pour une dernière larme.
Il va mourir sans crier, sans pleurer...
Il veut dormir.
 
Dans un éclair de désespoir,
Il invoque une puissance supérieure
L’espoir vague et soudain,
D’une évasion vers ce surnaturel,
Boire ou manger.
 
De ce réflexe, il ouvre ses paupières collées par la chaleur
De ses yeux salis de poussière il aperçoit le ciel
Et lui sourit.
Il tend ses bras hideux vers le soleil.
 
Un enfant tend ses mains vers notre étoile noire.
 
De son dernier instinct d’espoir,
Il s’effondre, épuisé, au côté de sa mère.
 
Les peuples d’Afrique se meurent.
Puissances muettes,
Un enfant est mort !
 
avril 1989
 



#380424 Le grand sablier

Posté par Marcabru - 23 juillet 2020 - 03:24

 

Si le temps

reste en prise avec le désert

comme lieu

d'insistance et de questionnement,

il semblerait 

qu'un même mouvement

tente de réunir  l'ailleurs en dedans

et l'espace extrême

ainsi articulés liens

en potlatch d'une ipséité fondamentale

au droit

du transcendantal et de l'objectivité

tout au creux

d'un présent du coeur.

 

splendeur et dénuement de l'être

au grand sablier

réinvesti

tout reprend forme

en permanence

la parole porte la différence

 

à Vous,

 

hasia

 

 

 

Bonjour,

 

Aaahhh.... "Le Grand Sablier" est une expression déjà utilisée, autant pour moi...

Le thème est plutôt universel, ou plutôt intemporel. 

 

Très intéressant de voir les différentes interprétations, merci !


Nous sommes notre propre désert: comment sortir de nous-mêmes?...

 

Chacun sa réponse. Personnellement, c'est "le plaisir". L'art, la musique, la bouffe parfois (enfin, tout ce qui flatte les sens), l'amour, les enfants etc.




#380384 Le grand sablier

Posté par Marcabru - 22 juillet 2020 - 03:41

LE GRAND SABLIER

 

Se perdre dans le temps,
C’est s’oublier dans le désert.
Enchaîné par ce désert,
Assoiffé par ce temps,
Les brefs grains de sable
Et les minuscules secondes s’amoncellent
Sous mes pas.
 
Effort inutile,
A l’horizon le temps s’enfuit,
A jamais ce sable se soulève sous mes yeux.
 
Au loin,
Les mirages furtifs s’évadent
La mort le saura-t-elle ?
 
Pour oublier c’est facile,
Il suffit de regarder avec ennui
Le grand sablier écrouler ses larmes de pierre.
 
avril 1997
 



#380349 quand nous ne serons plus

Posté par Marcabru - 22 juillet 2020 - 12:05

J'aime beaucoup ce texte.

J'y vois une émouvante et optimiste évocation de l'amour qui dure




#380232 Le regard d'une étoile

Posté par Marcabru - 18 juillet 2020 - 11:00

LE REGARD D'UNE ETOILE

 

Caressé le souffle d’un espoir,
L’absurde délicatesse de la vie,
S’écroule sur mon étoile noire.
La vie la mer de mes yeux d’or
Vie sans folie
Folie de dunes illusoires
Qui s’étendent jusqu’aux flots rebelles,
Mirage du désespoir, amer.
 
Respirer le fatal, Enlacer cette passion mystérieuse
Eclose aux portes scellées d’outre-tombe.
 
Il n’est pas mort
Mais déteste son sort,
Hais son cœur,
Pierre sans saveur.
Pourquoi s’éprendre de cette étoile ?
La seule épave à aimer ?
Aux rêves de bonheur je me range.
Etranges,
Ces rêves étoilés
Se chimérisent en un gouffre figé et glacial
D’où jaillit cette peur féroce
Qui déchire mes lèvres
Exaspère ma pauvre âme
Et étouffe mon cœur de lumière.
 
janvier 1989
 



#380161 L'infra

Posté par Marcabru - 17 juillet 2020 - 10:35

Bienvenue sur tlp. Un sonnet succulent
Très beau site, au passage.

 

Bonjour, 

Merci beaucoup pour l'encouragement.

Et merci pour le site. Beaucoup de travail il y a quelques mois en effet. J'ai essayé d'aborder ces textes sous l'angle de ce siècle, avec photos, design... Etant informaticien avec quelques connaissances web/photo/graphisme, ça aide  :)


  • gab aime ceci


#380160 Cold Turkey

Posté par Marcabru - 17 juillet 2020 - 10:28

Je vois. Je serais bien incapable de faire quelque chose d'aussi élégant (et gothico-gothique).

Pour le poème, parce qu'il serait impoli de ma part de ne parler que du flacon : c'est un sonnet symboliste de belle facture. Ce n'est pas, ou plutôt ce n'est plus, vous le comprendrez, ma tasse d'opium. Depuis bien 20 ans. Mais il y a 25 ans, je l'aurais sans doute bien kiffée, votre petite pièce, malgré, ou grâce à, qui sait, ses légères imperfections baroques. Quel malheur pour mon petit coeur de vous avoir rencontré si tard.

 

Merci pour le gothico gothique  ;)

J'ai essayé de faire un design qui colle au contenu du site écrit à la fin de mon adolescence/jeune adulte. Je ne suis pas convaincu que le gars que je suis aujourd'hui est franchement gothique, mais ma foi, adolescent, je devais l'être un peu. 

J'ai tenté de faire un site que je n'avais jamais vu, à savoir un site de présentation de poésie qui mise tout sur le design, d'un recueil bien présenté, avec photos et graphisme. J'avais même commencé à intégrer des séquences musicales sur chaque pages (musique electro, je ne sais composer que ça), des petites sequences ( du genre textures sonores) en boucle d'une minute environ sur chaque page, mais j'ai trouvé ça un peu lourd, alors j'ai laissé tombé. Puis finalement, une cinquantaine de petits morceaux électro à faire, j'ai pas le temps.

Concernant le contenu, je comprends que ce n'est pas ta tasse de thé ou d'opium, ça correspond à ce que j'ai eu dans la tête à cette époque... Et à cette époque, je n'aurais jamais osé le faire lire. Aujourd'hui avec l'anonymat du net, je me permets...

A+




#380113 L'infra

Posté par Marcabru - 16 juillet 2020 - 11:24

L'INFRA

 

Tristes comme un vin âpre sont ses grands yeux noirs,
Ses lèvres bleues se mutilent en un goéland
Parfait. L’évanescence de son corps fuyant
M’appelle à délier l’inconnue beauté, l’infra.
 
Elle s’offre à moi comme une rosée de printemps.
Sur la petite musique de notre amour,
L’infra soumise glisse vers moi sans détour
Pour faire et refaire les cattleyas d’antan.
 
Mon corps sur le sien, fous d’amour et de plaisir,
Baignées par la félicité de son désir
Nos larmes se renouvellent comme avant.
 
Je pétris ce jus avec mes mains de délice
C’est mon parfum mon art, sa gorge mon calice
Son sourire une ivresse un élixir d’argent.
 
novembre 1995